/ Journée luxembourgeoise au festival – Cannes est une fête
Pendant la journée luxembourgeoise, l’ambiance était moins (auto)critique qu’il y a deux ans, quand Xavier Bettel avait annoncé des initiatives à mettre en œuvre par le Film Fund. Les quatre coproductions luxembourgeoises au programme cannois étaient en effet une raison de célébrer – ce que le microcosme du film luxembourgeois fit avec ferveur et dévouement.
„Quatre coproductions à Cannes, c’est énorme. Ne vous attendez pas à ce qu’il en soit ainsi toutes les années“, plaisante le producteur Nicolas Steil, son discours s’adressant au Premier ministre Xavier Bettel, qu’il remercie à l’occasion de son engagement pour le secteur du film, engagement qui se manifeste surtout à la travers une augmentation de budget de 20 pour cent.
Pour une augmentation, c’en est une, confirme Xavier Bettel, qui dit avoir été strict dans ses exigences et ne l’avoir accordée après s’être assuré qu’elle était légitimée, cette augmentation.
Une augmentation de budget de 20 pour cent
Guy Daleiden, directeur du Film Fund, précise que ça n’est que la pointe de l’iceberg, puisque le Luxembourg aura présenté en une florissante année 2019 deux films à la Berlinale et deux expériences de réalité virtuelle au festival de TriBeCa, à quoi il faudra adjoindre les cinq productions à Annecy et des films et expériences de réalité virtuelle.
Lors de son discours, le directeur du Film Fund rappelle la demande formulée par Bettel en 2017, demande qui visait entre autres une diversification du secteur. „Nous y avons remédié en introduisant des projets de réalité virtuelle, des collaborations avec music:LX, le Trois C-L et le Casino, en travaillant de façon transversale, en développant une aide écologiquement responsable et un accord pour la création d’un fond de développement pour soutenir les films de réalisatrices ensemble avec l’Irlande“, accord qui fut signé ce samedi à Cannes sur une initiative de Guy Daleiden.
Réagissant à des critiques formulées à son encontre, le Premier ministre certifia que l’audit qu’il avait commandité avait trouvé impeccable le fonctionnement du Film Fund et que, parmi les recommandations d’un rapport qui serait en finalisation, figureraient des métriques plus précises afin qu’on puisse suivre le profil du secteur sur l’axe du temps et un équilibre sain entre producteurs jeunes et confirmés.
Après une petite métaphore moralisatrice qui assimilait le microcosme cinématographique à une grande famille dont les différends devraient se régler à l’amicale, le champagne Alice Hartmann fut sabré, à la suite de quoi les acteurs boursiers furent invités à la traditionnelle partie de nage (au cours de laquelle un drapeau luxembourgeois doit être planté sur un petit récif, rappelant des envies de conquête territoriale à la fois saugrenues et comiques pour un pays de la taille du grand-duché).
Les boursiers et la VR
Comme chaque année, des acteurs ont droit à une bourse cannoise, dotée de mille euros. „En gros, la bourse nous aide à nous financer le festival, quoiqu’à Cannes, une telle somme aura vite fait de s’évaporer en frais d’hôtel ou d’avion“, nous explique l’actrice franco-luxembourgeoise Astrid Roos, l’une des trois boursières à côté de Sophie Mousel et de Nilton Martins. Pour figurer sur la liste des candidats, il suffisait d’envoyer un CV et une lettre de motivation. Et l’un des seuls requis, c’est d’assister à la journée luxembourgeoise.
„Evidemment, une telle bourse me donne une plus grande visibilité, surtout par rapport au Luxembourg. J’ai des rendez-vous avec des producteurs que je connais déjà et que je vais revoir. Mais comme je ne suis arrivée que jeudi, je ne peux pas encore me prononcer définitivement sur l’efficacité du dispositif.“ Astrid Roos, qui a joué dans des productions luxembourgeoises comme „Justice Dot Net“ (de Paul Cruchten) ou encore „Fan Club“, une production de réalité virtuelle signée Vincent Ravalec, évoque avec enthousiasme son expérience de tourner un film qui immerge le spectateur dans une réalité virtuelle.
„Le tournage d’un film de VR mélange quelque peu des aspects du cinéma et du théâtre. Les acteurs sont positionnés à l’intérieur d’une sphère qui rassemble huit petites caméras. Contrairement au film, où ça n’est qu’une partie d’une scène qui est filmée et où pour certaines scènes, la caméra ne fait filmer que ton visage, te permettant de ne pas te soucier de la posture du reste de ton corps, les scènes sont jouées et filmées en entier et tout le corps est mis en jeu. Comme c’est une technique très récente, c’est un peu comme marcher sur la lune – on ne sait pas encore ce qui est possible, on est en plein dans l’expérimentation.”
C’est ce que corroborent les artistes et réalisateurs Karolina Markiewicz et Pascal Piron, les deux artistes boursiers présentant à Cannes leur filme de réalité virtuelle Fever, qui plonge l’utilisateur dans une sorte de rêve enfiévré interactif.
„C’est un peu comme marcher sur la lune“
„On cherche à ne pas se répéter, à plonger dans l’inconnu – c’est une des raisons pour lesquelles la réalité virtuelle nous intéresse tant – parce que c’est un terrain qui reste à être exploré et où le travail en équipe est indispensable“, affirment les deux artistes, contents que le Film Fund les soutienne. „Quoique le champ de la réalité virtuelle puisse aussi être soutenu par le théâtre ou la danse, tellement il est difficile de le ranger dans une des catégories artistiques préexistantes“, précise Karolina Markiewicz.
Après avoir été présenté au Casino jeudi dernier, Fever est à découvrir à Cannes – d’autres festivals suivront, qui seront annoncés prochainement. Lors de la soirée qui suivit, que Yann Tonnar, le nouveau président de la Filmakademie, qualifia de „funky“ (merci Yann) et qui selon des gens plus experts que moi en termes de fêtes cannoises fut „moins chiante que d’habitude“, l’on put voir un Premier ministre discuter avec les artistes, des cinéphiles débattre sur la qualité du nouveau Quentin Dupieux et de Ken Loach. La nouvelle de la crise politique en Autriche fut discutée autour de brochettes de viande et les plus tenaces investirent le „Petit Majestic“, un bar sympathique sans vigiles ni tout le toutim mondain et snob caractérisant en partie ce festival, un bar qui ne ferme qu’au petit matin et qui pendant le festival grouille de monde au point que la séparation entre Majestic et monde extérieur se dissout lentement.
Nous publions mardi une interview avec Michel Welfringer, qui depuis onze ans réalise l’affiche de la „Quinzaine des réalisateurs“. Une interview avec Karolina Markiewicz et Pascal Piron suivra la semaine prochaine.
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