France / Thierry Breton, une démission de la Commission très commentée à Paris
La „démission à effet immédiat“ de Thierry Breton de son poste de commissaire européen chargé du vaste et très important secteur du marché intérieur a fait grand bruit à Paris dans les milieux politiques. Pourtant fort occupés, actuellement, par l’interminable feuilleton ouvert en juin dernier avec la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Macron. Et cela pour trois raisons au moins.
La première est qu’il s’agit à l’évidence du résultat d’un „lâchage“ du brillant commissaire par le chef de l’Etat, et non d’un coup de tête de M. Breton. Lequel était certes connu pour avoir son franc-parler, une haute idée de lui-même et un caractère parfois ombrageux, qui l’opposait de plus en plus souvent et rudement à la présidente Ursula von der Leyen. Mais le démissionnaire avait aussi mené – et bien – certains combats difficiles, par exemple contre les géants américains de la haute technologie (les fameux GAFA), ou pour la coordination des achats européens de vaccins face au coronavirus, la mobilisation des industries du continent pour aider l’Ukraine à se défendre contre l’invasion russe, etc.
En second lieu, le président français n’a pas, c’est clair, manifesté beaucoup de solidarité ou d’empathie lors des attaques de Mme von der Leyen contre „son“ commissaire, ni lors de l’affrontement qui avait opposé Thierry Breton à Elon Musk (dans cette dernière circonstance, il a même été agacé que le premier s’en prenne au second sans en avoir référé à l’Elysée!). Mais il a formellement confirmé, en juillet encore, que le titulaire en poste restait le candidat de la France pour se succéder à lui-même dans le nouveau collège des commissaires tel qu’il a été présenté hier. Même si l’opinion française s’est habituée de longue date à certaines incohérences et volte-face élyséennes, cette attitude à double détente intrigue.
Et du coup – troisième raison de s’étonner de cette démission à l’évidence forcée – beaucoup commencent à s’interroger sur la raison pour laquelle le chef de l’Etat a, au fond, cédé à la pression de la présidente de la Commission (certains parlent même de „chantage“). L’explication la plus souvent avancée est que, désavoué très largement et à deux reprises par les électeurs, tant au profit du Rassemblement national (y compris sur le terrain de l’UE, justement) que du Nouveau Front populaire, Emmanuel Macron ne se sent plus en mesure d’assumer un rôle majeur sur la scène européenne, et juge plus prudent, au moins dans l’immédiat, d’y jouer profil bas. Pourtant, certaines déclarations flamboyantes où transparaissait une ambition exactement contraire ne sont pas si loin, comme les deux „discours de la Sorbonne“ de 2017 et 2024 …
Macron veut-il réaffirmer son autorité?
A quoi on peut ajouter une considération relevant plutôt de la politique intérieure. En „lâchant“ Thierry Breton, deux mois à peine après l’avoir au contraire confirmé à son poste, le président de la République peut avoir pensé qu’il réaffirmerait ainsi une autorité qui actuellement lui échappe, une sorte de „droit aux caprices“ dont la soudaine dissolution de l’Assemblée aura été, en juin dernier, l’une des illustrations les plus spectaculaires … et les plus désastreuses pour lui. Et cela d’autant plus que le nouveau premier ministre Michel Barnier ne perd pas une occasion, avec certes une parfaite courtoisie, d’affirmer les siennes face à l’Elysée.
En outre, le remplacement quasi instantané de M. Breton par le ministre des Affaires étrangères du gouvernement démissionnaire, Stéphane Séjourné, illustre lui aussi que le chef de l’Etat entend bien faire respecter ses droits – fût-ce avec moins de courtoisie à l’égard de son premier ministre que ce dernier dans l’autre sens. Et cela en envoyant siéger à Bruxelles un de ses féaux les plus absolument fidèles, mais dont on dira avec indulgence qu’il n’a pas eu, au Quai d’Orsay, le temps de faire la démonstration de compétences particulières sur les questions internationales. La présidente de la Commission assure que M. Séjourné hérite d’attributions très importantes avec la „stratégie industrielle“ de l’Union. En fait d’héritage, il risque tout de même d’avoir fort à faire pour inscrire ses pas dans ceux de son prédécesseur.
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