CeCil’s Box / „Moth“: L’effet papillon de Nika Schmitt
Bricoleuse d’installations cinétiques et souvent sonores, Nika Schmitt est de retour au Luxembourg avec „Moth“, exposée dans la CeCil’s Box à Luxembourg. Une création qui marque une pause dans un parcours mené tambour battant ces derniers temps.
Les machines créées par Nika Schmitt aspirent à l’autonomie, avec plus ou moins de réussite. Elles déterminent elles-mêmes leurs mouvements, aspirant à l’infini pour certaines, se sabordant pour d’autres. Toutes ont un nom et poursuivent chacune leur vie, en se redéployant dans de nouveaux espaces d’exposition. Sa dernière intervention au Luxembourg durant l’hiver 2022-2023, l’installation „Sweet Zenith“ aux Rotondes, avait été montrée ensuite à Rotterdam en avril 2023 et a repris du service en mai dernier à Braunschweig.
Depuis ce dernier passage au Luxembourg, l’activité de Nika Schmitt s’est quelque peu emballée. Durant l’été 2023, elle expérimentait dans le réservoir d’eau de Prenzlauer Berg à Berlin, une installation tendant à l’auto-suffisance énergétique („Umwandler“) qui fut réactivée à la fin du mois dernier à Tilburg. À l’époque, elle s’intéressait aux installations sonores auto-destructrices et avait créé „Harm“, un système de quatre scies électro-mécaniques qui peu à peu coupent leur propre source d’énergie. L’installation, inspirée de l’expression „couper la branche sur laquelle on est assise“, a été montrée en avril 2023 à Zwolle (Pays-Bas) et en janvier 2024 à la galerie Frappant à Hambourg.
Durant une résidence de quatre mois à New York, à l’automne 2023, à la faveur du prix „Edward Steichen Luxembourg Resident“, la native de Gonderange a, dans un même esprit, confectionné un fouet électronique qui se débranche sous l’effet de son déchaînement. „Stromschlag“, c’est son nom, fut présenté à la galerie Fields Projects de New York en décembre 2023, aux côtés d’un marteau qui réagit au bruit („égo/égal“) et un cube de glace qui danse en fondant. L’exposition s’appelait „égo/égal“ et est devenue un livre édité par le Luxembourg Institute for Artistic Research de New York. Elle y a aussi conçu „Ton Ton“, un bras mécanique suspendu qui génère son propre mouvement à travers un fil de fer en contact avec une plate-forme en acier posée au sol – montré cet été pour les cinquante ans de la Künstlerhaus Bethanien, Berlin (DE).
Plus que du son
Son retour au pays, marqué par son passage à la Cecil’s Box, devrait être le signe d’un ralentissement. L’artiste qui vit entre Berlin et Rotterdamn doit retaper, ici, un appartement et veut se concentrer sur la rédaction de dossiers de candidature pour obtenir financements et résidences. Nika Schmitt est la 34e artiste à se prêter à ce dispositif par lequel le Cercle Cité de la ville de Luxembourg soutient, depuis 2015, la création locale en invitant des artistes émergents de la Grande Région à occuper une vitrine donnant sur la rue du Curé.
Son installation à la Cecil’s Box est une nouvelle preuve que Nika Schmitt est bien plus qu’une artiste sonore. Le son est un produit secondaire de ses installations. Dans „Moth“, il n’y en a pas. Nika Schmitt a créé une machine dont l’activité est influencée par la lumière. Il s’agit d’un bras articulé auquel est fixé une caméra endoscopique.
Nika Schmitt s’est inspirée du papillon de nuit qui tourne le dos au point lumineux le plus intense – d’où son nom „moth“ –, dans la mesure où le mouvement de la caméra est influencé par l’intensité de la lumière. Ce sont les détails de la fenêtre, la texture de la poussière et parfois les détails de la rue à l’extérieur de la vitrine que filme la caméra. Le système électromécanique „moth“ tourne comme un papillon de nuit piégé entre différents faisceaux lumineux. C’est encore une de ces installations qui semblent à première vue faire – mais ne font pas – quelque chose d’utile, comme aime à en proposer Nika Schmitt. Pour le bonheur des curieux.
Jusqu’au 5 janvier 2025, 24h/24, rue du Curé à Luxembourg
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