Danse / Une maison à la superficie inconnue: Les assises sectorielles annoncent de grands débats à venir
Les assises sectorielles qui se sont tenues hier n’ont pas levé le voile sur les futures prérogatives de la Maison de la danse. Mais les artistes ont pu formuler leurs attentes pour que la danse franchisse un nouveau cap.
Si la création d’une Maison pour la danse est acquise, sa superficie future comme la manière dont elle sera meublée restent encore des points d’interrogation. Les assisses sectorielles organisées hier n’ont pas permis d’y voir plus clair. Les deux tables rondes qui s’y sont tenues auront posé les bases des discussions qui seront menées entre artistes et institutions culturelles, dans les prochains mois et années. Le 8 novembre, la commission parlementaire compétente devrait entériner le projet d’extension de la Banannefabrik à Bonnevoie. Le parking adjacent devrait accueillir un nouveau foyer, des bureaux et une salle de spectacle avec plateau, prêts en 2028.
A conventionner
Après deux vagues d’aide à la structuration des compagnies (2020-22 et 2023-25), la question de la poursuite du soutien à celles qui ont pu de cette manière se professionnaliser se pose. Simone Mousset comme Anne-Mareike Hess, chorégraphes qui ont profité du dispositif et ont le vent en poupe au niveau international, ont évoqué l’hypothèse d’un conventionnement, d’un soutien financier plus conséquent pour permettre aux compagnies de passer un cap. Un spectacle coûte entre 100.000 et 200.000 euros et les coproductions accessibles auprès de théâtres étrangers oscillent entre 1.000 et 10.000 euros par établissement, a rappelé Simone Mousset. Les acteurs nationaux comme le Grand théâtre de Luxembourg, le théâtre d’Esch et Neimënster – qui coproduisent et ont tous trois reçu des chorégraphes comme artistes associées – jouent un rôle important, mais cela ne suffit pas. Directeur du Klap, Maison pour la danse de Marseille, le chorégraphe Michel Kelemenis a abondé dans son sens, en soulignant que les compagnies françaises peuvent réunir „beaucoup plus d’argent qu’on ne peut en rêver ici“ en raison de la diversité des subsides auxquels ils peuvent prétendre.
Pour Simone Mousset, le développement de dix à quinze compagnies d’ici trente ans, permettrait de donner des débouchés aux danseurs. Deux d’entre eux, dans le public, ont d’ailleurs souligné le manque d’opportunités, l’absence de possibilité de faire de la danse commerciale pour l’un, le manque de formations qui permettent de se développer entre les projets pour l’autre.
Anne-Mareike Hess, qui vient d’avoir 40 ans, a aussi évoqué le manque de perspective pour les chorégraphes. „Qu’y a-t-il après l’émergence?“, a-t-elle demandé. Elle a notamment souligné la nécessité d’une rotation aux postes de direction, dans une allusion à peine voilée à la longévité de Bernard Baumgarten, à la tête du 3-CL et désormais de la Maison de la danse.
De nouveaux postes
En attente de décisions stratégiques futures, la déclaration la plus forte d’Eric Thill aura été sans doute celle de vouloir voir le hiphop obtenir toute sa place dans le paysage chorégraphique. L’absence dans les tables rondes de représentants de cette danse très populaire, qui remplit les salles et redéfinit la danse contemporaine, avait été dénoncée par un danseur dans le public. En ajoutant, un peu plus tard, qu’il fallait faire de la place à toutes les tendances de la danse dans la Maison qui lui est dédiée, Eric Thill s’est posé en porte-à-faux de Bernard Baumgarten, qui disait impossible de faire de la place pour tous. Le ministre Thill a en parallèle promis de renforcer de plusieurs postes dans les prochaines années la Maison pour la danse qui compte 4,5 postes actuellement.
Eric Thill a aussi déclaré que le ministère allait réfléchir aux remontrances adressées à l’attribution des bourses par le ministère, sans transparence et avec des montants alloués plus bas qu’espérés. „Les aides n’ont jamais été aussi élevées. Nous pouvons nous assurer qu’elles arrivent aux bons endroits“, a dit le ministre. Après que la journaliste Marie-Laure Rolland a rappelé que le budget pour la danse atteignait un million d’euros, soit moins que l’investissement dans la coproduction d’un seul film et que Bernard Baumgarten a comparé la danse à la musique, avec un rayonnement international plus important – deux tiers des 400 représentations à l’étranger – et moins de moyens. En conclusion des débats, le ministre de la Culture, Eric Thill, a dit ne pas aimer ce genre de comparaisons, chaque secteur ayant ses spécificités, lui-même n’ayant pas de préférence.
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