France / Le gouvernement Barnier compte beaucoup plus d’inconnus que de „poids lourds“
La composition du gouvernement Barnier a enfin été annoncée samedi soir par le secrétaire général de la présidence de la République sur le perron de l’Elysée, comme le veut la tradition, et cela après deux jours d’ultimes tractations et de rumeurs. L’équipe comporte une quarantaine de membres, en comptant les secrétaires d’Etat. Un premier conseil des ministres est convoqué ce lundi après-midi à l’Elysée.
C’aura vraiment été un accouchement dans la douleur. A lire attentivement la liste des ministres, ministres délégués et secrétaires d’Etat, la première impression qui prévaut est celle d’une construction compliquée, dans laquelle on a visiblement recherché des équilibres subtils et une couverture aussi complète que possible des champs de l’action publique, au prix de formulations parfois un peu surréalistes et de relations complexes entre les différents postes – bref, ce que les mauvais esprits appellent volontiers „une usine à gaz“. Comme si le prix d’une survie parlementaire espérée de ce cabinet sans majorité parlementaire, il s’en faut même de beaucoup, était justement cette complexité.
Parmi les titulaires de grands ministères, deux noms émergent tout particulièrement. D’abord celui de Bruno Retailleau à l’Intérieur: il s’agit d’une personnalité emblématique de la droite la plus conservatrice, qui a eu dans un passé récent des mots sévères, pour ne pas dire plus, sur la responsabilité de l’immigration dans la montée de l’insécurité en France, et la violence de certaines manifestations. Sa nomination pour succéder à Gérald Darmanin a été ardemment combattue jusqu’au bout par les macronistes issus de la gauche, dont une élue à même démissionnée du groupe Renaissance. Mais sans succès: il s’agissait, sans aller trop loin, de donner un gage au RN, lequel avait annoncé ne pas vouloir censurer tout de suite le nouveau gouvernement.
L’autre nom qui émerge, mais pour une raison inverse, est celui de Didier Migaud, nommé ministre de la Justice en remplacement d’Eric Dupont-Moretti. Ancien cadre et élu du Parti socialiste, aujourd’hui de sensibilité plutôt sociale-démocrate, président de la Haute-Autorité pour la transparence de la vie publique, il est connu pour sa rigueur morale, juridique et budgétaire. Son profil politique et personnel devrait lui valoir davantage de sympathies chez les magistrats que son prédécesseur, mais ces derniers risquent tout de même de lui reprocher un budget de son ministère en baisse.
„Les fonds de tiroir“
S’agissant des Affaires étrangères et européennes, Jean-Noël Barrot, jeune héritier d’une dynastie politique centriste et qui détenait déjà le portefeuille de secrétaire d’Etat à l’Europe dans le précédent gouvernement, risque d’apparaître un peu léger auprès des poids lourds du Quai d’Orsay, mais on peut imaginer que MM. Macron et Barnier l’abreuveront de conseils, voire d’ordres. Sébastien Lecornu reste à la Défense, et Rachida Dati à la Culture. Mais d’autres ministères importants, comme l’Education, la Santé et même l’Economie (cependant qu’un député battu en 2022 est nommé ministre du budget rattaché à… Matignon), sont pourvus de titulaires inconnus du grand public. Quitte à être flanqués de ministres délégués ou secrétaires d’Etats dont les attributions relèvent parfois d’intitulés biscornus.
D’une manière plus générale, cette prolifération d’inconnus, sans expérience ni poids politique au Parlement ou dans l’opinion, et de postes subalternes aux appellations parfois étranges, en dit long sur les difficultés auxquelles s’est heurté Michel Barnier dans sa quête de ministres. Des difficultés tout à fait contraires à la tradition, et que seule peut expliquer la forte incertitude pesant sur l’avenir de ce gouvernement, et même sa capacité à gouverner.
„Je cherche des poids lourds, des gens d’expérience“, répétait pourtant le premier ministre. Le moins que l’on puisse dire est que cette recherche n’a pas abouti à grand-chose. „Il a fait les fonds de tiroir!“, ironisait hier un membre de l’entourage présidentiel; et, rapporte Le Point, un haut personnage parlementaire juge le résultat „surréaliste“, voire, selon un autre proche d’Emmanuel Macron, „terrifiant“. Mais pour nombre d’hommes politiques français, y compris des jeunes, s’embarquer sur ce navire-là, dans cette tempête-là, relevait plus de la punition que de la promotion, du suicide que du tremplin. Et la férocité avec laquelle les différentes oppositions ont accueilli la composition du nouveau gouvernement n’aura pas été de nature à donner des regrets à ceux qui ont décliné le redoutable honneur d’en faire partie.
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