Editorial / L’index, débat majeur
L’indexation automatique des salaires a toujours vécu entourée de cyniques. Du cynisme des libéraux, bien évidemment, qui rêvent d’une imposition minimale, pour les entreprises comme pour les particuliers, et d’un Etat réduit aux basses œuvres sécuritaires. L’indexation leur permet d’adopter un inhabituel langage du justicier. Les hauts salaires, dit-on, n’ont pas besoin de ces augmentations. Il n’y a que les moins bien nés qui en ont besoin. Effectivement, plus l’imposition des revenus, et notamment des tranches les plus hautes est basse, et plus l’indexation automatique des salaires paraît un outil imparfait de redistribution. Mais l’indécence, ce n’est pas l’indexation, c’est l’imposition insuffisante. Si l’on introduisait un rapport de un à dix entre le plus bas et le plus haut salaire à l’intérieur d’une même entreprise, ce qui est le cas dans la grande majorité d’entre elles, l’affaire serait déjà moins grave. Et si on doublait la mesure d’une imposition progressive dont la plus haute tranche serait 100%, le gain serait bien moindre pour le plus haut salaire que pour le plus bas. On peut même opter pour une dernière tranche à 90% comme l’avait fait le président américain Roosevelt, après la crise de 1929. C’est plus ou moins à cette date d’ailleurs, que le Luxembourg, en adoptant la loi des holdings, avait abandonné un peu de ses aspirations à l’égalité que l’introduction de l’index (dans la fonction publique en 1921) semblait avoir renforcée. Ainsi, le député socialiste René Blum le 27 juillet 1929 à la Chambre dénonçait l’introduction d’une „immunité fiscale“ heurtant l’égalité de tous les Luxembourgeois devant la loi héritée de 1789. „Exempter quelqu’un, c’est faire payer leurs dettes par les autres“, disait-il.
L’indexation est aussi sous la menace d’une autre forme de cynisme ces jours-ci. Ce mécanisme a presque le même âge que le rapport Meadow publié par le Club de Rome sur les limites de la croissance. Ce texte, qui fêtera ses 50 ans, en septembre prochain, est un lointain parent des rapports du panel de chercheurs sur le climatique (IPCC). Ces derniers jours, circulent sur les réseaux sociaux des remarques acerbes (et justifiées) sur le peu d’exposition dont a disposé la publication du rapport alarmiste de l’IPCC sur les impacts, l’adaptation et les vulnérabilités face au changement climatique, en comparaison avec d’autres sujets comme celui de la claque adressée par Will Smith à la cérémonie des Oscars. On passera sur le culte de la virilité qui n’est sans doute pas étranger aux deux problèmes, ni même à la guerre en Ukraine qui a fait passer l’information au second plan. Par contre, on ne peut laisser passer l’idée que l’indexation soit aussi un de ces sujets mineurs qui détourneraient des vrais enjeux de notre temps, comme on peut en observer la tendance chez les écologistes à tendance libérale ou individualiste.
Car la lutte contre le dérèglement climatique et pour le maintien de l’index, repose sur des mêmes valeurs de justice. Ce sont les plus pauvres qui sont les moins responsables et les plus exposés au changement climatique (comme à l’inflation). Cela est valable à l’échelle du monde, entre pays, comme à l’intérieur des pays. Il est ainsi certain que le troisième rapport de l’IPCC qui sortira en avril, sur les solutions face au changement climatique, ne comprendra pas le renoncement à l’indexation.
L’indexation ce n’est pas nécessairement la surconsommation, ce peut être pouvoir enfin consommer mieux. Il faudrait pour cela aider le consommateur, par exemple par une remise en cause du libre-échange et l’introduction de taxes écologiques et sociales (la fiscalité encore) qui éliminent du marché les pratiques les moins soutenables. Pour éviter que les plus riches dans la société n’aggravent encore leur empreinte écologique, on trouvera un nouvel argument en faveur d’une fiscalité bien plus ambitieuse.
L’intelligence humaine est capable de répondre au défi du réchauffement, comme le prouvera bientôt l’IPCC. Elle a aussi forgé un concept qui explique le sort réservé à l’indexation automatique des salaires: bouc émissaire.
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Erfällt eine Indextranche, sollte für die nächsten 6 Monate ein Preisstopp vorgeschrieben werden.
Sonst fällt das Ganze ins Absurde!