France / La présidente macroniste sortante est réélue à la tête de l’Assemblée nationale
L’Assemblée nationale a élu à sa tête, hier en soirée, Yaël Braun-Pivet, qui présidait déjà l’Assemblée sortante dissoute le 9 juin par Emmanuel Macron. Au terme de trois tours de scrutin, elle a obtenu 220 voix, contre 207 à son principal adversaire, le député communiste André Chassaigne, et 141 au vice-président sortant Sébastien Chenu, membre du Rassemblement national.
L’effervescence qui s’était emparée en après-midi et jusqu’en soirée de l’hémicycle et des couloirs du Palais-Bourbon, aurait pu laisser croire aux profanes que le poste auquel il s’agissait de pourvoir était d’une importance absolument capitale dans la mécanique institutionnelle de la Ve République. En fait, la présidence de l’Assemblée nationale – puisque c’était de cela qu’il s’agissait – n’a pas tout à fait ce rôle: il s’agit certes d’une fonction prestigieuse et toujours très disputée, mais plus honorifique que décisionnaire politiquement.
Si ce n’est que cette fois-ci, il s’agissait en réalité, pour les différents groupes politiques (qui y seront officiellement constitués aujourd’hui) et surtout pour les courants d’opinion aux marges incertaines du centre et de la droite, de se compter. Le président Macron avait lui-même renvoyé à l’après-élection du ou de la président(e) de l’Assemblée le début de sa réflexion sur la composition du nouveau gouvernement. Du moins en théorie, car il ne faisait évidemment de doute pour personne que l’homme de l’Elysée y réfléchissait déjà beaucoup depuis le soir du second tour des élections législatives …
Pour la circonstance, la gauche, quoique toujours en pleine dispute sur le nom de son candidat au poste de premier ministre, s’était tout de même mise d’accord, pour le „perchoir“, comme on appelle familièrement la présidence du Palais-Bourbon, sur un nom: celui d’André Chassaigne, député communiste du département rural et auvergnat du Puy-de-Dôme, et vieux parlementaire plutôt estimé au-delà du cercle des élus du PCF en dépit d’un passé lourdement pro-soviétique, puis pro-Poutine. Sans parler du fait qu’à la tête de seulement 9 députés, il aurait été bien paradoxal de lui confier la présidence d’une Assemblée qui en compte 577!
D’un certain point de vue, ce choix, sans être victorieux en définitive, s’est cependant révélé habile. D’abord parce qu’il a permis au Nouveau Front populaire de trouver enfin un point d’accord; ensuite parce que dès le premier tour de scrutin, M. Chassaigne a recueilli 200 voix, et 203 au second, soit un peu plus que les 193 députés que compte la coalition des quatre partis qui constituent le NFP. Restait à passer le barrage du troisième tour, pour lequel la simple majorité relative, contrairement aux deux premiers, suffisait pour être élu – et, pour le candidat communiste, pour consommer finalement sa défaite honorable.
Les mains un peu plus libres pour Macron
Emmanuel Macron avait, à l’évidence, fait le pari qu’une autre coalition, celle du centre et de la droite, conduite par Yaël Braun-Pivet, avait une chance raisonnable de l’emporter. Cela aura été le cas. De justesse, certes, puisque le RN s’était refusé à tout désistement et même à tout retrait de son candidat Sébastien Chenu. Mais le fait que la présidente macroniste sortante ait été réélue dans de telles conditions, même à quelques voix près, est au fond plus favorable au calcul du chef de l’Etat que si elle avait dû une victoire beaucoup plus large au report des voix lepénistes.
L’élection de M. Chassaigne aurait pratiquement obligé M. Macron à nommer à Matignon une personnalité du NFP, car elle aurait prouvé que la gauche détenait la majorité au Palais-Bourbon. Il a désormais les mains un peu plus libres – très relativement, car l’avenir s’annonce de toute façon difficile pour le gouvernement qu’il nommera, les voix recueillies par Mme Bran-Pivet ne constituant aucunement une majorité absolue.
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