Mosaik Kultur Inklusiv / Un réseau pour davantage d’inclusion
Nouveau né, le réseau Mosaik Kultur Inklusiv rassemble institutions culturelles, associations et artistes professionnels, pour encourager la diversité des publics, des artistes et des thèmes abordés sur scène. Mais aussi pour supprimer les barrières dans les lieux culturels comme dans les têtes.
„L’art ne rend pas égaux, mais permet l’individualité et la singularité. C’est ce pour quoi nous nous engageons.“ C’est ainsi que s’achève le texte de présentation publié dans la brochure d’information du réseau Mosaik Kultur Inklusiv, lancé jeudi dernier à Mersch. Depuis 15 ans, la Kulturhaus de cette ville s’attache à intégrer dans sa programmation des spectacles accessibles aux personnes à besoins spécifiques, non seulement dans le public, mais aussi sur scène. Assistante à la direction et responsable des projets inclusifs, Peggy Kind rechigne à dire qu’il s’agit là d’un travail de pionnier. Mais c’est en tout cas un modèle à suivre. Et c’est une nouvelle étape que le Mierscher Kulturhaus a initiée en lançant ce jeudi 9 février un premier réseau fédérant institutions culturelles, artistes et associations réunis, pour donner plus de place à l’inclusion dans la culture.
Des artistes à professionnaliser
C’est un pas en avant, mais c’est aussi le début d’un vaste chantier. „Il y a plusieurs objectifs, à commencer par le fait que les artistes en situation de handicap puissent travailler en tant que professionnels dans les productions culturelles“, explique Peggy Kind. La création du réseau est l’occasion pour le Centre de loisirs de Coopérations à Wiltz de créer une „inklusive Künstleragentur“, pour mettre en réseau les artistes à besoins spécifiques, lesquels livrent des travaux professionnels ou semi-professionnels, dans l’art, la danse, le théâtre et les producteurs, galeries, régisseurs, qui veulent travailler avec des artistes à besoins spécifiques.
L’agence veut aussi être un intermédiaire pour le travail des artistes en s’assurant qu’ils soient libérés par l’institution quand ils vont exercer leur activité artistique et qu’ils puissent aussi être emmenés. Cette professionnalisation doit aller de pair avec une thématisation plus fréquente du handicap. C’est pourquoi le Mierscher Kulturhaus accueille ainsi une pièce avec un jeune qui a un handicap („Irreparabel“ les 2 et 3 mars). „C’est une question de visibilité et de représentativité. Ça fait partie de nos sociétés et on ne le voit jamais sur scène. Il faut que cela devienne un objet sur scène, explicitement abordé“, observe Peggy Kind.
Créée pour améliorer les conditions de travail des artistes, l’Association luxembourgeoise des professionnels du spectacle vivant (Aspro) a aussi développé un groupe „inclusion“, pour soutenir les artistes à besoins spécifiques à trouver la voie de la professionnalisation et les y encourager, mais aussi pour encourager et sensibiliser ses membres qui n’ont encore jamais travaillé dans un projet inclusif, pour leur faire réaliser que „c’est une chose importante pour notre société, mais aussi très enrichissant pour les artistes“, estime Dagmar Weitze. L’Aspro organise ainsi une série d’ateliers et de discussions sur le thème aux mois d’avril et de mai. Un forum public sur le sujet sera aussi organisé à la Mierscher Kulturhaus le 25 avril.
Le temps est une donnée majeure du sujet. Une production avec des personnes en situation de handicap en prend davantage qu’une production classique, ce qui la rend d’ailleurs plus chère et oblige à des arbitrages douloureux, faute de budget façonné pour prendre en compte cette spécificité. Pour les artistes, également, le temps est une denrée précieuse, il faut accepter une production moins rapide. La chorégraphe et danseuse, Annick Pütz qui présentera le 30 avril, à Mersch, un nouveau spectacle créé avec le danseur Giovanni Zazzerra, les danseurs du Tanzlabor et de la fondation Kräizbierg, peut attester en tout cas de l’intérêt artistique de la démarche: „Pour moi, faire de l’art, cela signifie aussi se pencher sur ses propres représentations. Peut-être sont elles limitées et je me demande comment les renouveler“, dit-elle. „Il faut pour cela chercher et peu à peu trouver une forme.“
Une autre forme d’accueil
L’intention du réseau porte aussi sur plusieurs autres points tout aussi importants concernant l’accessibilité. Il est question d’assurer l’accessibilité des lieux, mais aussi de s’assurer de la diversité du public, en améliorant l’accessibilité des représentations. Il faut par exemple que les personnes qui n’entendent pas aient une traduction en langue des signes, de mettre une audio description pour les gens qui ne voient pas où un dispositif technique pour les gens qui ont un implant puissent entendre.
C’est aussi la culture de l’accueil qui est à adapter. Pour les gens en situation de handicap, aller dans un endroit qu’ils ne connaissent pas constitue „un stress énorme“, explique Peggy Kind. Ils ne savent pas s’il y aura des escaliers, s’ils vont trouver les toilettes, s’ils pourront sortir en cas de besoin ou si on va les aider à trouver leur place. La Kulturhaus de Mersch connaît la parade. „Nous avons formé notre personnel pour offrir un accueil adapté, pour dire aux gens que nous sommes là pour les encadrer, qu’ils n’hésitent pas et que leur place est au théâtre comme elle est une place pour tous les autres.“
Nous avons formé notre personnel pour offrir un accueil adapté, pour dire aux personnes en situation de handicap que nous sommes là pour les encadrer, qu’ils n’hésitent pas, que leur place est au théâtre comme elle est une place pour tous les autresresponsable des projets d’inclusion à la Mierscher Kulturhaus
Le Kinneksbond à Mamer accueille, les 24 et 25 mars, Clément et Guillaume Papachristou, deux jumeaux, l’un ayant infirme moteur cérébral, l’autre acteur, pour un spectacle, qui offre une plongée dans la réalité physique et sociale des personnes à handicap, et un atelier. Les extraits du spectacle sont émouvants et transmettent des émotions qui nous semblent d’autant plus uniques qu’on n’y est pas habitué. Réflexion qui donne à Peggy Kind l’occasion d’enfoncer le clou: „Les gens vivent dans des structures. Ils sont loin du quotidien. Ils viennent peu dans les théâtres. Nous voulons qu’il y ait une visibilité pour qu’on les voie comme des personnes. Si on peut avoir un certain malaise, c’est parce qu’on ne sait pas comment aborder le handicap. Il faut enlever ce malaise. Nous sommes tous des êtres humains. Il est important que cette humanité soit représentée sur scène, que la diversité des êtres humains y apparaisse.“ Le réseau Mosaik Kultur Inklusiv est là désormais pour le rappeler.
Membres du réseau
Aspro, Coopérations, collectif Dadophonic, Elisabeth – Institut Saint-Joseph, Fondation Kräizbierg, Info-Handicap, Les théâtres de la ville, Mierscher Kulturhaus, Mudam, Trois C-L, Solidarität mit Hörgeschädigten asbl.
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