Hommage à Claude Conter / Homme de lettres et esprit critique
Claude aimait conter. Pas seulement conter fleurette, mais il possédait aussi et surtout un immense talent pour écrire – toujours dans la langue de Molière – ses pensées sur la littérature, les arts, la société et les affaires de la Cité.
Je prends ici avec une certaine désinvolture ou plutôt une désinvolture certaine la liberté de l’appeler par le prénom, car Claude était mon grand-oncle (avec et sans trait d’union) en plus d’être un ancien du Tageblatt. Il publiait pendant plusieurs années ses dissertations politiques, philosophiques et littéraires sous forme de „lettres à Sophie“ ou de „digressions“ dans Le Phare, ancien supplément culturel de notre journal. Une sélection des plus de cent articles ainsi parus fut publiée en 2002 sous le titre de „Lettres à Sophie“.
Avec sa disparition, le monde littéraire perd une figure emblématique, un intellectuel engagé, un représentant de la gauche libérale qui cultivait les nuances et jurait par l’esprit critique. Claude était un lecteur vorace, un liseur avisé qui détenait une plume aussi séduisante que redoutable.
Déporté, professeur et jeune auteur
Il est né le 2 avril 1929 à Luxembourg. Le 3 février 1943, il fut déporté avec sa famille et rentra au pays le 24 juin 1945. Pour ses études universitaires, il partit à Aix-en-Provence, Montpellier et à Paris. Il débuta sa carrière de professeur à Echternach pour enseigner par la suite au Lycée de Garçons à Esch-sur-Alzette où il prit sa retraite en 1990. Parallèlement il donnait des cours à partir 1974 à l’université de Luxembourg et comme professeur invité à Salzbourg.
À l’âge de vingt ans, il publia son premier recueil de poèmes intitulé „Nuits de cristal“ sous l’anagramme Lucrèce Nadot. Il écrivit également pour Récré, nos cahiers, Les Cahiers luxembourgeois, Galerie, Interférences et dans les Études romanes du Centre universitaire.
Claude fut membre de la loge des francs-maçons et de la section des arts et des lettres de l’Institut grand-ducal.
Claude nous a désormais quitté, mais ses écrits restent. Scripta manent. De même que la mémoire de son humanisme et son amour de la littérature et de la langue. Je me souviens notamment que fier de sa petite-nièce (avec et sans trait d’union) qui étudia les lettres françaises et le latin, il venait me rendre visite à Paris pour m’amener à la brasserie Lipp et aux Deux Magots. Il profita de l’occasion pour réciter un grand nombre de citations latines et je n’osais guère lui avouer que je ne les comprenais pas toutes. Je me rappelle aussi que ma mère me racontait que dans le temps, Claude se plaisait à inquiéter la bienséance lors de dîners de famille en racontant des blagues coquines. L’esprit délectable, éclairé et rebelle de Claude restera mémorable.
Si d’aucuns souhaitent lui rendre hommage, alors lisez, lisez des livres, lisez de bons livres, lisez ses livres. Et rappelez-vous que „chaque lecture est un acte de résistance“ qui „sauve de tout, y compris de soi-même“ (dixit Daniel Pennac).
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