Trois ans après / Simone Mousset rouvre le Bal
Accompagnée de Lewys Holt cette fois, Simone Mousset prépare un retour théatral sur son oeuvre présentée en 2017 qui faisait croire à l’existence passée de deux danseuses luxembourgeoises au succès planétaire oublié. Elle y aborde les sentiments universels de fierté puis de déception que „Bal“ avait alors provoqués.
En 2017, à la faveur d’une résidence au Mierscher Kulturhaus, Simone Mousset montait „Bal“, un spectacle de deux danseuses et un musicien, vaste entreprise de documentation et de reconstitution de l’oeuvre des deux soeurs Bal nées dans les années 20, que la chorégraphe prétendait ainsi tirer d’un oubli troublant. L’histoire rocambolesque et le succès international du ballet national folklorique du Luxembourg que les deux soeurs auraient créé avaient épaté le public et éveillé une fierté nouvelle de voir le passé culturel du pays s’étoffer subitement d’une telle trouvaille.
Mais tout cela n’était que supercherie. Simone Mousset avait attendu la fin des deux premières représentations pour dévoiler la supercherie et son intention de mettre en garde contre l’aveuglement et la manipulation à laquelle la fierté nationale, dans la quête d’un passé brillant, peut conduire.
„J’étais très surprise que c’était reçu comme une histoire réelle. Tout s’est passé plus rapidement que je n’étais capable de le comprendre“, dit-elle aujourd’hui avec le recul. Il y aura eu à la fin que trois représentations de „Bal“. Et lorsque le théâtre d’Esch lui a proposé de reprendre la pièce, elle s’est dit qu’il manquerait le sel des premières représentations, quand le public pensait assister à un brillant essai de reconstitution. C’était „une expérience liée à un moment précis“.
De surcroît, dans „Bal“, la chorégraphie, mariant la danse contemporaine et la danse folklorique, n’avait été que secondaire, plus par contrainte de temps, que par manque d’intérêt d’une recherche de ce qu’aurait pu être une chorégraphie luxembourgeoise des années 60 qui reste à poursuivre.
Pride and disappointment
Simone Mousset a préféré proposer de prolonger la réflexion et de la sortir du cadre strictement luxembourgeois, pour en extraire ce que cette histoire contient d’universel. Elle a embarqué le danseur Lewys Holt, qu’elle avait dirigé en 2018 dans „The Passion of Andrea 2“, pour apporter un regard extérieur et non luxembourgeois sur cette expérience.
Depuis trois semaines, ils réfléchissent à une nouvelle pièce qui tournera autour des sentiments de déception et de fierté que „Bal“ a produits en série. „En parlant avec des amis et des collègues, j’ai le sentiment que les gens semblaient contents que nous avions trouvé cette histoire. Des gens se sentaient énergisés et remplis d’espoir. Alors, il y a eu un peu de déception qu’après tout, cette histoire n’était pas vraie.“
Dans ce qu’ils conçoivent comme une „conversation“, les deux co-créateurs entendent tourner autour des sujets forts et très contemporains que sont le nationalisme et le populisme. Ils réfléchissent à cet étrange désir d’être fier de sa nation et à toutes les raisons qu’il y a d’en être déçu. IIs entendent éclairer „la manière dont ce sentiment de fierté est alimenté pour en faire une arme politique et appliquer un agenda politique“, explique Simone Mousset. „La fierté nationale est utilisée pour attirer les gens, développer un soft power ou le pouvoir culturel“, surenchérit Lewys Holt.
Le propos sera fictionnel et aura pour cadre un pays idéal aux dimensions de la scène, qui pourrait avoir quelques ressemblances avec des pays existants. „Je pense qu’une chose est claire, est que ce pays aura beaucoup de vaches, sera épargné par les tempêtes niées par les leaders du pays“, s’amuse le danseur. Les spectateurs seront conviés à faire le tour de ce pays de Cocagne, saturé de chevaux et de vaches, des animaux vus comme des symboles de fierté pour les premiers et de la déception pour les secondes. L’approche sera plutôt explicative et théâtrale. „Mais nous sommes tous deux désireux d’inclure des éléments chorégraphiques“, conclut Lewys Holt.
Infos
„Bal: Pride and Disappointment“. Première répétition publique le dimanche 4 octobre à 16.00 h au théâtre d’Esch. Entrée libre sur réservation (https://theatre.esch.lu/).
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