/ Une nouvelle ère commence – l’usine Liberty Steel à Dudelange a été officiellement inaugurée
Pour son premier passage dans l’usine qu’il a rachetée à ArcelorMittal en juillet, le milliardaire Sanjeev Gupta avait bien un message à faire passer. Mais pas d’investissement à communiquer.
Par Jérôme Quiqueret
Le 1er juillet, le groupe que dirige le milliardaire indo-britannique, Sanjeex, GFG Alliance, acquérait sept installations d’ArcelorMittal pour un investissement de 740 millions d’euros. Deux mois plus tard, il a annoncé sa volonté d’investir 400 millions d’euros dans les cinq prochaines années, pour mettre à niveau les appareils de production et pouvoir augmenter leurs ventes de 50% dès 2022.
Pour marquer le coup, Liberty Steel, qui gère l’activité sidérurgique de GFG Alliance, a organisé une tournée inaugurative. La semaine dernière, elle est passée par les sites de Piombino en Italie, Skopje en Macédoine, Ostarava en République tchèque et Galati en Roumanie. Cette semaine était consacrée aux trois usines d’Europe du Nord: Frémalle et Tilleur dans la banlieue de Liège lundi, et Dudelange mardi.
Deux millions de tonnes d’acier par an pour six produits différents
La halte luxembourgeoise ne fut pas la plus généreuse en annonces. Le 17 septembre, dans la ville toscane de Piombino, Sanjeev Gupta proposait un investissement de 15 millions d’euros. A Liège, lundi, il a annoncé un investissement de six millions d’euros sur le site de Tilleur, pour produire des tôles en fer blanc sans chrome pour le marché alimentaire, et une remise en service d’une ligne de galvanisation sur le site de Frémalle. Pour le site de Dudelange, il faudra attendre la fin des cent jours que le groupe s’est donnés pour analyser la situation les perspectives de développement de chaque site, pour savoir ce que le plan de relance réserve à l’usine de Dudelange.
Le destin de cette dernière est lié aux installations liégeoises, avec lesquelles elle forme l’entité autonome Liberty Liège Dudelange. A elles trois, elles comptent dix lignes de production, pour une capacité de deux millions de tonnes d’acier par an pour six produits différents. Leur chiffre d’affaires annuel atteint 1,2 milliard d’euros. Elles comptent 1.300 emplois directs et indirects.
L’avenir de l’industrie
Cette „entité unique, efficace et cohérente“, doit devenir „le fer de lance de l’activité revêtement de Liberty Steel en Europe du Nord“, a déclaré son administrateur délégué, Frédéric Tancrez. Le produit-phare de l’usine de Dudelange, „le revêtement alu-zinc aux propriétés anti-corrosives excellentes et à l’aspect de surface esthétique“, apprécié dans la construction, en sera l’un des atouts. De futurs investissements à Dudelange devraient ainsi viser sa production.
Arborant des boutons de manche à l’effigie de la Cambridge University, où il étudiait quand il posa à 17 ans la première pierre de son empire en créant la société Liberty House, Sanjeev Gupta a commencé son discours par une déclaration de foi dans l’industrie en Europe. „Le déclin de l’industrie que nous observons depuis deux décennies a répandu l’idée qu’elle n’était pas viable en Europe. Nous ne partageons pas cette vue. Nous pensons qu’elle a un avenir. Cela requiert des investissements. Cela requiert de nouvelles façons de penser, et, peut-être, d’adopter de nouvelles technololgies.“
Un dragon à trois têtes
Le milliardaire considère la crise actuelle du secteur comme la pire depuis 2008. Elle complique les défis à relever qu’il décrit comme un „dragon à trois têtes“: les coûts de production élevés, les taxes pour les émissions de carbone (qui représentent plus de 10% des coûts), ainsi que l’importation d’acier à plus faible coût.
Le milliardaire ne conteste pas le bien-fondé des taxes sur les émissions de CO2. Son groupe mise sur la durabilité environnementale et développe le concept d’acier vert, qui répond aux objectifs d’une économie circulaire. Sanjeev Gupta n’oublie pas non plus de mentionner la durabilité sociale et de dire, partout où il passe, son respect pour le travail des travailleurs hautement qualifiés des usines qu’il a acquises.
L’immigration est bienvenue à Dudelange
Dans son intervention, le bourgmestre socialiste de Dudelange, Dan Biancalana, l’a d’ailleurs invité à entretenir le dialogue social cher au pays. Il a rappelé que la zone industrielle Wolser sur laquelle est implantée l’usine est une réponse commune des secteurs public et privé à la crise sidérurgique des années 70.
Le bourgmestre a aussi évoqué le passé migratoire de sa ville, pensant sans doute toucher une corde sensible du natif d’Inde que son père a envoyé étudier en Angleterre quand il avait douze ans. „A Dudelange, nous percevons l’immigration comme une ressource et non comme une menace. D’autres pays européens ont d’autres visions et opinions à ce sujet“, a-t-il expliqué. „Dudelange est une ville très ouverte, très tolérante, faite d’une centaine de nationalités qui coexistent et vivent dans la diversité et dans une très forte cohésion sociale.“
Vers une industrie neutre climatiquement
Toutes ces paroles n’ont pas déplu à Alain Rolling, présent dans l’assistance. Mais ce secrétaire central adjoint du syndicat OGBL attend désormais les actes. Ils doivent passer par „des investissements, dans le site et dans les travailleurs“. Il faut investir dans le site en machines et dans les travailleurs en termes de formations. Dans les deux cas, il s’agit d’avancer dans la transition vers une industrie neutre climatiquement.
Il y a d’autant plus urgence que depuis qu’ArcelorMittal, il y a deux ans, a décidé de lâcher le site pour pouvoir acheter celui de Tarante en Italie, il l’a délaissé. De plus, par la vente, l’usine de Dudelange a gagné un investisseur mais aussi un nouveau concurrent: ArcelorMittal justement.
„L’union fait la force“
Le syndicaliste évoque l’inquiétude, légère, que dans le package d’investissements prévu pour les sites belges et luxembourgeois, Dudelange et ses 300 salaires s’en sorte le moins bien. Ce serait une erreur, explique Alain Rolling: „On sait très bien que l’un dépend de l’autre. L’union fait la force. Seulement ensemble on peut grandir.“
Les syndicats auront en tout cas rapidement l’occasion d’analyser la réalité de l’attachement du milliardaire au dialogue social. Le hasard fait que les discussions pour le renouvellement de la convention collective doivent commencer d’ici la fin de l’année …
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Une nouvelle ère indienne!