Européennes en France / L’extrême droite et l’abstention en pleine forme
La campagne officielle pour les élections européennes du 9 juin a été ouverte au début de cette semaine en France, dans un contexte politique qui reste difficile, c’est même un euphémisme, pour la majorité macroniste, et sur fond, au contraire, de forte poussée du populisme d’extrême droite. Mais tel n’est pas le seul regret de l’exécutif.
Pour un pouvoir qui se veut profondément pro-européen, et l’est d’ailleurs clairement pour l’essentiel, le bas niveau du nombre des électeurs ayant l’intention de se rendre aux urnes pour le prochain scrutin est en effet passablement démoralisant. Certes, les européennes précédentes ont été marquées par une abstention largement supérieure à celle que l’on relève dans les consultations nationales. Mais cette fois-ci, à en croire les sondages, le chiffre de participation pourrait ne pas dépasser 55%, voire 50, même s’il tend à augmenter un petit peu ces tout derniers jours.
Les Français qui comptent ne pas aller voter, ou qui ne sont pas du tout certains de le faire, l’expliquent par le fait qu’ils ne font pas confiance aux politiques (36%), qu’ils ne connaissent pas bien les listes et leur programme (21%), ou encore que la politique ne les intéresse pas (20%). Ces trois raisons devancent l’insatisfaction vis-à-vis de l’offre électorale („Aucune liste ne me convient“, 14%), ce qui se conçoit bien puisque ce ne sont pas moins de 38 listes, des plus résolument politiques aux plus fantaisistes, qui briguent leurs suffrages! Des suffrages dont il faudra obtenir au moins 5% pour obtenir des sièges au futur Parlement européen, barrière qui, parmi les vraies formations, pourrait, à la limite, pénaliser les Verts, en spectaculaire déclin.
Mais demeure, au-delà de cette inquiétude générale à l’égard du manque d’intérêt de beaucoup d’électeurs, la poussée qui semble désormais inexorable du Rassemblement national, dont la liste est conduite par le jeune président du parti, Jordan Bardella. Le phénomène est d’autant plus commenté que ce dernier, sans être un orateur médiocre, n’affiche tout de même pas le talent oratoire de ceux qui, avant lui, à l’extrême droite comme d’ailleurs aussi à l’extrême gauche, se sont voulus les „tribuns de la plèbe“, selon la formule de la Rome antique, comme Jean-Marie Le Pen d’un côté, Jean-Luc Mélenchon de l’autre, pour ne citer qu’eux.
Le plus récent des sondages, celui publié hier soir par BFM-TV, accordait hier à la liste Bardella quelque 34 pour cent des intentions de vote, chiffre encore jamais atteint auparavant par l’extrême droite (surtout si l’on y ajoute les six ou sept points que pourrait rafler Reconquête, la liste d’Eric Zemmour et Marion Maréchal). Même si plusieurs autres enquêtes d’opinion restent plutôt entre un et deux points au-dessous, cela signifie que le RN lepéniste se voit crédité de plus de deux fois plus de suffrages à venir que la liste „présidentielle“, conduite par Mme Valérie Hayer, qui plafonne à 15%.
L’offre (imprudente) faite à Marine Le Pen
Illustrant au passage l’erreur de casting faite par l’Elysée en choisissant comme tête de liste une eurodéputée sortante certes estimable et estimée, et dont ni l’ardeur au travail, ni la sincérité européenne, ni la probité ne sont mises en doute, mais qui – de son propre aveu, d’ailleurs – n’a aucunement un profil de leader, en débat ou en meeting. Cela dit, à défaut de pouvoir le supplanter dans les sondages, le camp macroniste aura tout fait pour installer le RN – qui se cherche de son côté à consolider ses alliances européennes, en particulier du côté italien – dans la posture de l’opposant numéro un infréquentable, voire dangereux, et donc repoussoir bienvenu.
Le premier ministre Gabriel Attal, qui n’est pas candidat, s’est ainsi prêté à un face-à-face télévisé avec Jordan Bardella, soirée dont les téléspectateurs auront surtout retenu l’impression d’assister, plutôt qu’à un salutaire choc des idées, à une confrontation de juvéniles ambitions pour plus tard. Quant au chef de l’Etat, il a proposé à Marine Le Pen de faire la même chose, escomptant sans doute un nouvel „effet présidentiel“ qui n’avait pas peu contribué à ses victoires de 2017 puis 2022. Moyennant quoi il s’est au contraire piégé lui-même, offrant à la fondatrice du RN l’occasion de lui répondre qu’elle se prêterait volontiers à l’exercice, à condition que M. Macron, puisqu’il tient à s’engager dans cette campagne européenne, tire les conséquences d’un échec de ses troupes au soir du scrutin, en démissionnant, ou au moins en dissolvant l’Assemblée nationale.
Battues, lesdites troupes pourraient même l’être, quoique cela soit moins absolument évident, par celles conduites par Raphaël Glucksmann, essentiellement celles du PS même si leur brillant chef de file joue aussi, très largement, la carte personnelle, et aura été la révélation de cette campagne européenne 2024. Si sa percée, réalisée au grand dam des derniers fidèles de l’alliance avec La France Insoumise de Mélenchon, finissait par lui permettre de dépasser la liste Hayer, qu’il talonne pour l’instant, ce serait évidemment un terrible coup supplémentaire pour la Macronie. Un coup que de son côté, il est vrai, avec tout juste 8,5% des intentions de vote, le camp des Républicains, conduit par François-Xavier Bellamy, ne saurait ambitionner de lui porter.
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