Festival de Cannes / Bras cassés: la compétition officielle entre questions sociales et envolées lyriques
Dans sa deuxième moitié, la compétition officielle prend son envol et propose quelques pépites cinématographiques, dont l’immense „Leila’s Brothers“ de Saeed Roustayi, qui est, pour l’instant, avec „Close“ de Lukas Dhont, notre favori pour la Palme d’Or.
Ça commence par une usine qui ferme, brutalement, l’entreprise ayant fait faillite et se voyant obligée de licencier ses ouvriers, qui commencent à se révolter, cassant du matos à tout-va jusqu’à l’incendie. La caméra suit un homme au milieu du tumulte qui prend la poudre d’escampette et à qui on reproche d’être un trouillard – c’est Alirezah (Navid Mohammadzadeh), l’un des quatre frères de Leila (excellente: Taraneh Alidousti).
Montée en parallèle, une deuxième scène voit le fils d’un patriarche décédé il y a un an confronté aux implorations de la famille: il faut nommer un successeur, cela ne peut plus attendre, il y a des mariages en attente, qui ne peuvent pas se dérouler sans cette nomination.
Au milieu de tout ce pétrin, un homme courbé, malade, semble un peu à l’écart des débats. C’est Heshmad, le père de Leila (Saeed Poursamimi), qui ne rêve que d’une chose: devenir parrain à la place du parrain. Il semblerait pourtant qu’il ait peu de chances qu’il occupe cette position, sa famille ayant une réputation de fauchés, de paumés, de chômeurs, de bras cassés.
Alors qu’il réintègre le foyer familial, Alirezah a tout loisir de vérifier le bienfondé de ces ragots: Parviz (Farhad Aslani), obèse, père de cinq gosses, travaille dans les chiottes d’un centre commercial, Farhad (Mohammad Ali Mohammadi), musclé mais pas bien futé, est au chômage alors que Manouchehr (très drôle: Payman Maadi), le plus futé des trois, qui a acheté à prix élevé un taudis auquel on ne peut accéder que par un ascenseur extérieur bancal, enchaîne les plans de business crapuleux.
L’un de ces plans, orchestré par son voisin, est d’ailleurs censé les sortir du pétrin, qui consiste à vendre en leasing des voitures qui ne seront jamais livrées, l’astuce consistant à arnaquer un maximum de gens avant de faire passer la patate chaude au prochain arnaqueur – jusqu’à ce que tout l’édifice s’écroule, laissant le dernier escroc de la chaîne se démerder avec ses escroqueries, auxquelles viendront s’ajouter celles de ses prédécesseurs.
Leila, boniche de la maison, qui se fait traiter comme une merde par des parents au comportement méprisant, profite du retour d’Alirezah pour concocter un plan: comme on compte réaménager les chiottes du centre commercial afin d’y installer un espace de vente supplémentaire, Leila encourage ses frères à tout faire pour amasser le pactole nécessaire afin de pouvoir ouvrir une boutique dans ce centre commercial prestigieux.
De cette course pour le fric, on retiendra le contraste entre le centre commercial pimpant et la bicoque dans laquelle vit et travaille la famille, les hiérarchies sociales s’exprimant au mieux par deux ascenseurs qui apparaîtront dans le film – le premier, qu’ils utiliseront pour monter vers le bureau où le voisin escroque de pauvres futurs non-propriétaires de voitures, n’est fait que pour jeter de la poudre aux yeux, le deuxième, plus monte-charge brinquebalant qu’autre chose, est le seul moyen qu’a Manouchehr pour rentrer chez soi.
Comme dans „Drive My Car“, il y a quelque chose d’éminemment, quoique de beaucoup moins ostentatoirement théâtral que dans le film de Hamaguchi, surtout lors des scènes qui mettent au centre le père de famille, sorte de personnage qui aurait pu sortir d’une pièce coécrite par Molière, Balzac et Tchekhov: le patriarche opiomane ne songe qu’à une reconnaissance tardive, devient sirupeux quand le fils du patriarche décédé l’incite en le flattant à devenir le nouveau parrain, accepte ce rôle malgré l’insuffisance des moyens de sa famille mais se montre immonde entre les quatre murs de sa maison décrépie.
Lors d’une scène de mariage filmée avec toute la lenteur que nécessite le déploiement d’une tragédie, „Leila’s Brothers“, dont le ton initial était celui d’une tragicomédie autour de bras cassés tels que les frères Coen savent en imaginer, bascule définitivement dans le tragique.
Car si Roustayi montre la colère et l’intransigeance d’une femme forte au sein d’une famille de lâches, une femme qui parvient à montrer à quel point toute sa fratrie s’est laissée manipuler par un père autoritaire et manipulateur, un père qui n’aurait pas supporté de voir ses fils faire mieux que lui, s’il montre une femme puissante qui n’a pas peur de dire à voix haute qu’elle souhaite que son père crève, il n’en laisse pas moins son frère Alirazeh, plus trouillard, plus faible – lors d’une scène forte, il admettra à sa sœur qu’il „déteste les gens faillibles“ et qu’il „se méfie des gens infaillibles“ –, pleurer son père lors d’une scène finale qui filme le décès d’un tyran sous la neige artificielle d’un anniversaire d’enfants.
Frère et sœur, 2.0
Après le décevant „Le petit Ahmed“, les frères Dardenne reviennent avec un film formellement simple et puissant. „Tori et Lokita“ (extraordinaires: Pablo Schils et Mbundu Joely) se sont rencontrés sur le bateau qui les amenait en Europe. Ils ont décidé d’être frère et sœur, ce que Lokita devra prouver aux autorités belges, sans quoi elle n’aura pas ses papiers.
Lors d’une première scène, on l’interroge – on cherche à savoir comment elle a fait pour retrouver son frère, un enfant-sorcier qu’on aurait abandonné dans un orphelinat, car on doute de son récit, on se doute qu’elle ment. Et elle finira par s’empêtrer dans les mailles de son récit-mensonge, ce qui l’obligera à trouver un autre moyen de régulariser sa situation, le peu d’argent qu’elle gagne en trafiquant de la drogue étant presqu’intégralement à verser à son passeur, un Africain peu scrupuleux.
Du coup, elle est obligée de multiplier les tournées de vente de coke orchestrée par un pizzaïolo sans scrupules, dans la cuisine duquel elle se rend avec Tori pour récupérer la came. A la fin du parcours, les deux sont payés un montant ridicule. La question rituelle de Tori – on peut avoir notre focaccia – est émouvante de naïveté, qui en dit long sur ce pizzaïolo dealeur qui ne prend même pas la peine d’y penser, à leur misérable part de focaccia.
Enfant-sorcier, Tori l’est un peu, au sens métaphorique du terme bien entendu, à qui on ne la fait pas: il est à la fois triste et impressionnant de voir le petit gamin se débrouiller dans le milieu de la drogue, vendre des boules de coke à des junkies ou fêtards aisés, tout comme il est émouvant de le voir recourir à des tours de passe-passe pour rejoindre sa sœur Lokita, partie pour trois mois cultiver de la marijuana dans des conditions inhumaines d’un hangar surchauffé – c’est le deal crapuleux qu’on lui a proposé afin de lui organiser des papiers plus ou moins officiels.
Autant le gamin, dans le dernier long-métrage des Dardenne, avait gêné, autant le personnage de Tori est terriblement attachant. Si les moments de loyauté entre Tori et Lokita sont aussi beaux, c’est parce que, précisément, on sait qu’ils ne sont pas faits pour durer: les frères Dardenne, dont la caméra colle aux dos des personnages, suivent leurs personnages dans le dédale cauchemardesque sans répit ni compassion inutiles. Ils ne sont pas là pour nous rassurer en suggérant que les réfugiés que nous exploitons connaissent des moments de belle solidarité et qu’en fin de compte, ils peuvent s’estimer heureux d’avoir atterri en Europe.
C’est bien le contraire et, après que le film se soit acheminé vers sa terrible et inexorable conclusion, après que la réalité du cauchemar qu’est leur parcours en Occident a été dévoilée dans toute sa cruauté, le spectateur réfléchira pour deux fois avant de refuser de prendre une jeune auto-stoppeuse.
„Somehow, anyhow“
Après un long-métrage de science-fiction surestimé („High Life“) et un mélo décevant présenté ce février en compétition à la Berlinale („Avec amour et acharnement“), Claire Denis enchaîne avec un 16e long-métrage qui, malgré des longueurs et certaines failles scénaristiques, convainc partiellement – grâce notamment à un personnage féminin intriguant.
Adaptant le roman de Denis Johnson sur ses déconvenues au Nicaragua dans les années 80, mais plongeant l’intrigue dans le contexte pandémique et féminisant son personnage principal – Claire Denis se fout d’ailleurs du degré de vraisemblance de son histoire, puisque la situation politique, qui restera pour le moins diffuse, a été transposée en 2021 sans qu’on ait l’impression que la réalisatrice se soit creusée la tête quant à la vraisemblance d’un tel changement d’époque –, „Stars at Noon“ se focalise autour de Trish Johnson (Margaret Qualley), une jeune Américaine mi-journaliste mi-pute qui a perdu sa carte de presse, se retrouve sans le sou – la monnaie locale est dévaluée et les dollars américains sont loin d’être monnaie courante – et sans identité, un homme politique à moitié sénile lui ayant pris son passeport et refusant de le lui rendre.
Ses deux seules connaissances sont ledit homme politique, qui ne bande pas, comme elle le précisera, et un policier dont elle écorche le nom, l’appelant Verge comme pour le réduire à la seule fonction qu’elle lui connaît. C’est d’ailleurs le trait principal de ce personnage séducteur, qui n’en fait qu’à sa tête, qui parcourt la ville comme si elle était un personnage de Malcolm Lowry, mieux: comme si elle était la version sexy de ce colonel toujours ivre de „Under the Volcano“ dont Lowry écrit qu’il se débrouille „somehow, anyhow“ à passer ses journées (traduisez: qui boit comme un trou, éclusant des verres de rhum comme si c’était de la flotte) et qui dégage une insolence d’autant plus charmante qu’il est clair qu’elle est son bouclier de protection émotionnel.
Ce bouclier s’effondrera quand elle fera la connaissance de l’énigmatique Daniel DeHaven (Joe Alwyn) dans le bar d’un hôtel pour Occidentaux, où elle traîne dans l’espoir de se faire payer des verres et de gagner 50 dollars en échange de son corps. Daniel dit travailler pour une compagnie de pétrole, porte un flingue – et se découvre des soucis avec les flics du Costa Rica. Tous deux, en beau couple tragique, se retrouvent cuits comme des rats, une maille invisible se refermant peu à peu sur eux, les forçant à déplacer leur QG dans le taudis qui sert de logement à Miss Johnson, puis à prendre la fuite.
Si ce film a maint écueils – il traîne en longueur sur sa fin, l’intrigue politique est pour le moins diffuse et peu cohérente, la population locale ne fournit quasiment que des figurants et/ou de la chair à canon –, „Stars at Noon“ dégage le même charme que son personnage principal: c’est un film éminemment sensuel (un aspect souligné par la magnifique bande-son des Tindersticks) qui, comme Trish Johnson, s’en fout de ce qu’on le prenne au sérieux, qu’on y croie ou non.
C’est aussi, toujours comme son personnage principal, un film elliptique, élusif, qui peut énerver, lasser, mais qui, de par sa nature digressive, déambulatoire, enchaîne des séquences de toute beauté – une course-poursuite bourrée à travers un marché local, un petit-déjeuner en rade où apparaît un Ben Safdie extraordinaire en agent de la CIA, qui paraît avoir pris goût au jeu d’acteur depuis „Licorice Pizzza“ – au cours de flâneries éthyliques dans un paradis qui devient peu à peu un enfer, rappelant en cela le caractère délicieusement je-m’en-foutiste de l’œuvre de Thomas Pynchon – ce en quoi il rejoint une autre coproduction francophone du festival, à savoir le tout aussi digressif et déstructuré „Pacifiction“, dont on reparlera dans notre prochaine édition.
Parcours stellaires et étoiles noires
Pour son film le plus émouvant, Valéria Bruni-Tedeschi puise dans ses souvenirs personnels pour reconstituer une ère enfouie – celle de jeunes acteurs qui ont figuré parmi l’une des deux promotions de l’école des Amandiers, abritée dans le théâtre du même nom que dirigea Patrice Chéreau, incarné ici par Louis Garrel.
Le film suit Stella (Nadia Tereszkiewicz), jeune alter ego de la réalisatrice, dont le rêve est de devenir actrice et de s’échapper du carcan bourgeois de sa famille, qu’on ne verra pas vraiment, un majordome les remplaçant dans leur fonction (de façon un peu cliché). Elle passe avec succès une première audition, est retenue parmi les premiers 40, dont une deuxième sélection reteindra douze candidats qualifiés, au grand dam des 28 autres – une actrice en herbe (jouée par la fille de Vincent Lindon) prendra particulièrement mal son exclusion et continuera de hanter les lieux dans la fonction de serveuse.
Bruni-Tedeschi capte les jeunes espoirs déçus, les premiers amours, la vie dans parmi une troupe d’acteurs, une certaine volonté de s’émanciper des conventions sociales et de vivre d’amour, d’alcool et de drogue, entreprise qui se frotte quelque peu aux réalités des années sida et à l’addiction d’Etienne, jeune paumé qui dit ne rien aimer de plus que sa mère mais qui, de fait, ne peut passer un jour sans se shooter à l’héroïne.
Quoiqu’on sache comment finira la relation entre Stella et Etienne, ce sera là le noyau émotionnel d’un film à la fois honnête et un peu maniéré, comme si la réalisatrice voulait retenir ses souvenirs dans un écrin filmique – car on pense reconnaître, sous le manteau de la fiction, les scènes qui découlent de souvenirs personnels.
„Les Amandiers“ est aussi et surtout un film-hommage aux joies et déconvenues de la vie des jeunes acteurs et actrices, qui se feront parfois rabrouer par un Louis Garrel tantôt tendre tantôt méchant – il dira à une des actrices que ce fut une erreur de l’avoir retenue dans la promotion. La réalisatrice y montre aussi la lente mise à sac des hiérarchies, Etienne initiant Pierre Romans (Micha Lescot), le directeur de l’école mort en 1990 d’une overdose, à l’héroïne, qui fera la gueule à Chéreau en lui reprochant de sniffer trop de coke, les acteurs·rices succombant aux charmes des deux leaders, quand ça n’est pas l’inverse.
Le tout n’est pas sans rappeler „Drive My Car“, dans sa manière de filmer le quotidien professionnel et privé des acteurs, parce que Chéreau y adapte Tchekhov, aussi. S’il est formellement moins abouti, si son écriture est moins maîtrisée et volontairement plus bordélique, imitant la fougue des jeunes qu’il filme, „Les Amandiers“ oscille non sans finesse entre humour et tragédie, même si la réalisatrice n’évite pas toujours le mélo et les clichés.
Oreste funeste
Un homme revient dans sa ville natale, Naples, revoir sa vieille mère, sous injonction de son épouse, avec qui il s’est construit une vie au Caire. Peu après, sa mère meurt et il ne sait comment remercier l’intuition de son épouse. La logique voudra qu’il rentre au bercail d’adoption, où l’attend une vie très différente de celle qu’il avait commencée en Italie. Pourtant, il ne peut se résigner à la quitter, cette Naples infestée par la pauvreté et la criminalité.
Se liant d’amitié avec un curé humaniste, le Padre Luigi Rega (Francesco Di Leva), qui lutte férocement contre l’emprise de la Camorra, Felice développe une nostalgie inexplicable pour sa ville natale, nostalgie qui sera le centre de l’investigation de ce film qui joue avec les codes du polar mais ne dévoile, comme dans un roman de Modiano, son noyau criminel qu’assez tard, le spectateur comprenant peu à peu que cette enquête sur le passé, cette chasse aux souvenirs est aussi une chasse à l’homme.
Car ce que Felice (Pierfrancesco Favino) cherche vraiment, ce sont les traces de l’amitié – c’est décidément le sujet de cette compétition, qui la traverse comme un fil rouge, partant de „Le otto montagne“ et d’„Armageddon Time“ en passant par ce „Nostalgia“ pour déboucher sur l’éblouissant „Close“ de Lukas Dhont (on en reparlera) – qui le liait à Oreste Spasiano, meilleur ami de l’époque qui est aujourd’hui craint par tous, puisqu’il est devenu le mafieux qui gouverne la ville.
Oreste, qu’on appelle désormais „Malommo“ (le mauvais homme), qui reste caché, mais qui sait et entend tout, prend assez mal qu’on empiète sur son terrain, surtout parce que son ancien meilleur ami fricote avec le curé, son ennemi juré, et qu’il risque de réveiller les morts.
Car quand ils étaient jeunes et insouciants et cons, un cambriolage a mal tourné, puisque le proprio s’était éveillé et a pris un flingue, poussant Oreste à l’assassiner. Ce sera le noyau traumatique qui mettra fin à leur amitié: deux vies communes deviendront deux vies séparées, puisque Felice choisira, sur le conseil de son oncle, de quitter le pays alors qu’Oreste, au contraire, restera, qui s’enfoncera de plus en plus dans le crime.
Là réside la beauté de „Nostalgia“: qu’il n’opère pas par manichéisme, que son personnage ne condamne pas l’ami devenu mafieux, se disant que, s’il était resté, il aurait peut-être fini par pareil. Martone utilise cette tension pour repousser encore et encore les retrouvailles des deux, qui finiront par avoir lieu dans une des scènes les plus belles et émouvantes du long-métrage.
Si le film de Martone a du mal à trouver son rythme et qu’il oscille entre une certaine lenteur contemplative et une accélération un peu incongrue sur la fin, où un enchaînement de séquences montre de façon très cliché comment il s’intègre dans la ville avant qu’Oreste ne vienne brutalement mettre fin à cette intégration, si sa nostalgie filmée dans des analepses rétro est parfois un peu convenue, on retiendra l’excellent jeu de son acteur principal et les belles images d’une ville prise entre l’espoir et le crime.
Le palmarès: nos coups de coeur
Alors que le palmarès sera annoncé ce soir, et bien qu’on ait encore en mémoire celui, raté, de l’année dernière (et bien qu’à l’heure de la deadline, il nous reste à voir trois films en compétition), lançons-nous: parmi les films à couronner cette année-ci, il ne faudra pas oublier: „Leila’s Brothers“ de Saeed Roustayi, „Close“ de Lukas Dhont, „Armageddon Time“ de James Gray, „Decision to Leave“ de Park Chan-wook et „Tori et Lokita“ des frères Dardenne. Enfin, on ne se plaindra pas si „Tchaikowsky’s Wife“ de Kyrill Serebrennikov, „Crimes of the Future“ de David Cronenberg, „Stars at Noon“ de Claire Denis et „Pacifiction“ d’Albert Serra, films les plus audacieux de la compétition, seront récompensés.
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