Festival / Où est le cool? La treizième mouture du LuxFilmFest
Il aura fallu attendre la treizième édition pour que le LuxFilmFest retrouve, pour la première fois depuis 2019, un véritable retour à la norme – même si le monde, lui, continue à partir en vrille. Pour fêter cela, les organisateurs nous ont présenté une programmation des plus alléchantes, pour laquelle les places sont mises en vente dès aujourd’hui.
Il semblerait bien que cette treizième édition du LuxFilmFest soit la première (depuis celle, fatidique, en 2020, interrompue en plein milieu) à ne subir – croisons les doigts – aucune répercussion grave de l’actualité extérieure: pas de pandémie qui force à fermer ou à reconceptualiser la façon de vivre un festival, pas de polémique liée à des films russes bannis de la programmation à la dernière minute, raison pour laquelle ce qui pourrait bien être la conférence de presse annuelle la plus longue du milieu culturel s’est déroulée sans accrocs, avec son lot de discours inauguraux plus importants et plus consensuels que jamais en cette année électorale.
Si Georges Santer insistait sur le nouveau jury FIPRESCI, qui rassemble des critiques internationaux, et l’importance accordée depuis longtemps par le LuxFilmFest aux questions de parité, la ministre de la Culture Sam Tanson („déi gréng“) attira l’attention sur le fait que le magazine Movie Maker avait classé le LuxFilmFest parmi les 25 festivals du film les plus cool qui soient.
Christophe Eyssartier, responsable national du groupe Kinepolis, assure se réjouir du partenariat entre le festival et ses cinémas, évoquant le succès du LuxFilmLab – la dernière séance, où fut montré le très réussi „The Whale“ de Darren Aronofsky, affichait complet –, qui donne une continuité au festival tout au long de l’année en présentant à l’Utopia des films qui auraient pu faire partie de la programmation festivalière, Eyssartier précisant toutefois que le niveau de fréquentation des salles n’en est pas encore à la norme prépandémique, un fait désolant auquel le festival pourrait, espérons-le, remédier.
Après ce ballet de discours parfois un peu dispensables au vu donc de la longueur de cette conférence, le plat de résistance – donc la programmation – fut une fois de plus présenté par Alexis Juncosa, qui commença par remercier son comité de sélection, qui s’est tapé pas moins de 900 films, dont 150 soumissions directes.
Faute de disposer d’autant de place que Juncosa de temps, nous nous contenterons d’évoquer ici les deux compétitions, le volet luxembourgeois ainsi que les trois films-cadres qui ouvrent et clôturent le festival et accompagnent la remise des prix, à quoi s’ajoutent la sélection officielle Hors Compétition et les sempiternels partenariats, qu’on vous laisse découvrir sur le site du festival et dont on reparlera en longueur à l’occasion.
En guise d’ouverture donc, le nouveau François Ozon, „Mon crime“, film noir qui voit le réalisateur français continuer son rythme stakhanoviste d’un film par an après le plutôt réussi „Peter von Kant“, qu’on avait découvert à la Berlinale il y a un an.
Accompagnant la remise des prix, le nouveau long-métrage de Margarethe von Trotta, „Ingeborg Bachmann – Journey Into the Desert“, une production AMOUR FOU qui sera aussi en compétition à la Berlinale et dont on vous dira donc notre verdict bien avant que vous aurez l’occasion de voir Vicky Krieps incarner Bachmann sur les écrans grand-ducaux.
Enfin, pour clore le festival en beauté, „A Good Person“, nouveau long-métrage de Zach Braff, qu’on connaît encore de la série Scrubs et dont tout le monde ou presque avait aimé „Garden State“, raison pour laquelle ce film sur la résilience avec Florence Pugh et Morgan Freeman est attendu au tournant – et le LuxFilmFest sera, pour l’instant, l’endroit où vous pourrez le voir avant tout le monde.
Le Luxembourg à l’honneur
En compétition officielle, pas moins de trois films sont des (co-)productions luxembourgeoises: „Maret“ (produit par Red Lion), deuxième long-métrage de Laura Schröder, raconte l’histoire d’une femme qui, ayant perdu la mémoire des vingt dernières années de sa vie, procède à une greffe neuronale; „Blind Willow, Sleeping Woman“ de Pierre Földes (coproduit par Doghouse) est un film d’animation qui évoque comment le tsunami et le tremblement de terre de 2011 affecta la vie de la population tokyote et, enfin, „The Kings of the World“ (coproduit par Iris) raconte l’histoire d’un jeune homme vivant dans les rues de Medellín à qui le gouvernement promet de pouvoir acquérir un terrain duquel sa famille a été chassée.
Au-delà des productions liées au grand-duché, on aura le plaisir de découvrir „1976“ de Manuela Martelli, qui se passe trois ans après le coup d’État de Pinochet, „Autobiography“ de Makbul Mubarak, où un ancien général demande à un jeune Indonésien d’incarner son jeune alter ego dans un film de propagande réalisé pour des élections à venir (peut-être une source d’inspiration pour les campagnes électorales grand-ducales à venir?), „I Have Electric Dreams“ de Valentina Maurel, un film coming of age dans un contexte de divorce et de … chats, „Leonor Will Never Die“ de Martika Ramirez Escobar, film foutraque sur une cinéaste qui tombe dans le coma après qu’un téléviseur lui soit tombé sur la tête (l’année dernière, c’étaient les climatiseurs), „The Quiet Girl“ de Colm Bairéad, sur une fille effacée et négligée par sa propre famille qu’on envoie vivre chez des parents éloignés et, enfin, „World War III“ de Houman Seyedi, un film sur un travailleur journalier qui découvre que le chantier sur lequel il travaille est le lieu du tournage d’un film sur les crimes de Hitler.
Pour les sept films en compétition documentaire, on est une fois encore aux prises avec l’actualité avec des longs-métrages qui évoquent le terrorisme („Rojek“, qui va à l’encontre des membres de l’État islamique et de leurs femmes détenues dans des camps), le racisme („Riotsville, USA“, sur la militarisation de la police et les soulèvements des années 1960) et les incendies („Paradise“, sur des régions abandonnées au fin fond de la Sibérie dont les habitants doivent affronter des incendies sans secours extérieur) là où trois autres documentaires évoquent de façon plus ou moins métaphorique la situation politique ou sociale de leur pays: „Silent House“ raconte l’histoire récente de l’Iran à travers une maison centenaire à Téhéran, „We Students“ la vie estudiantine en République centrafricaine et „We Will Not Fade Away“ le départ dans l’Himalaya d’une bande d’ados de la région du Donbass. Quant à „De Humani Corporis Fabrica“, il explore, pendant 115 minutes ce paysage inouï qu’est … la chair humaine.
Au-delà des multiples productions luxembourgeoises disséminées un peu partout à travers la programmation, on trouvera „Kommunioun“, le nouveau film de Jacques Molitor qui, après la série „Coyotes“ (à voir sur Netflix), travaille sur un film de genre qui promet d’être sanglant, „The Magnet Man“ de Gust van den Berghe, film sur un enfant magnétique qui attire les ustensiles de cuisine et qui, dans le contexte de la Première Guerre mondiale, entre en contact avec un cirque itinérant, „The Invitation“ de Fabrizio Maltese sur un projet de film de l’acteur mauritanien Abderrahmane Sissako et du regretté Pol Cruchten, le film d’animation „My Love Affair With Marriage“ de Signe Baumane, „Ailleurs si j’y suis“ de François Pirot et, enfin, „Lost Transport“ de Saskia Diesing, qui raconte l’histoire véridique du déraillement d’un train transportant une centaine de prisonniers juifs près d’un village allemand occupé par l’Armée rouge.
Encore plus de courts-métrages
Finalement, face à un choix de plus en plus grand, la fameuse soirée dédiée aux courts-métrages de réalisateurs et réalisatrices luxembourgeois sera cette fois-ci scindée en deux afin de pouvoir en montrer encore plus – on y découvrira, outre des noms déjà connus comme Gintaré Parulyté ou Roxane Peguet, qui avaient présenté des productions l’année dernière, son lot de nouveaux noms.
Enfin, le jury international, présidé par le légendaire Asghar Farhadi, dont il ne faudra surtout pas rater la masterclass le 11 mars, est constitué de l’actrice luxembourgeoise Marie Jung (qui joue actuellement dans „Schwester von“, encore à voir aujourd’hui au Kasemattentheater), du comédien Niels Schneider, de la scénariste et productrice Sylvie Pialat et, last but not least, de Nadav Lapid, réalisateur israélien qui a signé des films comme „Synonymes“ (Ours d’or à la Berlinale en 2019) et „Le Genou d’Ahed“ (en compétition à Cannes en 2021), deux films on ne peut plus critiques envers son pays natal.
Plus d’infos sur luxfilmfest.lu
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