Photographie / Séverine Bauer: „Il y a le reflet du photographe dans le portrait“
Enseignante en art dans un lycée de la capitale, Séverine Bauer fait le grand saut dans le monde artistique en exposant quatorze de ses clichés dans l’espace public à Metz. Femmes et nature en sortent magnifiées.
Si l’affirmation de Simone de Beauvoir selon laquelle on ne peut être mère et créatrice, a souvent été démentie par des contre-exemples criants, il n’empêche que la maternité est un frein au développement artistique de nombreuses femmes. C’est par la conciliation du travail et de la famille que Séverine Bauer explique pourquoi il lui aura fallu attendre 2023 pour connaître une première exposition de ses travaux, tandis qu’elle avait achevé ses études artistiques en 2004. Certes, le travail d’enseignante en art au Lycée Aline Mayrisch lui apportait déjà des satisfactions en la matière. Et il a fallu qu’elle soit renversée par une voiture – avec plus de peur que de mal – en 2021 dans la Grèce qu’elle chérit tant, pour qu’elle décide de se consacrer sérieusement, durant son temps libre, à son medium de prédilection qu’est la photographie.
D’Athènes à Metz
Elle a choisi le portrait, et le portrait de femmes en particulier, pour la beauté et le mystère dont ces dernières sont parées. Elle aime pour cela mettre à l’aise ses modèles, les saisir dans le mode le plus naturel qu’il soit, avec leurs propres vêtements, sans passer par le maquillage. „Je respecte beaucoup la personne, j’intègre quelque chose d’elle-même“, dit-elle au sujet de sa démarche. „Je m’attache à ce que les femmes se sentent aimées et belles, en quintessence bien dans leur peau“, lit-on sur le panneau qui accueille les visiteurs des jardins Jean-Marie Pelt, situés à quelques encablures du Centre Pompidou, où elle expose en cette rentrée.
Descendante d’une famille de maîtres verriers de Mondorf, Séverine Bauer pense prolonger une tradition familiale dans sa pratique de la photographie, marquée entre autres par le goût pour les jeux d’ombres et de lumière. „La lumière qui traverse les vitraux, le reflet de la lumière dans un lieu, on peut les retrouver dans mes photos“, constate-t-elle.
En 2023, un tout jeune festival international grec de la photographie, le „Photosynthesis“ à Athènes, a retenu un de ses portraits de femme d’une série intitulée „Daydream“. Mais en cette rentrée 2024, elle franchit un nouveau cap, en exposant quatorze photos dans les jardins Jean-Marie Pelt de Metz. C’est le fruit d’une masterclass d’une année organisée par le Photo-Forum de Metz avec le photographe Charles Collongues, sur le thème „Prose et poésie, un entre-deux esthétique“. Séverine Bauer propose plusieurs diptyques, des photos de modèle dont elle s’est fait une spécialité aux côtés de détails de la nature qui donne le cadre à ses portraits.
C’est en Grèce qu’elle a façonné son travail. „Je m’inspire beaucoup des lieux dans lesquels je prends les photos de portraits, je cherche des moments, des reflets, pour mettre en parallèle le modèle et la matière, pour donner un côté tactile et un côté sensible aux portraits, donner envie de toucher le modèle“, explique-t-elle. Elle a intitulé son exposition „Le miroir du monde“, pour dire aussi bien le mystère des femmes qu’elle essaie de capter avec son appareil, que sa présence dans les photos qu’elle prend. Elle détaille: „Le portrait des autres est aussi une image de soi-même. Il y a le reflet du photographe dans le portrait.“
Accessible en tous temps jusqu’au 22 novembre 2024, aux jardins Jean-Marie Pelt, parc de la Seille à Metz
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