Exposition / Au temps d’Adam Sigmund von Thüngen
Le Musée Dräi Eechelen explore la période 1716-1741 durant laquelle la forteresse de Luxembourg a connu sa plus grande extension.
Dans l’histoire de la muséologie, on aura vu titre plus attirant que celui de l’exposition „Sub umbra alarum“ du Musée Dräi Eechelen (M3E). Heureusement, le sous-titre, „1716-1741, Luxembourg, forteresse des Habsbourg“ renonce au latin, mais n’en rend pas moins ésotérique le propos. L’exposition part néanmoins d’une très bonne intention: documenter la période de l’histoire durant laquelle la forteresse de Luxembourg a crû le plus. Et si c’est le cas, c’est parce que l’année 1716, voit un changement de souveraineté en passant des mains de la France pour revenir aux Habsbourg. Et avec elle, c’est aussi la menace qui change de direction. Quand elle était française, la forteresse s’est renforcée vers l’ouest et le nord. Mais maintenant qu’elle est passée dans les mains de l’ennemi, c’est du côté de la France, au sud, qu’il faut la renforcer. De 1726 à 1740, jusqu’à huit ingénieurs et 1.200 soldats et ouvriers agrandissent le réseau des mines sous les forts, créent des écluses dans les vallées, modernisent les installations existantes et construisent de nouveaux forts. Pour le Musée Dräi Eechelen une telle exposition fait d’autant plus sens qu’il est installé dans un réduit construit justement durant cette période.
Les ouvrages militaires ont l’avantage sur d’autres bâtisses moins stratégiques d’être dûment documentés. Et les forteresses d’une importance capitale comme en revêtait celle de Luxembourg font l’objet de plans nombreux très précis. L’exposition vaut ainsi beaucoup pour les plans qu’elle présente. Mais elle entend aussi restituer l’importance des principaux artisans de l’extension des fortifications. Ce sont des personnes qui ont survécu à l’oubli grâce aux forts et aux rues qui portent leurs noms. L’exposition et le riche catalogue qui l’accompagne entendent leur redonner de l’épaisseur.
L’honneur retrouvé de Simon de Bauffe
Elle rappelle également l’importance d’un personnage passé sous les radars, l’ingénieur Simon de Bauffe, mort en 1738, au détriment de Von Thüngen qui avait la garnison et non les fortifications dans ses compétences. De Bauffe est le personnage principal d’un film historique qui accueille les visiteurs. C’est aussi la figure de la sœur aînée de l’Empereur, Marie Elisabeth, la nouvelle gouvernante aux affaires à Bruxelles dès 1733 qui est rappelée. L’exposition est faite de nombreux tableaux de représentants militaires, d’objets qui leur ont appartenu et de mots qu’ils ont pu écrire ou qu’on a pu écrire sur eux. Il faut voir aussi un très beau cuir de Cordoue de l’abbaye d’Echternach pour exprimer l’importance et la richesse des réseaux religieux.
Malheureusement, on n’en saura pas plus sur ce que ce renforcement des fortifications avait pour conséquence dans l’usage de la ville par ses habitants, ni comment ceux-là ont pu percevoir ces fortifications. Dans l’histoire du Luxembourg, dès que l’on remonte au-delà du XVIIIe siècle, souvent le peuple disparaît. Et cette exposition ne fait rien contre cet oubli.
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