Forum / Sur les dangers du culte de la personnalité en politique
Après l’accession d’Hitler au pouvoir dans le Reich allemand en janvier 1933, il n’a fallu que quelques semaines à lui et à son parti pour mettre fin à la démocratie. Ensuite, les nazis ont commencé à éliminer tous les ennemis politiques, réels et potentiels, à l’intérieur du pays.
Le jour de la mort du président Hindenburg, le 2 août 1934, Hitler réalise son objectif de s’installer comme seul et unique maître à la tête du Reich allemand. Il dissout la présidence du Reich et s’octroie le titre de „Führer et chancelier du Reich“.
Le même jour, le commandement de la Reichswehr (future Wehrmacht) propose que le serment militaire ne soit plus prêté sur la Constitution, mais sur la personne d’Adolf Hitler. Ce serment consolida définitivement la dictature totalitaire des nazis, axée sur une seule personne. Hitler n’avait pas l’intention de lier sa volonté de chef absolu aux normes écrites d’une nouvelle constitution, même si celle-ci était d’orientation nazie. La parole du Führer avait désormais force de loi.
Avant Hitler, Mussolini était déjà devenu une figure de culte absolue en Italie dans les années 1920. Mussolini était à cet égard le modèle d’Hitler, qui disait de lui qu’un homme comme Mussolini ne naissait qu’une fois tous les 1.000 ans.
Trump, le protégé de „Dieu“
Actuellement, nous sommes à nouveau confrontés à un tel phénomène de culte de la personnalité irrationnel, et ce, dans le pays le plus puissant du monde, les Etats-Unis d’Amérique.
Donald Trump l’avait déjà compris lors de la campagne présidentielle de 2016. Lors d’une réunion électorale au collège universitaire chrétien Dordt à Sioux Center, Iowa, il avait déclaré le 23 janvier 2016: „I could stand in the middle of Fifth Avenue and shoot somebody and wouldn’t lose any voters.“ („Je pourrais me planter au milieu de la Cinquième Avenue et tirer sur quelqu’un sans perdre d’électeurs.“)
Ce matin-là, Trump avait été présenté par l’influent prédicateur évangélique Robert Jeffreys, pasteur de la First Baptist Church à Dallas, Texas. Les évangéliques blancs américains attendaient à cette époque un leader masculin impitoyable, „donné par Dieu“. Peu avant les élections, Jeffreys a fait cette déclaration: „Je veux le fils de p***e le plus méprisant et le plus dur que je puisse trouver dans ce rôle, et je pense que c’est là que se trouvent beaucoup d’évangéliques.“ („I want the meanest, toughest, son-of-you-know-what I can find in that role, and I think that’s where many evangelicals stand.“)*
Le 28 août 2024, Trump a déclaré lors d’une interview dans l’émission „Dr. Phil Primetime“, qu’il était convaincu que Dieu l’avait préservé lors de la tentative d’assassinat le 13 juillet 2024, et ce, afin de sauver l’Amérique.
„Y a-t-il une raison pour laquelle vous pensez avoir été épargné?“, demanda le Dr. Phil.
Trump: „La seule chose à laquelle je peux penser, c’est que Dieu aime notre pays et qu’il pense que nous allons récupérer notre pays. (…). Ce qui se passe en ce moment est tellement grave. Quand on regarde la criminalité, les choses horribles qui se passent dans notre pays. Et cela peut être résolu, cela peut être résolu très rapidement.“ (N.d.A.: sous la présidence Biden-Harris la criminalité a considérablement baissé). Pour continuer: „Il faut que ce soit Dieu! Comment peut-on dire que c’était de la chance quand les probabilités sont de 20 millions contre un? Ce n’est pas possible que je fusse dans cette position. C’est la seule position où cette balle a pu me manquer.“
Dans cette même interview avec le Dr. Phil, Trump a déclaré qu’il gagnerait même l’Etat progressiste de Californie „si Jésus comptait les votes“.
Les garde-fous de la démocratie américaine tiendront-ils?
Même si l’Histoire ne se répète pas et ne peut pas se répéter, il existe des similarités avec les périodes antérieures. En cas de réélection de Trump, les Etats-Unis d’Amérique seraient confrontés à une tentative (déjà annoncée) de saper complètement la démocratie américaine. Le criminel narcissique Trump tentera, avec l’aide de forces chrétiennes nationalistes rétrogrades et ultra-réactionnaires, de transformer l’Etat américain de sorte que le président soit au-dessus de toutes les lois et que ses subordonnés ne soient redevables qu’à lui seul. D’ailleurs, Trump a déjà promis à ses adeptes évangéliques que 2024 serait la dernière fois qu’ils devraient aller voter. Ensuite, le système serait si bien réparé („fixed“) qu’ils n’auraient plus besoin de voter.
Espérons que les garde-fous de la démocratie américaine soient plus solides que ceux de la République de Weimar il y a 89 ans. Il ne faut toutefois pas être trop optimiste. Au cours de son dernier mandat, Trump a nommé trois juges à la Cour suprême, créant ainsi une majorité ultra-conservatrice solide pour une longue période, puisque les juges de la Cour suprême ont un mandat à vie. Les juges conservateurs étant largement à la solde de Trump, l’indépendance de la justice ne serait plus garantie au plus haut niveau de l’Etat fédéral en cas de sa réélection.
Même pendant la présidence Biden, la Cour suprême était aux ordres de Trump. Non seulement a-t-elle annulé en 2022 le droit constitutionnel à l’avortement, en vigueur depuis près d’un demi-siècle, mais plus récemment, le 1er juillet 2024, elle a accordé à l’ancien président une immunité substantielle pour des accusations de subversion électorale.
En réaction, le président Biden a déclaré que cette décision sapait l’Etat de droit et créait un précédent „dangereux“.
„La décision d’aujourd’hui signifie presque certainement qu’il n’y a pratiquement aucune limite à ce que le président peut faire“, a déclaré le président Biden. „Le pouvoir de la fonction ne sera plus limité par la loi, y compris par la Cour suprême des Etats-Unis. Les seules limites seront celles que le président s’imposera à lui-même.“
En raison de la personnalité narcissique et revancharde de Trump, il est à craindre qu’il ne s’impose aucune contrainte à lui-même s’il revenait à la Maison-Blanche.
* Source: Kobes du Mez, Kristin, Jesus and John Wayne, How white evangelicals corrupted a faith and fractured a nation, New York, London 2020.
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