Interview / Avant son concert au Liquid Bar, la musicienne Chantal Kirsch révèle son rapport au jazz
Dans la musique, la voix, c’est quelque part l’âme à nu. Celle de Chantal Kirsch, de voix, ne manque pas d’âme, au sens où elle possède autant de profondeur que de personnalité. A mi-chemin entre le jazz et la nu soul, entre le rétro et l’avenir, la chanteuse, native du Luxembourg, a beau être aux prémices de son parcours, elle brille par la splendeur de son grain, ainsi que par les émotions qui y vibrent. Elle est en concert ce mardi au Liquid Bar. Rencontre.
Tageblatt: Vous avez fait partie de plusieurs groupes de jazz: d’où vient votre passion pour ce genre musical?
Chantal Kirsch: J’ai toujours aimé la nostalgie que contient le jazz. Je me souviens, quand j’étais petite, j’ai découvert Louis Armstrong et Ella Fitzgerald: ça a été une révélation. Je me suis procurée leurs disques, en plus de ceux du Velvet Underground et de Sonic Youth. Dans le champ du jazz, je connaissais les classiques tels que „What a Wonderful World“; il me restait tout un monde à découvrir – un monde géant. Petit à petit, il s’est ouvert à moi. J’écoute beaucoup de styles musicaux, mais je trouve que le jazz possède une atmosphère spéciale.
Vous avez obtenu votre baccalauréat à Maastricht et un master en chant de jazz à Sarrebruck, ce qui vous met, d’une certaine façon, dans la position d’une „artiste internationale“.
Alors que j’étais, depuis longtemps, passionnée par les arts, le dessin et l’écriture, j’ai commencé la musique assez tard: ce n’est qu’au début de la vingtaine que j’ai suivi mes premiers cours de chant, même si avant déjà, je chantais pour moi-même. Quand j’étais à l’école de musique d’Echternach, Marc Demuth et George Letellier m’ont tout de suite conseillé de faire des études. A l’époque, vu qu’on ne pouvait pas encore en faire au Luxembourg, j’ai fait des examens d’admission un peu partout. Et ça m’a ouvert les portes pour Maastricht et Sarrebruck.
Jusqu’à y faire des concerts?
Je me suis surtout concentrée sur les études. Il y avait aussi des lives, mais ce qui est super avec le Conservatoire, c’est que ça crée des connexions pour des projets.
Vous avez travaillé avec Orfeo’s Dreams, un groupe trip-hop de Bologne.
Ça a été mon premier projet musical. J’ai toujours aimé le trip-hop et, plus globalement, l’électro. Pendant mes études, j’ai essayé d’explorer diverses facettes de la musique, et ce, en incorporant, dans mes compositions, des influences de soul, de funk ou de trip-hop. En ce moment, j’ai mon groupe Maya, dans lequel je cherche à tout intégrer. Ce soir, on en jouera quelques titres.
C’est très important de pouvoir raconter des histoires. Selon moi, il faut que celles-ci soient personnelles, tout en donnant la possibilité, à n’importe qui, de s’identifier. On est un peu tous dans le même bateau.
Vous parliez de la nostalgie dans le jazz: lorsqu’elle est mixée à l’électro, cela crée un alliage intéressant entre le rétro et le moderne.
J’apprécie cette touche moderne. Il y a le jazz traditionnel, que j’adore sans l’ombre d’un doute, mais j’essaye d’interpréter les standards à ma façon, tout comme je tente d’imaginer des paroles pour des titres instrumentaux. Je joue les chansons sur un mode groovy, au lieu de faire du swing traditionnel. La musique est aussi passionnante parce qu’elle offre un grand éventail de combinaisons, dans la fusion des genres.
Qu’avez-vous envie de raconter dans vos paroles?
C’est très important de pouvoir raconter des histoires. Selon moi, il faut que celles-ci soient personnelles, tout en donnant la possibilité, à n’importe qui, de s’identifier. On est un peu tous dans le même bateau et justement, je veux trouver une connexion avec le public, à travers un texte suffisamment ouvert, pour que chacun puisse s’y retrouver.
Comment définiriez-vous une mélodie réussie?
C’est une mélodie qui accroche l’oreille de façon agréable. Comme un souvenir qui reste vif.
Peut-être que je cherche encore mon public. Ce qui est sûr, c’est que je ne serai jamais jazz-jazz, car j’ai bien trop d’amour pour d’autres styles pour ne pas m’y ouvrir.
Et une bonne chanson d’amour?
En jazz, on a plein d’histoires d’amour. Et c’est toujours un peu la même, autour de la passion dévorante ou du cœur brisé. Une bonne love song doit parler de la beauté de l’amour, ne pas se limiter à la tristesse. Et la chanson d’amour parfaite recouvre, je pense, tous les sentiments, pas uniquement le romantisme.
Il y a une scène jazz importante au Luxembourg, représentée notamment par de très jeunes musiciens, de Veda Bartringer à Mathieu Clément en passant par Daniel Migliosi. Où vous situez-vous dans cette scène?
J’ai fini mes études il y a deux-trois ans; disons que je débute. Veda Bartringer et Mathieu Clément sont un peu plus jeunes que moi. Je me situe en phase avec la scène jazz, mais aussi dans le crossover nu soul et pop. Peut-être que je cherche encore mon public. Ce qui est sûr, c’est que je ne serai jamais jazz-jazz, car j’ai bien trop d’amour pour d’autres styles pour ne pas m’y ouvrir.
C’est une façon d’enrichir le genre et d’imposer votre patte.
Le plus important dans la musique, c’est de rester honnête, authentique.
A quoi ressemblera le concert de ce soir?
Le live se déroule dans le cadre des soirées jazz du Liquid Bar, qui ont lieu le mardi. Mon concert restera jazzy, avec un mix de standards de soul et de jazz, réinterprétés avec ma touche, là encore plus moderne, ainsi qu’avec quelques-unes de mes compositions. Le fil rouge, c’est la nu soul, dans le style de Robert Glasper ou D’Angelo. J’adore ce monde du jazz contemporain influencé par d’autres genres. C’est le mien.
Chantal Kirsch en concert
Ce mardi 15 octobre à partir de 20.30 h au Liquid Bar (15-17, rue Münster, L-2160 Luxembourg).
Plus d’informations sur l’artiste: chantalmayamusic.com.
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