„Tête-à-tête“ aux Rotondes / Quotients intellectuels artificiels
„Tête-à-tête“, c’est le nom d’une exposition que les Rotondes dédient aux émotions humaines à l’ère du numérique dans le cadre du festival Multiplica.
Né il y a quatre ans, Multiplica, le festival qui interroge les réalités numériques de notre société, se prolonge jusqu’au dimanche 5 mars à travers l’exposition „Tête-à-tête“. Multiplica cherche plutôt à explorer des alternatives à l’idéologie du progrès technologique plutôt que d’en faire l’apologie. Et c’est justement ce qu’il atteint avec l’exposition ouverte vendredi dernier et qui ferme déjà ce dimanche.
L’installation de Filipe Vilas-Boas qui nous cueille à l’arrivée dans l’espace d’exposition est la quintessence de l’esprit espiègle qui règne en chacune des œuvres. Le visiteur est invité à se mettre face un écran dans lequel il voit son image captée par une caméra qui scrute aussi ses émotions. Les mouvements du visage font varier les résultats parmi huit émotions. C’est l’émotion principale qui est mentionnée (en pourcentage) et qui fait évoluer dans de semblables proportions la musique que la personne scrutée entend dans un casque qu’on lui pose sur les oreilles. Le dispositif est constitué d’une machine qui détecte les émotions et une intelligence artificielle entrainée sur un corpus de piano mondial à composer.
La machine est imparfaite. L’œuvre est autant une prouesse qu’une mise en garde contre les illusions de la technologie. „Le défaut du secteur est souvent de faire la publicité des technologies. Questionner leur usage est au cœur de ma pratique“, explique Filipe Vilas-Boas. „Et ici je suis parti d’un usage policier pour le tirer du côté des émotions humaines, pour emprunter un chemin qui n’est pas assez emprunté par l’automatisation cognitive.“ C’est ainsi que sa création est désormais utilisée dans le cadre de soins cognitifs.“ Mais elle fait du bien aussi au plus grand nombre. „Cette œuvre pousse à interroger notre connexion à nos émotions.“
Quand les machines dessinent
A l’autre extrémité d’un parcours qui propose une interaction entre un chanteur et son auditeur (Zahra Poonawala), explore les rapports entre un robot et un comédien (Justine Emard), mesure et met en musique l’activité cérébrale de deux êtres se touchent, dans ce qui semble une référence à Alvin Lucier (Lancel/Maat) et dénonce les usages de l’intelligence artificielle dans les ressources humaines (Simone C. Niquille) se trouve la classe surréaliste de Patrick Tresset.
L’œuvre „Human study“ dont il s’agit est née d’une recherche doctorale, sur la manière dont on peut programmer des machines à dessiner. „La première fois que j’ai exposé, j’ai vu l’effet que ça faisait sur le public. Et j’ai commencé à raconter une histoire“, explique l’artiste basé à Bruxelles. Le spectateur est invité à s’asseoir sur une geste. Trois bras articulés, relié chacun à un pupitre d’écolier, se mettent à dessiner son portrait (qu’on peut acheter ensuite). L’artiste a enseigné aux machines à dessiner selon sa propre technique. Elles semblent exaucer son aspiration à la spontanéité qui était la sienne en tant que peintre. „J’essaie de créer un trouble. Le dessin est quelque chose de très humain.“ Mais il n’est pas sûr que ces machines aient l’inconscient qu’on est tenté de leur prêter.
Infos
Aux Rotondes à Bonnevoie, vendredi de 17 à 19 h, samedi de 15 à 19h, dimanche de 11 à 17 h (visite guidée à 11 h).
- Un livre sur le colonialisme récompensé – Le choix de l’audace - 14. November 2024.
- Trois femmes qui peuvent toujours rêver: „La ville ouverte“ - 24. Oktober 2024.
- Une maison à la superficie inconnue: Les assises sectorielles annoncent de grands débats à venir - 24. Oktober 2024.
Sie müssen angemeldet sein um kommentieren zu können.
Melden sie sich an
Registrieren Sie sich kostenlos