Luxembourg-ville / Les origines du parc de la Ville-Haute
Les origines du parc de la Ville-Haute remontent à l’aménagement de la promenade publique devant la Fondation Pescatore. Le propos de ces quelques lignes est de rappeler l’importance de ce site pour le développement de la ville de Luxembourg.
De nos jours, les deux parcs bordant l’avenue Pescatore connaissent une fréquentation élevée. Depuis 2016 le parc en bordure de la vallée de l’Alzette assure l’accès au Pfaffenthal et depuis 2017 il est relié à la piste cyclable longeant la Fondation Pescatore en direction du Kirchberg. En 2017 également, la promenade publique entre les avenues Pescatore et Porte-Neuve a été réaménagée et agrémentée de fontaines sèches assurant la grande joie des enfants, mais aussi des nombreux promeneurs vivant à la Fondation Pescatore.
Les deux promenades sont également des galeries d’art en plein air, avec l’œuvre „Passe-Muraille“ de Jean-Bernard Métais (2006), le monument en honneur de l’artiste Joseph Kutter (Lucien Wercollier, 1969). Les deux promenades sont aussi des lieux de mémoire. Le monument „Triumph of Courage“ rappelle la mémoire des soldats américains, belges et luxembourgeois tombés au cours de la Bataille des Ardennes (1944/45).
Un marronnier d’Inde planté en 1921 en honneur de la naissance du prince Jean se trouve dans la promenade bordant la vallée de l’Alzette. Dans les années à venir, un monument supplémentaire, à ériger en honneur du Grand-Duc Jean, honorera la terrasse panoramique.
Lorsqu’en vertu du traité de Londres du 11 mai 1867, la ville de Luxembourg est appelée à se transformer en ville ouverte, l’Etat hérite l’ensemble des anciens domaines militaires. D’après un premier plan élaboré par l’ingénieur Louis Fuchs, en 1868, le gouvernement procède à l’aménagement des avenues qui rayonnent sur le centre et raccordent la ville au réseau routier extérieur et existant. La loi du 21 mai 1868 autorise l’Etat à aliéner les terrains en provenance de l’ancienne forteresse et l’article 5b de cette loi l’oblige à vendre les terrains adéquats à la Fondation J.-P. Pescatore.
Un contact fructueux
En 1867, Antoine Dutreux, neveu par alliance de Jean-Pierre Pescatore qui avait légué 500.000 francs à la ville pour la construction d’un refuge pour personnes âgées, fut commissaire du Luxembourg à l’Exposition universelle de Paris. Dans ce cadre, il découvrit le parc des Buttes de Chaumont et fit la connaissance de l’ingénieur paysagiste français, Edouard André. Il fut fasciné par ce projet qui convertit une ancienne carrière de gypse en parc pittoresque entouré de villas. A Luxembourg, on pouvait s’inspirer de ce concept pour transformer les friches militaires non constructibles en parc et le border de villas et maisons de maître.
En 1869, l’avenue de la Porte-Neuve avait été mise en circulation, l’Etat renonça à l’ancien fort Charles (emplacement du Grand Théâtre) et dressa les plans pour aménager la côte d’Eich et son carrefour formé avec le futur boulevard Royal. Le beau-frère d’Antoine Dutreux, Paul de Scherff fut à l’époque conseiller au ministère des Travaux publics et en charge des nouveaux aménagements à Luxembourg.
En 1870, la Fondation Pescatore acquiert l’ensemble des terrains entre l’avenue de la Porte-Neuve, la côte d’Eich, le futur boulevard Emmanuel Servais et le boulevard Prince Henri. La propriété touchait au boulevard Prince Henri.
Le terrain situé en bordure de la vallée de l’Alzette ne touchait pas le boulevard Royal, comme l’Etat se réservait suffisamment d’espace pour aménager l’embouchure de la côte d’Eich avec ce boulevard. Il aliéna le terrain restant seulement en deux phases; en 1883 à l’industriel Eugène Gillard et en 1898 à la Banque Internationale (aujourd’hui siège de la Banque Centrale).
La propriété acquise par la Fondation Pescatore fut subdivisée en trois lots: celui de la Fondation Pescatore, celui du quinconce et celui du jardin creux. Le terrain devant accueillir la Fondation Pescatore devait être clôturé et n’être accessible que sur demande. L’accès était surveillé par un concierge et soumis à un règlement intérieur.
Ce fut ici que fut organisée en 1875 la première grande exposition horticole du pays. Le refuge pour personnes âgées ne fut toutefois construit qu’à partir de 1886. Il fut inauguré en 1892. Il est à noter que le démantèlement des ouvrages militaires couvrant ce site se firent entre 1871 et 1873, et ce, aux frais du propriétaire et non pas de l’Etat.
Projet complexe
Le quinconce de frênes cerné par le boulevard Prince Henri, l’avenue de la Porte-Neuve, la Fondation Pescatore et l’avenue J.-P. Pescatore accueillit quelque 50 arbres récupérés des forts en voie de démolition. Cet espace accueillit la première aire de jeux publique de la ville. Une partie de ce terrain était réservée à la construction d’un musée J.-P. Pescatore. Jean-Pierre Pescatore avait légué à sa ville natale également sa collection d’art qu’il fallait loger dignement. Le projet s’avéra très complexe et il fallut attendre 1959 pour trouver une solution avec l’ouverture de la Villa Vauban.
Le terrain situé en face, cerné par la côte d’Eich, le boulevard Royal, la Fondation Pescatore et l’avenue Jean-Pierre Pescatore fut aménagé sur l’ancienne contre-garde du fort Berlaimont en „jardin creux“. Le quinconce et le jardin creux devaient servir de promenades publiques.
Dutreux et de Scherff sollicitaient Edouard André de l’aménagement de ces trois espaces appartenant à la Fondation Pescatore. L’ingénieur français réalisa en 1872 deux terrasses panoramiques avec bancs de repos au jardin creux – une initiative accueillie avec d’autant plus de succès que jusque-là les murs des remparts fermaient toute vue sur le paysage. Après le nivellement de l’ancienne contre-garde du fort Berlaimont, il transforma cet espace en promenades circulaires offrant au visiteur une succession de tableaux pittoresques.
Promenade publique
L’ingénierie et notamment la conduite d’eau lui avait permis de dresser au centre du „jardin creux“ un petit étang avec cascade artificielle. Grâce aux nouvelles techniques, André parvint à créer un paysage idéalisé fusionnant avec la vue sur la vallée de l’Alzette. Son ambition fut d’aménager l’ensemble du site comme promenade publique bordant le boulevard Royal. En face, sur la plateforme de l’ancien bastion Berlaimont, abritant le château d’eau de la ville, il avait prévu l’installation d’une terrasse panoramique avec pavillon de restauration.
L’aménagement du quinconce, du jardin de la Fondation Pescatore et du „jardin creux“ eurent un tel succès que le plan d’agrandissement de la ville fut révisé en 1873 et l’ensemble du parc de la Ville-Haute, porté au double de sa surface projetée. En 1875, l’Etat et la ville passaient une convention qui règle la gestion du parc municipal. L’inauguration du parc de la Ville-Haute eut lieu avec le dévoilement du monument de la princesse Amélie en 1876. D’après la conception d’Edouard André, ce monument devait marquer l’entrée au parc de la ville.
Tous les aménagements du parc furent réalisés suivant les conceptions d’Edouard André, mais ils connurent des modifications substantielles par la suite. Le bassin du jardin creux disparut en 1944 lorsqu’un accès aux casemates destinées à servir d’abri aérien. Le raccordement à l’ascenseur et à la piste cyclable ont beaucoup contribué à désenclaver ce magnifique site devant la Fondation J.-P. Pescatore.
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