France / Barnier à l’Assemblée: seuls augmenteront les impôts des plus gros contribuables
Le premier ministre Michel Barnier a prononcé hier après-midi, sur un ton serein et durant environ une heure et demie, sa „déclaration de politique générale“ à l’Assemblée nationale. Certains députés de gauche brandissaient, en signe de protestation contre sa nomination à Matignon, leur carte d’électeur, et ont à plusieurs reprises chahuté son intervention et invectivé le chef du gouvernement.
Ouvrant son discours, celui-ci a dit avoir „conscience de la gravité et de l’importance de ce moment pour notre action commune au service du pays et pour les Français“, citant, parmi ces derniers dont la vie quotidienne devient de plus en plus difficile, „les policiers, les gendarmes, les pompiers, les militaires qui assurent notre sécurité dans des conditions toujours plus dangereuses“. De même pour „les aides-soignantes, les infirmières, les médecins qui ont toujours moins de temps pour soigner toujours plus de patients“. Et encore „les professeurs, les éducateurs qui font tant d’efforts pour transmettre à nos jeunes le goût d’apprendre et l’esprit de citoyenneté pour les personnes en situation de handicap“.
A propos de la situation budgétaire de la France – le nouveau projet de loi de finances devant être présenté d’ici deux semaines – le gouvernement, a-t-il été indiqué, devra „faire beaucoup avec peu“. Et pour ce faire, il jouera à la fois, a-t-il dit, sur la réduction des dépenses, qui comptera pour les deux tiers de l’effort global, et sur une contribution exceptionnelle des contribuables les plus fortunés.
En outre, „une participation au redressement sera demandée aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants“. Pour 2025, a ajouté Michel Barnier, le déficit devra être réduit à 5% pour 2025, sachant que le chiffre de 6% aura été atteint cette année, et à 3% en 2029. Mais le premier ministre a aussi pris soin de souligner: „Nous avons en fait une double dette, financière et écologique.“ Quant au SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance), il sera revalorisé de 2% dès le 1er novembre de cette année, a annoncé M. Barnier, qui avait longuement reçu les syndicats lors de la préparation de son discours d’hier. Dans le même registre, mais sur une autre pomme de discorde, il s’est engagé à „réfléchir à des aménagements raisonnables de la réforme des retraites avec les partenaires sociaux“.
S’agissant de la sécurité, M. Barnier a annoncé qu’il allait proposer des peines de prison courtes pour certains délits qui, très souvent, passent au travers des mailles de la justice, et veiller à ce que l’aménagement des peines soit „limité“ et ne débouche pas sur des mesures laxistes. Il faudra aussi „faciliter la rétention exceptionnelle d’étrangers en situation irrégulière“, en fonction du danger qu’ils représentent. Le chef du gouvernement a assuré qu’aucune atteinte à la laïcité ne serait tolérée, et il a ajouté: „Tous les Français ont besoin d’être rassurés par la présence de nos forces de l’ordre, qui devront être encore plus visibles et présentes sur la voie publique.“
Immigration, écoute et respect
Quant au problème général de l’immigration, „nous ne maîtrisons plus notre politique de manière satisfaisante“, a reconnu le premier ministre, qui entend „limiter les visas de nationaux venant de pays qui rechignent à accepter les OQTF“ (autrement dit les obligations de quitter le territoire français, dont actuellement très peu sont suivies d’effet). Dans sa réponse, Marine Le Pen a pour sa part exigé „une nouvelle loi immigration“ dès le début de l’année 2025.
Sur la Nouvelle-Calédonie, où de violentes émeutes avaient repris ces jours derniers, le chef du gouvernement a manifestement choisi une ligne d’apaisement. C’est ainsi que le projet dit „de dégel du corps électoral“, violemment rejeté par la communauté canaque, ne sera finalement pas soumis au Congrès, et que les élections provinciales sont reportées à la fin de 2025.
D’une manière générale, Michel Barnier a tenu, dans cette déclaration très attendue, à se montrer conforme à l’image qu’il s’applique à donner de lui depuis le début: posé, non dépourvu de convictions, ouvert au dialogue. Allant jusqu’à promettre „écoute et respect à l’égard de toutes les formations politiques présentes à l’Assemblée nationale et au Sénat, même si ce respect n’est pas toujours réciproque“.
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