Festival de Cannes / Passion (pas si) simple
„The Story of my Wife“ est une dissection calme et impitoyable du sentiment amoureux et de son revers proustien, la jalousie. Malgré quelques longueurs, le film fascine par le jeu des acteurs et sa maîtrise cinématographique.
A l’opposé du délirant „Red Rocket“, qui fut projeté le même jour, „The Story of my Wife“ est une déambulation mélancolique en sept chapitres qui fait la dissection méticuleuse d’une vie de couple. Le tout commence alors que le capitaine Jakob Störr (Gijs Naber) commence à souffrir du mal de mer et que Habib, le cuistot du navire, lui conseille de se marier – cela aiderait. Alors qu’il déjeune avec un homme d’affaires louche qui versera plus tard dans le trafic de cocaïne, ce dernier lui suggère de prendre pour épouse la première femme à croiser son chemin. Chose dite, chose faite – car, comme la logique scénaristique du film le veut, c’est à ce moment qu’arrive Lizzy (Léa Seydoux), dont il chassera un admirateur pour la demander en mariage.
Le film abandonne assez vite sa loufoquerie initiale pour se focaliser sur cet étrange couple – Jakob s’absentant souvent pendant des mois, il se rendra compte assez vite qu’il ne connaît rien ni du passé ni du présent de son épouse, qu’il soupçonne d’être une séductrice débauchée, Jakob voyant d’un très mauvais œil la relation entre Lizzy et un écrivain qui affirme avec fierté ne rien foutre dans sa vie (délicieusement détestable: Louis Garrel).
„The Story of my Wife“ est le portrait d’un homme vertueux et honnête, que la passion qu’il éprouve ronge et détruit lentement. Sans juger, le film suit le lent cheminement du couple vers son inévitable dissolution et décortique le sentiment amoureux jusque dans son revers proustien: en fin de compte, c’est la jalousie, qui dérive de la certitude de ne jamais vraiment pouvoir connaître l’autre, même ou précisément quand c’est votre partenaire, qui mine et sabote leurs existences, enveloppant toute l’existence du couple d’une fine couche de mélancolie et de colère. Si le film a quelques longueurs (il dure presque trois heures), sa lenteur est aussi une de ses qualités, puisque c’est avec patience et un classicisme formel qu’il suit ses personnages pour une œuvre sur l’amour que Proust qualifiait de maladie et dont les différentes phases et symptômes sont ici captés par un beau film sur ce que la vie en couple dévoile sur les peurs indicibles qui logent au plus profond de nous.
„The Story of my Wife“ d’Ildikó Enyedi, en competition, 3/5
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