Exposition / 22e Nuit des musées: „Un succès exceptionnel“
Samedi, sept institutions de la capitale, réunies au sein du groupement „d’stater muséeën“, ouvraient leurs portes jusqu’à 1 heure du matin pour la 22e Nuit des musées. L’initiative a suscité l’engouement.
La 22e Nuit des musées, ce samedi 14 octobre, offrait l’occasion de découvrir les expositions du moment à moindres frais et dans l’ambiance plus feutrée d’un samedi soir. Sept institutions (Musée Dräi Eechelen, Mudam, Casino Forum d’art contemporain, Luxembourg City Museum, Nationalmusée um Fëschmaart, Naturmusee et Villa Vauban) ouvraient leurs portes. La soirée était aussi jalonnée d’événements dont le plus original et le plus attirant sans doute était proposée par la chorégraphe Simone Mousset au Nationalmusée um Fëschmaart.
Simone Mousset s’est en effet offert le malin et contagieux plaisir de rejouer, en cette soirée ô combien solennelle, avec les mirages de la fierté nationale. Elle invitait le public à découvrir une interprétation exceptionnelle de pas de danse originaux – la „Dauwendanz“ (la danse du pigeon) et la „Danse des hautes jambes“ – prétendûment créés par les sœurs Bal. Claudine et Joséphine Bal sont les deux chorégraphes avec lesquelles elle avait berné tout le monde en 2017, en faisant croire qu’elle avait redécouvert ces deux sœurs – pourtant sorties de son imagination – qui formaient un chainon manquant dans l’histoire pas très riche de la danse luxembourgeoise et dont elle proposait une reconstitution de leur œuvre dans la chorégraphie „Bal“.
Les sœurs Bal de retour
L’événement avait lieu dans le cadre d’une exposition dédiée aux peintres luxembourgeois du XVIIIe siècle, qui a manifestement éveillé l’idée d’un nouveau canular. Pour ce faire, elle a convoqué le personnage cocasse du directeur du „Ballet national folklorique“ fondé par les sœurs Bal, Louis Chevalier, qui aurait spécialement interrompu une tournée internationale ce soir-là pour être présent à Luxembourg. La cause est qu’il a vu dans la situation des artistes du XVIIIe siècle de „puissantes parallèles“ avec les sœurs Bal. „Il n’est un secret pour personne que les sœurs Bal ont quitté le Luxembourg et leur Broderbour natal pour les mêmes raisons que ces artistes: loin des centres urbains et artistiques, il n’y avait pratiquement aucune possibilité de parrainage ou d’échange entre pairs, et presque aucune appréciation de leur art.“ Simone Mousset donnait à penser que l’exposition contenait une œuvre sur laquelle repose „Josiane la paysanne“, l’un des premiers ballets du Ballet national. Claudine Bal aurait été amatrice de l’„Allégorie de l’Europe“, d’Ignace Millim présentée parmi d’autres œuvres. „Lors des répétitions, elle aurait prononcé les mots ‚Cheval, je te salue‘ et ‚C’est par le balancement chevalin de nos danseurs que le monde rencontrera le Luxembourg‘“, prétendait-elle.
L’exposition „Peindre au Luxembourg au XVIIIe siècle“ était parfaite pour offrir un cadre quelque peu suranné à la performance de ballet classique qui n’en était pas moins. Le clou du spectacle était la proposition de l’hilarante danse du pigeon. Louis Chevalier aura aussi fait participer l’assistance en la séparant en deux groupes, les fleurs d’un côté, les herbes de l’autre censées être en conflit et sommées de croître ou de décroître selon l’humeur du danseur – et à la fin, tout le monde mourrait. Même si le caractère fictif n’était pas caché dans l’invitation, la spécificité de la Nuit des musées aura sans doute semé le doute dans l’esprit de nombreux spectateurs.
Le spectacle de quinze minutes de Simone Mousset, baptisé „L’art fait l’histoire“, relevait de la performance artistique, telle qu’elle est mise à l’honneur dans la très originale exposition que le Mudam consacre depuis jeudi dernier aux performances sous le nom „After Laughter Comes Tears“. A l’occasion de cette Nuit des musées, Lukás Hofmann proposait sa nouvelle performance „Long Story Short“, qui, „par une succession de tableaux évocateurs et fugaces, (…) explorait le concept insaisissable de l’authenticité, encourageant les spectateurs et spectatrices à réfléchir à la frontière mouvante entre réalité et interprétation artistique“, comme l’explique le groupement des „stater muséeën“ dans un communiqué de presse très enthousiaste au lendemain des festivités.
La 22e Nuit des musées „a connu un succès exceptionnel avec 27.033 visites enregistrées (tous les musées participants confondus) représentant une augmentation de 21,45 pour cent par rapport à l’année dernière, ce qui en fait en plus l’édition la plus fréquentée à ce jour“, pouvait-on lire dans le même document. On connaît d’ores et déjà la date de l’édition 2024: le samedi 12 octobre.
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