France / Deux nouvelles agressions, dont une mortelle, à la sortie des classes
Deux nouvelles agressions très violentes en trois jours, perpétrées contre des élèves à leur sortie des cours, l’une à Montpellier et l’autre, finalement mortelle, à Viry-Châtillon, dans la banlieue parisienne, sont venues illustrer la terrible dégradation de la sécurité dans les établissements scolaires et leurs environs immédiats, et confirmer le naufrage de l’Education nationale sur ce terrain-là aussi. Et, au-delà, porter atteinte, non seulement au principe de laïcité, mais à l’autorité de l’État lui-même.
Mardi, c’était la jeune Samara, âgée de 13 ans, qui était laissée pour morte devant la porte du collège Arthur-Rimbaud de Montpellier, après avoir été rouée de coups et injuriée par un groupe d’adolescents de son âge, dont au moins une autre fille, sous les yeux de sa mère impuissante. Samara n’a été sauvée de justesse que par l’arrivée d’une ambulance.
Grâce à son hospitalisation d’urgence, ses jours ne sont plus en danger – elle a même pu commencer à répondre aux questions des enquêteurs à l’hôpital – même si l’on ignore encore quelles séquelles physiques et psychiques elle est susceptible de conserver de ce lynchage, qui a provoqué l’ouverture d’une enquête judiciaire pour „tentative d’homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans“.
Une tentative dont deux faits viennent alourdir encore le symbole, politiquement. Le premier est que son collège était au courant du harcèlement et des menaces de mort dont était victime l’adolescente, tant oralement que par des messages écrits, mais qu’aucune mesure de protection ni aucune sanction contre les auteurs de ces menaces n’avaient été prises. Ses agresseurs ont cependant pu être identifiés et placés en garde à vue; l’un d’eux, un garçon de 15 ans, était déjà, selon la formule traditionnelle, „connu des services de police“.
„Mécréante“, „pute“!
En second lieu, lesdits agresseurs – qui ont notamment traité Samara, en arabe, de „mécréante“ et de „pute“ (sic) – lui reprochaient principalement de se vêtir à l’européenne, sans foulard ni voile islamique donc (dont le port est, de toute façon, interdit dans l’enceinte des écoles publiques), alors que sa famille et elle-même sont musulmanes, mais parfaitement respectueuses de la loi française, et notamment de la laïcité.
La ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a de son côté annoncé qu’une enquête administrative allait être menée sur place par des inspecteurs généraux de son administration. „Je veux tout savoir sur ce qui s’est passé durant les mois précédents ou les semaines précédentes dans l’établissement où Samara était accueillie“, a-t-elle assuré.
Mais il en faudra certainement davantage que cette tardive manifestation de curiosité ministérielle pour dissiper le profond malaise que cette nouvelle affaire, venant après la récente démission plus ou moins forcée d’un proviseur parisien lui aussi menacé de mort dans l’exercice de ses fonctions (voir Tageblatt 28 du mars), suscite tant dans la classe politique que dans l’opinion. Parmi cette dernière commence en effet à se répandre l’idée que les enfants ne sont plus en sécurité à l’école, entre les agressions, voire les attentats, les menaces et les harcèlements en tous genres.
Un adolescent lynché à mort
Mais le plus horrible restait encore à venir, avec l’annonce, hier après-midi, de la mort d’un autre adolescent, un garçon d’une quinzaine d’années qui avait été sauvagement agressé lui aussi, par au moins trois autres adolescents, au sortir de son collège des Sablons à Viry-Chatillon, près de Paris. Roué de coups mercredi soir alors qu’il rentrait chez ses parents, il devait décéder le lendemain à l’hôpital.
Sur cet autre meurtre, on manquait encore de précisions en soirée, aucune interpellation n’ayant pu avoir lieu, mais les enquêteurs espéraient pouvoir avancer rapidement. À ce stade, rien ne permettait de l’imputer à tel ou tel milieu, notamment de l’islamisme ou du trafic de drogue. La victime avait, dans son collège, l’image d’un adolescent tranquille et jovial.
Son lynchage, quelle qu’en apparaisse finalement la cause, vient en tout cas renforcer encore l’exaspération de l’opinion à l’égard de l’insécurité publique, et notamment scolaire, mais aussi de ceux qu’un grand ministre socialiste de l’Éducation nationale, Jean-Pierre Chevènement, avait eu le courage de nommer jadis les „sauvageons“. Car selon beaucoup de Français, et notamment de parents, c’est malheureusement bien d’ensauvagement de la société qu’il faut désormais parler.
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„..la terrible dégradation de la sécurité?.“ La terrible dégradation du respect et de l’intelligence des jeunes dans une société sans espoir dans laquelle les adultes leur montrent comment ça fonctionne. Grèves,casseurs,criminels…. quel gâchis.