/ „Le fonctionnement oligarchique est une réalité“
On peut s’énerver contre les populistes de droite, les qualifier de xénophobes, d’opportunistes etc, je veux bien.
Mais en pages 4-5 du TB de ce jour, l’interview remarquable avec Sophie Weil livre quelques explications et recommandations que les politiques et journalistes pourraient retenir.
Le fonctionnement oligarchique, souvent non transparent des institutions européennes décrit par Weil est une réalité.
A titre d’exemples, la création de l’euro a été décidé à plusieurs sommets européens sans vrai débat antérieur ni légitimation par des congrès de partis au pouvoir ou par des élections mettant en avant le sujet.
Pensez-vous que les Etats-Unis, la Suisse ou encore l’Angleterre auraient abandonné leur chérie devise nationale sans consulter les électeurs? Pourtant les initiateurs Mitterrand et Kohl l’ont fait avec les autres chefs de gouvernement dans leur sillage.
Résultat: une Europe méditerranéenne désindustrialisée, surendettée et sans possibilité de réagir en dévaluant comme l’Italie le faisait pendant 30 ans. Là, on a une Italie sans croissance depuis 2008.
L’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie a également été décidée à un sommet européen sans débat ou légitimation antérieure et contre la volonté manifeste de la majorité des Européens.
Sophie Weil recommande également que les sociaux-démocrates fassent leur le renforcement de l’identité nationale. Cela ne doit pas être perçu comme anti-européen ou comme égoïsme national.
Finalement, l’immigration doit pouvoir être discutée sans tomber immédiatement dans les accusations de xénophobie.
Si une majorité des Suisses estiment qu’on ne peut pas indéfiniment accueillir 80.000 immigrés par an, soit l’équivalent de la ville de Lucerne, il y a un réalisme populaire que maints politiques fixés sur la prochaine échéance électorale ne perçoivent pas.
Il est utopique d’ajouter pendant 20 ou 30 ans chaque année une ville comme Lucerne à la Suisse. Ceux qui le disent ne sont pas xénophobes mais des réalistes qui veulent un niveau d’immigration compatible avec un cadre de vie acceptable.
Le cas de l’Angleterre n’est pas très différent. Je ne sais pas si Farage est xénophobe, mais j’étais suffisamment souvent à Londres pour savoir que la croissance de la population a ses limites. Et si on est aussi attrayant que l’Angleterre, par la langue et par le passé colonial, il faut se rendre compte qu’une politique du laisser-aller de l’immigration ne sera pas acceptée par les électeurs, ni même par ceux de gauche.
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