Festival de Cannes (5) / Le Grand-Duché fête son industrie cinématographique
Pour la sempiternelle journée luxembourgeoise, il y eut encore plus de monde qu’à l’accoutumée – et ça ne fut pas tant à cause des quatre coproductions luxembourgeoises en sélection cannoise („Jeunesse“, „Conann“, „Los Delincuentes“, „Lost Country“) ou à cause du rôle de Marie Jung dans „Acide“ de Juste Philippot, aux côtés d’un Guillaume Canet qu’on espère en meilleure forme que dans son récent Astérix, qu’à cause de la présence, outre un Xavier Bettel qui n’aura manqué à l’appel qu’une seule fois en une dizaine d’années, du grand-duc Henri et de la grande-duchesse Maria Teresa, dont on fêta l’arrivée à coups de bouteilles d’Alice Hartmann sabrés avec d’autant plus d’enthousiasme que la délégation grand-ducale était d’abord passée à côté du pavillon sans s’y arrêter – comme quoi, le Luxembourg est si petit que même son souverain peut passer à côté sans s’en apercevoir.
Cette présence grand-ducale incita aussi les différents orateurs à répéter des punchlines que les habitués de la chose connaissaient par cœur: si Guy Daleiden répéta que ce jour était l’unique fois de l’année où le Luxembourg avait un accès direct à la plage, accès qu’une pluie battante et pernicieuse barra cependant, Nicolas Steil insista encore une fois qu’il considérait le directeur du Film Fund comme un éleveur de champions là où le premier ministre et ministre des Médias Xavier Bettel (DP) prêchait encore une fois que l’argent que son gouvernement met dans la culture et le cinéma n’est pas une dépense, mais un investissement.
L’impression d’un best of, d’une répétition des années précédentes, Yann Tonnar la souligna au mieux en disant avoir recouru à une IA pour écrire un speech traduit en français par Deepl (version gratuite, rajouta-t-il), discours qui fut en effet émaillé par des clichés tels l’idée que les films ont le pouvoir de remettre en question des stéréotypes, qu’ils sont les miroirs à travers lesquels les sociétés se comprennent, toutes choses que l’on retrouva un peu dans le discours de Bettel, Tonnar montrant ainsi que, si ChatGPT et autres programmes remplaceront bientôt des scribes, ça sera très certainement au niveau des rédacteurs de discours politiques (et des articles de journalistes paresseux).
Alors, pour faire un court tour d’horizon – nous avons choisi d’accorder plus de place aux coproductions luxembourgeoises, aux films de la compétition et surtout, à „The Zone of Interest“, sacrifiant ainsi une partie de l’espace accordé à cette journée luxembourgeoise dont, si vous avez envie d’en lire plus, vous pourrez aller consulter mes articles des années précédentes en y changeant mentalement quelques chiffres et données –, évoquons brièvement qu’honneur fut fait à Gilles Chanial, tête pensante des Films Fauves, qui ont trois coproductions en sélection, que Daleiden nomma notamment le Superjhemp de l’année et dont Nicolas Steil, secrétaire de l’ULPA dit que ce wunderkind avait compris qu’il fallait être un fauve pour avoir du succès à Cannes. Pour preuve, commenta-t-il malicieusement, l’autre coproduction retenue vient de Red Lion, alors que le scarabée de Samsa et la fleur d’Iris auraient eu moins de succès – tout du moins pour cette année-ci.
Relevons encore que Guy Daleiden énuméra trois défis particuliers pour une industrie lestée notamment par la pandémie, défis qui concernent la transition à opérer entre les précurseurs du cinéma luxembourgeois et la jeune génération montante, le souci de diversité et de parité, dans lequel s’inscrivent un accord de codéveloppement avec l’Irlande pour soutenir la création d’œuvres de réalisatrices et scénaristes femmes ou encore le travail avec Finkapé au niveau national et le collectif 50/50 au niveau international pour essayer de diversifier au maximum les productions et, last but not least, l’écologie et la durabilité des productions, Daleiden admettant que les coproductions, qui consistent à attirer des productions d’un autre pays vers le Luxembourg et vice versa, ne sont pas un modèle en matière d’écologie et qu’il faudra trouver un nouveau modèle.
Ensuite, ce fut au tour des différentes associations de prendre la parole, Yann Tonnar, qui représenta à la fois le LARS et la Filmakademie, annonçant le futur Filmpräis, en date du 11 novembre, là où Nicolas Steil officialisa le changement de la présidence de l’ULPA, où Paul Thiltges sera remplacé, au bout de 25 ans, par Donato Rotunno. Enfin, Olivier Martin, qui représenta actors.lu, évoqua non seulement le succès international de Vicky Krieps, couronnée quelque part meilleure actrice européenne, mais aussi encore les nombreux jeunes acteurs et actrices montants. Notons enfin que cet article n’a pas (encore) été écrit par une IA.
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On fête l’industrie cinématographique subventionnée par le contribuable !
Den Stei’erzuehler kritt sein mooren Lo’un net nach subventionei’ert, oder ?
War do net emol eppes mat deem Film Fund Luxembourg?