France / Le gouvernement Bayrou marque une petite ouverture à gauche
Après une attente qui commençait à s’éterniser, la composition du gouvernement de François Bayrou – qui avait laissé entendre que le suspense prendrait fin „avant Noël“, et a donc, de justesse, tenu son pari – a été annoncée hier en toute fin d’après-midi à l’Elysée par le secrétaire général de la présidence de la République, Alexis Kohler.
La nouvelle équipe comporte, comme l’avait espéré le premier ministre, deux „prises“ d’importance à gauche: d’abord l’ancien locataire socialiste de Matignon Manuel Valls, qui sera ministre de la France d’Outre-Mer – un poste évidemment important dans le contexte du drame de Mayotte et de la crise de Nouvelle-Calédonie – et aussi l’ancien ministre ex-PS et maire de Dijon François Rebsamen, vieux routier du socialisme français, qui aura la charge de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire. Auxquels il convient d’ajouter Juliette Méadel, socialiste modérée proche de Valls, qui sera ministre de la Ville.
Cette ouverture en direction du PS a aussitôt fait fulminer, comme on pouvait s’y attendre, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Les fuites qui avaient précédé cette annonce faisaient surtout état d’une vraisemblable reconduction de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, comme il le souhaitait, et, à l’inverse, d’un double refus de deux personnalités LR qui, quoique sollicitées, avaient décliné l’offre d’un poste au gouvernement.
Laurent Wauquiez, pressenti pour les Finances, poste à haut risque dans la situation catastrophique actuelle des finances publiques, avait en effet refusé d’apparaître comme le ministre des nouveaux impôts. Eric Lombard, directeur de la caisse des Dépôts et consignations, énarque, sera quant à lui ministre des Finances et de l’Economie, poste où il sera notamment secondé par Amélie de Montchalin au Budget. Quant à Xavier Bertrand, à qui la Justice avait pourtant été promise, assurait-il hier soir avec irritation, et dont on citait également le nom pour l’Education nationale („Je ne pouvais imaginer de participer à un gouvernement composé en fonction des désirs de Mme Le Pen“, a-t-il assuré), il reste finalement en dehors du nouveau gouvernement. Et ce portefeuille échoit finalement à l’ancienne première ministre macroniste Elisabeth Borne.
Plutôt l’expérience que les „jeunes loups“
Ce qui est frappant au premier abord dans ce „casting“ gouvernemental, c’est que l’heure est décidément beaucoup plus aux 50-70 ans qu’aux „jeunes loups“ dont Emmanuel Macron avait voulu peupler ses premiers gouvernements. Après tout, c’est aussi le cas de Matignon, puisque Michel Barnier d’abord, François Bayrou ensuite, sont l’un et l’autre des septuagénaires. Comme si la prime allait désormais à l’expérience plutôt qu’à la jeunesse, à la sagesse – au moins présumée… – plutôt qu’à la fougue. Quelque part, c’est un peu la deuxième mort (probablement provisoire, certes) de Gabriel Attal.
Autre fait notable: il y aura, si l’on compte bien, au moins quatre „ministres d’Etat“, titre qui n’est pas qu’honorifique puisqu’il permet aussi à ceux qui en bénéficient de prendre des décrets de leur propre chef, sans passer par le premier ministre. Il s’agit de deux anciens premiers ministres – Emmanuel Valls à gauche et Elizabeth Borne à droite – ainsi que de l’ancien et de l’actuel titulaires du ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, désormais à la Justice, donc (mais qui ne faisait pas mystère de rêver plutôt des Affaires étrangères) et Bruno Retailleau, qui conserve son poste. Autres „restants“ dans le nouveau gouvernement: Rachida Dati à la Culture ou Sébastien Lecornu (que le président Macron avait, un temps, voulu promouvoir à Matignon) aux Armées.
Les toutes premières réactions de l’opposition à la composition du nouveau gouvernement sont, comme il est logique, hostiles. On peut en discerner principalement de trois sortes. Il y a d’abord l’accusation qui, reprenant l’amère réflexion de Xavier Bertrand citée plus haut, consiste à suggérer que la nomination des ministres aurait avant tout cherché à plaire à la fondatrice du Rassemblement national; c’est en particulier le cas du côté de LFI, qui continue à demander à cor et à cri la démission du chef de l’Etat. Il y a ensuite, du côté inverse, le reproche d’avoir, fût-ce en changeant quelques têtes, conservé la même orientation que le gouvernement Barnier. Et puis il y a ceux – d’autres, ou les mêmes – qui, dans les différentes familles des adversaires du macronisme, reprochent à ce nouveau gouvernement de continuer à tourner le dos aux enseignements des dernières élections, tant européenne que législatives.
Bref, l’avenir ne s’annonce pas particulièrement serein pour l’équipe Bayrou – mais qui pouvait vraiment espérer le contraire? Le premier conseil des ministres aura lieu après les fêtes, le 4 janvier, et la déclaration de politique générale du premier ministre sera prononcée dix jours plus tard devant les députés.
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