Série Chambre (6) / Digitalisation des comptes rendus: de quoi alimenter le débat
D’ici 2026, l’ensemble des comptes rendus des séances de la chambre des députés de 1842 à 1944 sera mis en ligne et indexé. Une mine d’informations pour les curieux de tous poils.
Il est des idées – préconçues – qui ont la dent dure. „Quels sont les mendiants qui parcourent le pays? Ce sont des mendiants étrangers, qui viennent des localités limitrophes qu’on n’aurait qu’à empêcher à envahir les communes en les traitant comme la loi le prescrit“, s’exclame le notaire de Mondorf, Jacques Gustave Lessel le 16 novembre 1855. Les comptes rendus des séances de la Chambre des députés antérieurs à 1945 en attestent. Ceux mis en ligne à l’heure d’aujourd’hui sont les plus anciens, mais pas les moins intéressants. On ignore si les députés viendront y puiser matière à bons mots ou à ajouter une légitimité ou une profondeur historique à leurs arguments. Même si la suggestion émane de leurs rangs, et du plus historien des députés de ces dernières décennies, en la personne du socialiste Ben Fayot, ils ne sont pas l’unique public cible.
Des attentes multiples
La démarche de digitalisation entreprise par la Chambre des députés est en effet globale et répond à des attentes diverses et variées, comme le souligne Carlo Linden, le chef du Service de gestion des connaissances. Les députés peuvent être amenés à se plonger dans les débats de leurs prédécesseurs pour saisir certains sujets. Mais les candidats à une telle immersion sont nombreux. Il y a les chercheurs en histoire bien sûr, des associations qui s’intéressent à un ancien président passé par les travées de la Chambre à l’occasion d’un anniversaire, ou encore des journalistes qu’une commémoration mue en encyclopédistes d’un jour. „Et il y a aussi un public de juristes et de documentalistes qui travaillent das le domaine juridique“, ajoute Estelle Beck, la documentaliste du service: „Pour certaines lois, comme la loi de 1915 sur les sociétés commerciales, ils ont besoin de l’exposé des motifs et des débats pour savoir pour quelle raison une loi a été adoptée d’une manière et pas d’une autre, pour savoir qu’en faire face au tribunal, quelle interprétation lui donner.“
La digitalisation offre d’abord un gain de temps, une facilité nouvelle. Jusqu’ici, c’est à la Bibliothèque nationale du Luxembourg qu’il fallait se rendre pour consulter les comptes rendus de la Chambre des députés – les députés disposant aussi de ces volumes dans leur propre bibliothèque. Il fut d’ailleurs un temps exploré la possibilité que la BNL collabore sur le projet. Déjà engagée dans la digitalisation de tous les journaux et livres anciens luxembourgeois, ce nouveau projet ne figurait pas parmi ses priorités. C’est le service Gestion des connaissances de la Chambre des députés qui a fait logiquement avancer le projet, lui qui a déjà, entre autres missions, la digitalisation des documents entrants à la Chambre et la gestion de la bibliothèque et des recherches documentaires.
Le projet de numérisation des comptes rendus de la Chambre entre 1842 et 1945 est un nouveau développement dans une démarche de digitalisation entamée en 1998. À l’époque, la Chambre avait décidé de numériser les anciens débats en remontant jusqu’à 1945, tandis que les nouveaux comptes rendus, projets de loi et avis seraient directement intégrés à la base de données. C’est notamment la perspective de l’exposition sur les 175 ans de la révolution de 1848 aux Archives nationales l’année dernière qui pressait.
„Qualité très élevée“
Toutefois, en matière de digitalisation, il vaut mieux ne pas céder à la précipitation. „Nous recherchons une qualité très élevée. C’est un travail, au vu de son ampleur et de son coût, qu’on ne fait qu’une fois“, observe Carlo Linden. Il ne s’agit pas simplement de scanner, sans quoi le projet aurait pu être achevé plus rapidement que les trois ans de travail qu’il requiert. La digitalisation est un gain de temps, par la consultation à distance. C’est surtout un facilitateur de travail et de recherche, par le découpage et l’indexation des documents. Estelle Beck emploie la moitié de son temps au projet, sous-traité à la société Numen de Contern. „Je dois principalement faire de la vérification et de la collaboration avec le prestataire pour assurer la qualité de la livraison finale. Il y a plein de subtilités qu’un prestataire qui ne connait pas l’environnement dans lequel on travaille ou l’historique de la Chambre, ne voit pas forcément“, explique-t-elle. Le découpage se fait par année, par séance, par sujet abordé, et enfin par intervenant. „C’est un petit projet en termes de numérisation. Par contre, en termes d’indexation et de découpage, c’est énorme“, explique Estelle Beck.
La période a été découpée en onze lots d’environ 15.000 pages. Et à chaque lot, il faut se réadapter à la maquette. „Aucun compte-rendu de cette époque ne ressemble pratiquement au suivant. Les structures changent. Les langues changent. Les types de typographie changent. Ils réinventent à chaque fois le recueil. Alors, il y a des parties qui avancent rapidement, d’autres moins rapidement“, explique Carlo Linden. C’est par la période la plus compliquée, celle des premières années 1842-48, que tout a commencé. Il fallait lire pour savoir de quoi les députés parlaient et faire le découpage. Heureusement, plus le temps passe, plus les comptes rendus se professionnalisent, avec l’introduction notamment d’un sommaire en début de séance, ce qui aide à découper. Actuellement, ce sont les comptes rendus de la fin du XIXe siècle qui sont en train d’être numérisés. „Maintenant, ça commence à devenir plus structuré, on y voit plus clair et c’est plus agréable à travailler“, dit Estelle Beck.
„Pour l’éternité“
Au fut et à mesure que le travail avance, les lots achevés sont mis en ligne sur le site de la Chambre des députés. ll est possible d’accéder directement au document pdf structuré ou de passer par l’interface de recherche. Le premier lot (1842-48) fut mis en ligne à l’été 2023, dans le cadre de l’exposition des archives nationales pour le 175e anniversaire de la révolution de 1848. Pour l’heure, ceux qui s’intéressent au développement du chemin de fer, au démantèlement de la forteresse, aux premières concessions minières peuvent déjà profiter de ces facilités.
Pour le reste, il n’est pas question de se précipiter, bien que les appétits soient aiguisés par les premières publications. „Ça fait quand même cent ans qu’on n’avait pas ces documents, on peut attendre trois mois de plus“, aime rappeler Estelle Beck. À la rentrée, la période 1868-77 sera vraisemblablement en ligne. Le projet devrait s’achever en janvier 2026 au mieux, avec une livraison régulière d’un lot tous les deux ou trois mois. „Pour nous, l’essentiel est la qualité, d’avoir quelque chose d’exploitable. Si cela prend quelques mois de plus, ce n’est pas grave, nous travaillons pour l’éternité“, déclare Carlo Linden. La Chambre en tant qu’institution pourrait en ressentir des bienfaits tout aussi durables. „L’historiographie se contente souvent d’une histoire telle que le gouvernement l’a faite. La digitalisation peut permettre de replacer la Chambre dans le rôle réel qui fut le sien.“
Hinter den Kulissen
Das Parlament besteht nicht allein aus 60 Abgeordneten. Insgesamt arbeiten rund 160 Menschen für die Chamber, und das in den unterschiedlichsten Bereichen. In der Serie „Hinter den Kulissen der Chamber“ stellt das Tageblatt verschiedene Abteilungen des Parlaments vor, die meist nicht so in der Öffentlichkeit stehen und dennoch das gute Funktionieren von Luxemburgs Demokratie garantieren.
Bisher erschien in der Serie:
Teil 1: „Das Hinterzimmer: Wie der ,Service Séances plénières‘ die Chamber-Sitzungen vorbereitet“, am 27. August
Teil 2: „Der unsichtbare Dienst am Land: Wie der ,Service logistique‘ die Chamber am Laufen hält“, am 30. August
Teil 3: „In zweiter Reihe und doch vorne dabei: Wie der ,Service international‘ Präsidenten und Abgeordnete begleitet“, am 2. September
Teil 4: „Puzzlestück für mehr Professionalität: Hinter den Kulissen der Chamber: die ,Cellule scientifique‘“, am 4. September
Teil 5: „Der Herr der Fragen: Wie der ,Service secrétariat général‘ den Austausch zwischen Abgeordneten und Regierung koordiniert“, am 9. September
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