Concert / Fin du marathon: Royal Blood à Neimënster
De retour au Luxembourg pour clôturer une série de concerts estivaux avant le grand départ en vacances et les Congés annulés aux Rotondes, le duo britannique Royal Blood a délivré 80 minutes d’un rock musclé et dansant.
Les derniers mois furent intenses pour „den Atelier“, que les deux années de vaches maigres musicales pandémiques ont dû faire voir les choses en grand – au-delà des concerts à l’Atelier et à la Rockhal (les Black Keys), d’un Usina pour lequel ils invitèrent notamment Interpol et Peter Fox, il y eut les concerts sur le parking de la Luxexpo, où l’on put notamment voir les Arctic Monkeys et Robbie Williams et les shows sur le parvis de Neimënster, où l’Atelier a coutume aussi d’inviter des musiciens et groupes légendaires – que l’on se rappelle le concert de The Smile de l’année dernière ou encore LCD Soundsystem il y a quelques années, pour ne citer que ceux-là. Outre le Siren’s Call donc, et à peine Robbie Williams délogé de la Luxexpo, l’on réinvestit Neimënster pour un diptyque final, avec les concerts des légendaires Kraftwerk et donc Royal Blood, de retour après un show mémorable à l’Atelier en 2019.
Fondé en 2013 par le bassiste Mike Kerr et le batteur Ben Thatcher, Royal Blood fut vite repéré au bout d’un premier album déjà attendu au tournant en Angleterre depuis que la rumeur se fit que les Arctic Monkeys seraient fans du groupe.
S’inscrivant dans la tradition de ces duos qui donnent l’impression, à les entendre sur scène, d’être plus nombreux que juste deux personnes tant leur son est riche et musclé, pouvant donc rappeler par moments les White Stripes – sans la touche féminine –, utilisant surtout tout un arsenal de pédales pour faire en sorte que l’on a souvent du mal à croire que cette musique n’est produite que par une guitare de basse et d’une batterie, Royal Blood s’est vite forgé une réputation avec un album éponyme et un deuxième, „How Did We Get So Dark“, deux albums où les riffs percutants de chansons comme „Figure It Out“ rappellent tantôt les Foo Fighters (en moins sirupeux), tantôt le groove des tout premiers Muse (sans le mélodrame), voire même les Black Keys (mais en beaucoup, beaucoup plus lourd), avec des teintes de Led Zeppelin ou encore de Rage Against the Machine (pour le rythme des riffs).
C’est pour le troisième album „Typhoons“ que le duo s’est quelque peu réinventé – et que Mike Kerr dit avoir arrêté de picoler –, l’enregistrant au fameux Pink Duck, le studio de Josh Homme, rendant leurs morceaux plus dansants, comme on peut le constater dès l’inaugural „Trouble’s Coming“, placé de façon ingénieuse au milieu de la setlist jeudi soir.
En attendant donc la sortie d’un quatrième album prévu pour septembre et dont le très rock „Mountains At Midnight“ et le plus doux „Pull Me Through“, les deux morceaux déjà publiés en amont de sa sortie, furent joués ce jeudi, Royal Blood a su, tout au long d’un concert rodé, efficace, précis, alterner entre les débuts plus rentre-dedans et ses nouveaux morceaux plus dansants.
Si le son à Neimënster est parfois un tantinet bourrin, que les basses effacent par moments la clarté des hauteurs (bref qu’on a un peu l’impression que le groupe est plus taillé pour la petite salle de l’Atelier ou alors pour les grands festivals, où la plus forte affluence de public crée une ambiance plus festive) et que la setlist efficace, qui donne la priorité au premier album et à „Typhoons“, met un peu à jour que leurs morceaux les plus connus suivent une recette compositionnelle précise (bref qu’elles ont un petit air de ressemblance entre eux), force est d’admettre que le set du duo, à la fois énergétique et dansant, était une belle façon de clôturer un mois de concerts qui, pour les organisateurs constituait un véritable marathon et, pour le public, une aubaine pour les oreilles et un cauchemar pour le portefeuille. Il est donc temps de se reposer un peu – en attendant le mois des Congés annulés aux Rotondes (la soirée inaugurale a lieu le 28 juillet), un peu moins onéreuses.
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