Monde de l’information / „La Bataille des journalistes“ de Laurent Moyse
Journaliste lui-même, Laurent Moyse examine dans son nouveau livre „La Bataille des journalistes“ le secteur: comment a-t-il évolué? Quels sont les obstacles? Une critique du livre.
Né au Luxembourg en 1964, Laurent Moyse fut journaliste au Tageblatt ainsi qu’au Luxemburger Wort. Désormais journaliste indépendant, il est l’auteur non seulement d’ouvrages historiques, économiques, littéraires, mais encore d’un film documentaire portant sur la crise financière de 2008 au Luxembourg. Dans son dernier opus intitulé „La Bataille des journalistes“, paru aux éditions Guy Binsfeld, cet infatigable militant des droits de l’Homme livre une analyse très documentée retraçant l’évolution de la transmission des informations depuis plus de vingt siècles, cherchant ainsi à recontextualiser le travail et les missions des journalistes.
Articulé en quatorze chapitres (de „La formidable accélération de la transmission de l’information“ à „La crise au Grand-Duché“), l’ouvrage, comme le rappelle l’auteur dans son „Avant-propos“, part du constat selon lequel „[le] manque de distance et d’introspection dans le monde des médias s’est renforcé. Il s’en dégage le sentiment que le journalisme est en train d’être broyé dans un univers qui ressemble à un maelström d’opinions arrêtées et de sentences définitives“ (p. 4-5). Enchâssé dans la problématique de la transmission de l’information, cet ouvrage tente d’expliquer les causes non seulement de la situation journalistique actuelle, mais encore de „l’érosion des médias professionnels de l’information“ pouvant mettre en danger „la vitalité, voire la survie des sociétés démocratiques“ (p. 5).
Partant du constat que „rarement notre société a connu une telle abondance en matière d’information“ et que „le progrès technologique et la multiplicité des canaux de communication ont ouvert de nouvelles perspectives dans un monde où les populations sont de plus en plus instruites“, Laurent Moyse commence par déplorer le raccourcissement des contenus, la décontextualisation croissante de l’information ainsi qu’une absence fréquente de nuances qui appauvrissent le langage, polarisent le débat et ainsi constituent un terrain propice à la diffusion de fausses nouvelles: „les procédés numériques ont creusé les sillons d’une crise qui s’est déclenchée déjà plus tôt. Ils n’ont fait que révéler un peu plus les failles d’un monde de l’information qui n’a pas su se remettre en question au bon moment“ (p. 9).
„Fake news“
À travers une perspective réflexionnelle tant diachronique qu’analytique, l’auteur cherche à nous fournir les clés de compréhension sur la façon dont fonctionne le monde de l’information, et ce dans le but de décrypter l’actualité, le traitement de l’information ainsi que le rôle des médias. Adoptant une posture de lanceur d’alerte, il n’hésite pas à battre en brèche certains stéréotypes et surtout à s’insurger en faux contre certaines pratiques journalistiques actuelles telles que les „fake news“ qui „prospèrent et sapent la crédibilité qui reste encore attachée à des sources sérieuses privilégiant la qualité et la profondeur de la réflexion“ (p. 234), bien que les fausses nouvelles ne datent évidemment pas du XXIe siècle dans la mesure où elles sont certainement aussi anciennes que l’interaction humaine. Le constat alarmant qu’il dresse consiste à montrer en quoi la croissance exponentielle des fausses nouvelles est liée à la volonté à peine déguisée d’en faire usage à des fins stratégiques. Une telle situation a entre autres comme corollaire le fait que le journaliste, jouant autrefois un rôle essentiel dans la recherche, la hiérarchisation et la transmission des nouvelles, a désormais perdu son monopole, car il est perçu comme un manipulateur de l’information, même comme „complice des élites et des cercles du pouvoir“ (p. 235).
Dans son essai s’appuyant sur des thématiques fondamentales telles que notamment „Le déraillement médiatique“, „La culture de l’écran“ ou encore „L’importance de l’objectivité“, Laurent Moyse non seulement sensibilise ses lecteurs à la profonde transformation que vit le journalisme (sans que personne ne sache ce qu’il va en advenir parce que les repères traditionnels ont disparu), mais encore souligne l’importance de l’existence de journalistes cherchant à décortiquer la nature complexe des problèmes dans un monde de la communication qui cherche à tout simplifier.
En évoquant les failles et les apories qui guettent les journalistes, il en brosse un portrait interrogateur et prospectif, inquiet et introspectif. Ce qui est en jeu, c’est, dans une large mesure, l’avenir de la liberté de l’information et des valeurs démocratiques. Il incite ainsi le „quatrième pouvoir“ à réagir, à être capable de se remettre en question et à „retrouver sa place dans le tourbillon incessant de la communication de masse“ (p. 235). Le lecteur, quant à lui, est invité à prendre du recul par rapport à l’information et à exercer un esprit critique propice à se poser des questions, voire à se remettre en question, notamment après la lecture des chapitres 13 et 14 qui abordent plus spécifiquement la situation du paysage numérico-journalistique du Grand-Duché de Luxembourg.
À propos du livre
Laurent Moyse: „La Bataille des journalistes“, Luxembourg, éditions Guy Binsfeld, 2024.
ISBN 978-2-919822-09-6; 24 euros; 250 pages
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