Exposition / „Beyond my eyes“ aux Rotondes : Ce que le temps nous fait
26 jeunes et moins jeunes artistes répartis en binômes proposent un dialogue intergénérationnel sur la notion d’identité.
Pour la deuxième fois, le collectif „Beyond my eyes“ invite à une exposition collective dans laquelle treize jeunes artistes confrontent leur regard avec celui d’un ou d’une de leurs ainé.e.s, autour d’un thème prédéterminé. Le thème retenu cette année, l’identité et la notion du temps, ne pouvait que parler aux plus jeunes artistes et promettre aussi des confrontations de points de vue intéressantes tant la question de l’identité a évolué d’une génération à l’autre. Il s’agissait notamment de se demander comment la construction identitaire dépend „du vécu, de la mémoire, du présent, du statu quo ou encore d’une vision future de l’individu“. C’est un dialogue entre auteurs et autrices autour d’un thème mais aussi autour du medium. D’une simple juxtaposition de deux oeuvres, à leur fusion, en passant par leur intersection, les options sont diverses et variées.
Humeurs changeantes
Assurément, l’une des expériences les plus réussies et novatrices de cette exposition est le dialogue opéré entre Jeanine Unsen, l’aînée des deux, et Claudia Pigat. La première, photographe, livre le cliché d’une jeune femme seule dans une maison vide, prise de trois quarts dos, courbée. Elle est grâcile et songeuse. Et ce qui lui passe par la tête, c’est Claudia Pigat qui l’imagine par un dessin au fusain animé qui se superpose à la photo. Les dessins, animés, sont changeants comme l’identité, soumise aux influences intérieures et extérieures. La photo, elle, n’évolue pas. Il faut vraisemblablement y voir les divergences de vue des deux artistes sur le thème de l’identité.
„Pour Claudia Pigat la notion d’identité est une variable transmutable, un processus en constante évolution face au passage du temps“, explique le dossier de médiation de l’exposition. Au contraire, pour Jeannine Unsen, „le concept d’identité est plutôt une notion innée, ancré en chaque être dès sa naissance, voire sa conception“.
Annuaire funeste
Fanny Omes et Milo Hatfield s’attaquent à l’art et donc au thème de l’expositon par les objets. Fanny Omes utilise des vieux documents de familles. Elle expose des photos de famille en partie voilées de papiers d’emballage ou de protection, comme pour signifier l’importance des liens familiaux. On peut y voir aussi un signe de distance infranchissable, signifiée également dans l’opposition entre différentes matières d’exposition. Des lettres sont enfermées dans des boites en plexiglas, comme si leur lecture ne pouvait plus rien nous apprendre. A moins que ce soit une manière de les universaliser puisque l’artiste veut faire de ses propres artéfacts familiaux „des représentations universellement résonnantes du concept de famille“. Son binôme Milo Hatfield a pour sa part composé un livre inédit, celui des morts de l’année précédente, reprenant l’idée d’un annuaire. C’est un improbable „Service mémoire et consolation“ du gouvernement qui aurait édité ce livre dans lesquelles les annonces mortuaires reprises des journaux sont rangées par ordre alphabétique. Le désir de sauvegarder les vies et la négation de l’individu par la standardisation des annonces s’y entrechoquent. C’est dire si l’identité est un terrain que l’on peut arpenter de différentes manières.
Les 13 binômes réunis dans le cadre de l’exposition „Beyond my eyes“ exposent leurs oeuvres jusqu’au 14 avril 2024. Du jeudi au samedi de 15.00 à 18.00 h et le dimanche de 11.00 à 18.00 h.
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MfG
Robert Hottua