France / Macron cherche à fédérer le centre face aux „extrêmes“
La campagne pour les législatives anticipées des 27 juin et 7 juillet se poursuit à toute allure, mais dans un climat décidément étrange. Avec le concours actif du président Macron, qui s’est longuement expliqué sur la façon dont il envisage de gouverner au lendemain du scrutin. Cependant, de leur côté, les dirigeants des Républicains, révoltés par l’alliance de leur président Eric Ciotti avec le Rassemblement national, le destituaient lors d’une séance quasi-clandestine de leur bureau.
La conférence de presse que le chef de l’Etat a tenue mercredi aura été pour lui l’occasion de se justifier à nouveau quant à sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale après le très mauvais résultat de ses partisans aux élections européennes. Décision qui a pourtant eu pour conséquence immédiate d’ouvrir une crise politique majeure en France, d’offrir une perspective inespérée à l’extrême droite lepéniste, et de remettre en selle Jean-Luc Mélenchon à l’autre bout de l’éventail électoral.
Mais surtout, M. Macron s’est appliqué, en voulant résolument ignorer les rapports de force du moment, à brosser le tableau de ce que pourrait (et même, selon lui, devrait) être, demain, le gouvernement sur lequel il s’appuierait. Et cela pour terminer son second quinquennat, puisqu’il a radicalement exclu d’accéder au souhait désormais largement majoritaire des Français, selon les sondages: démissionner si, comme tout semble le laisse prévoir, „ses“ candidats n’obtiennent toujours pas la majorité dans la prochaine Assemblée nationale.
Cette majorité nouvelle qu’il appelle de ses vœux rassemblerait, au-delà bien sûr des survivants de son parti Renaissance – qui risquent d’être fort peu nombreux – „toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté qui disent non aux extrêmes“. Des extrêmes que le locataire de l’Elysée s’est employé à fustiger, de même que ceux qui nouent avec elles „une alliance contre-nature“. Autrement dit Eric Ciotti, qui se prétend toujours président de LR, et qui a déjeuné hier avec Jordan Bardella, du côté de l’extrême droite; et du côté de l’extrême gauche, les anciennes composantes de la Nupes (LFI, PS, PCF, Verts) qui se sont lancées dans de frénétiques „bricolages d’appareils“ pour sauver, face à la vague lepéniste, un maximum de sièges. Estimant au passage que ni les uns ni les autres ne seraient capables, s’ils disposaient d’une majorité absolue, de gouverner.
Le rêve présidentiel d’un „bloc central“
Pour Emmanuel Macron, seul le „bloc central“ dont il rêve serait à même de constituer une majorité capable de gouverner en surmontant de possibles divergences, par exemple entre „sociaux-démocrates, radicaux, gaullistes, écologistes, démocrates-chrétiens“, et d’une manière générale „tous ceux qui ne se retrouvent pas dans la fièvre extrémiste“ et aspirent à construire „une fédération de projets“. Cela „sur la base d’un accord, d’une plateforme d’action“, mettant en avant cinq priorités: l’écologie, les services publics, la prééminence du travail, la gestion de la situation internationale et la restauration de l’autorité.
Mais même dans les rangs de la Macronie, beaucoup estiment à voix basse qu’il est bien tard pour élargir la base parlementaire et populaire d’un éventuel futur gouvernement, et que l’occasion qui pouvait encore s’offrir en 2022, au lendemain de la réélection du président face à Marine Le Pen, a bel et bien été perdue. Plus crûment, l’un de ses membres s’exaspère: „C’est bien beau de tendre ainsi la main aujourd’hui, mais qui, désormais, pourrait bien être tenté de la saisir pour monter dans un bateau en plein naufrage?“
A droite en tout cas, c’est la main tendue par Marine Le Pen qu’Eric Ciotti s’est empressé de saisir, pour le plus grand bénéfice probable de sa situation électorale personnelle dans les Alpes-Maritimes, dont une autre élue, qui passe pour sa filleule en politique, a suivi l’exemple – seule pour l’instant de tous les députés LR sortants. Car l’explosion annoncée de la droite républicaine n’a pas eu lieu à cette occasion, au contraire même: la démarche solitaire de Ciotti aura eu le mérite d’obliger les Républicains à une clarification radicale.
Théâtre de boulevard chez LR
Au prix, il est vrai, d’un épisode digne du théâtre de boulevard. Les membres du bureau politique du parti, devant se réunir pour statuer sur la démarche de leur président, et probablement voter sa destitution car ils y étaient très hostiles, se sont rendus dans la matinée au siège parisien de LR … dont ils ont trouvé la porte cadenassée sur ordre de M. Ciotti. Lequel s’était réfugié dans son bureau, et qui ne voulaient surtout pas avoir affaire à „cette bande de médiocres“, comme il devait le dire aimablement hier matin à la télévision. Il leur a fallu, donc, se réunir à proximité, comme des conjurés, alors qu’ils ne faisaient qu’exercer leur mandat de membres du bureau. Et, du coup, non pas seulement destituer Ciotti de sa présidence du parti, mais l’en exclure purement et simplement! Décision qui a au moins le mérite de la clarté quant à tout ralliement au RN.
Quant à la gauche, elle semble décidément résolue à oublier les divisions, voire les injures, à l’occasion antisémites de la part des mélenchonistes contre Raphaël Glucksmann ou le député socialiste Jérôme Guedj, qui avaient émaillé la campagne des européennes. A l’intérieur du „nouveau Front populaire“ qui succède donc à la Nupes, c’est en effet La France insoumise qui, de nouveau, se taille la part du lion dans la répartition des investitures, avec 230 sur les 577 circonscriptions (elle en avait carrément exigé 300 au début des négociations) contre 170 au PS, 90 aux Verts et 50 aux communistes. Dont le secrétaire national Fabien Roussel parle de „négociations tendues“, qui se poursuivaient hier en soirée.
Il se confirme d’autre part que d’importantes (et potentiellement violentes) manifestations pourraient avoir lieu prochainement contre le Rassemblement national et l’éventualité de son succès législatif. Ce sera en particulier le cas samedi à Paris, où l’on attend quelque cent mille personnes et où un très fort dispositif policier va être mis en place. Et déjà, des rassemblements de moindre importance ont dégénéré en province, avec notamment des attaques de commissariats. Comme si, décidément, les retombées de la décision du président Macron de dissoudre l’Assemblée n’étaient pas près de s’apaiser.
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