Concert aux Rotondes / Le bateau ivre: Péniche ou le post-punk maritime
Constitué de Léa Fourrier (basse), Axel Pasquier (batterie) et Lucas Pinaud (guitare), Péniche déchaîne les eaux troubles de l’indé. Plus math rock que littéraire? Oui: les morceaux sont dénués de paroles. Plus d’esprit garage que de titres-fleuves? Oui encore: le groupe mise sur la concision, l’efficacité (et l’humour), plutôt que sur la longueur, le digressif. Le trio français joue aux Rotondes ce 31 juillet. Rencontre avec Lucas Pinaud.
Tageblatt: Au niveau du référencement Google, vous n’avez pas choisi la facilité en vous appelant Péniche.
Lucas Pinaud: Je suis bien d’accord: pour le référencement, Péniche, c’est nul. Mais, en réalité, le nom est venu avant que la musique n’existe dans le groupe. Axel et Xavier, le bassiste originel, voulaient à la base monter un duo électro-pop nommé Péniche; c’était un peu la mode des groupes en un mot. Et puis, ils se sont rendus compte, au moment de composer, qu’ils ne savaient pas créer des sons avec l’ordinateur. Je suis donc intervenu à la guitare. Et là, on a mis en place un trio rock, en gardant le nom, puisqu’on le trouvait cool. Ça sonne un peu comme un contrepied à la musique que l’on fait: une péniche, c’est plutôt lourd et lent. Et l’image nous faisait rire. Mais c’est aussi parce qu’on apprécie tout ce qui provient de l’univers marin ou fluvial.
Péniche, c’est du post-post-punk, de l’after-noise ou du garage sur l’eau?
En effet, il y a un peu de tout ça. Disons qu’on ne se colle pas trop d’étiquettes, vu qu’on joue du rock instrumental; ça peut aller dans tous les sens. On peut aussi qualifier le projet de math rock, tout en gommant la dimension trop technique. „Rock content“, c’est très juste pour nous définir. Il faut dire que, sur scène, on rigole bien ensemble.
Est-ce que le fait de jouer du rock instrumental ne représente pas une forme de réaction face à une époque bavarde, notamment sur les réseaux sociaux? Ou, en tout cas, la proposition d’une alternative?
On n’a pas théorisé là-dessus. Il y a, quand même, une grosse scène émergente indé; si on veut qu’il y ait une culture dominante imposante, il faut qu’il y ait une contre-culture qui fonctionne et qui possède une liberté totale. Je nous placerais dans cette seconde catégorie. Il est certain qu’on ne va pas se retrouver dans une sphère mainstream, avec du chant sur un format très pop. Le choix de l’instrumental s’est fait parce qu’on jouait tous les trois dans des groupes de rock à côté, où il y avait ce format chanson; la création tournait autour de la voix, mais aussi de la forme couplet/refrain. On voulait s’en émanciper et, par extension, trouver des plans, des astuces, et aller plus loin, à partir d’une idée, d’un riff ou d’un arpège. Ça a donné Péniche.
Si Péniche ne renvoie pas à du rock mainstream, beaucoup de vos morceaux pourraient être pris en synchro, pour des publicités, des séries ou des films, non?
Bien sûr; on ne l’exclut pas. Et même, quand on compose, on s’aperçoit que tel ou tel morceau s’avère super pop. Sur „Nono 168“, par exemple, il pourrait y avoir de la voix. Avec Péniche, on ne veut pas faire de la musique compliquée, qui se restreindrait à un public d’initiés. Déjà, sur le plan technique, on ne saurait pas le faire. Et puis, notre idée, c’est de partager ce qu’on fait, avec un maximum de monde, pourvu que ce monde soit content d’être là.
En France, il y a eu, ces dernières années, de grands groupes principalement instrumentaux, de Turzi à Zombie Zombie en passant par Drame, mais ceux-ci s’inscrivent dans une filiation krautrock.
On adore cette scène krautrock, on adore toutes ces longues plages. Parfois, on aimerait bien faire des morceaux un peu plus longs, mais on craint que ça soit ennuyeux. C’est vrai qu’avec nous, ça va assez vite. On est souvent dans la cassure, un peu dans la surprise; il y a toujours le petit break qui vient. J’écoute ces groupes, ainsi que la scène anglo-saxonne, majoritairement underground, des années 2010 et 2020. On nous a comparé à Man or Astro-man?, mais moins pour le côté surf, que pour l’aspect garage.
Vos morceaux tournent autour du champ lexical aquatique et maritime, à l’instar de „Requin Mako“, „Vendée Globe“, „Cargo“ ou „Le Phare“, mais s’il y avait des paroles, qu’est-ce que vous raconteriez?
Ah, s’il y avait du texte, je pense que ça ne parlerait pas de l’eau! Pour choisir un nom de morceau, il faut que ça nous fasse marrer, ou bien que le titre nous ramène à une image adéquate de son atmosphère. „Vendée Globe“, ça fonctionne parce que, personnellement, ça me fait penser aux courses qui se font à travers cette musique. S’il y avait du chant, ou simplement du texte, je pense que ça n’aurait rien à voir avec les histoires qu’on se raconte en imaginant ces titres. Parfois, c’est vraiment débile, souvent ça n’a pas trop de sens. On aimerait bien, d’ailleurs, faire une réédition de nos morceaux avec des featurings. Mais on ne sait pas quelle serait la place de la voix; si ça se trouve ça ne va pas fonctionner.
Dans un registre pop mais aussi rap?
Il s’agirait de potes ou d’artistes qu’on aime bien, qui poseraient une ligne de chant, de rap, voire de slam – selon ce que le morceau leur inspire.
Si „QLF“ renvoie à PNL, „L’Eau, ça mouille“, c’est un hommage à Charlie et Lulu?
Même pas! Je ne sais plus pourquoi, d’ailleurs, on a intitulé ce morceau comme ça. Le champ lexical de l’eau, encore …
Il y a de l’humour dans les titres des morceaux, mais aussi dans vos clips et sur scène. N’avez-vous pas peur que la potacherie post-moderne desserve votre musique? Ou, au contraire, le second degré contrebalance avec l’aspect disciplinaire, lié au math rock, du groupe?
On n’a pas peur; ça nous fait du bien. On ne se voit pas comme un cliché de groupe de rock, dans le genre veste en cuir, lunettes noires et clopes au bec, qui tire la gueule. On n’est pas là-dedans du tout: le rock, c’est notre terrain de jeu, on est potes depuis longtemps, et on est trop contents d’être là. Ce n’est pas une cour de récréation, mais un moment de vie. Il y a toute une scène dans cet esprit, je pense à Johnny Mafia ou Johnny Carwash. Ça fait du bien de voir le rock sous cet angle. Le rock, aujourd’hui, ce n’est pas un genre très écouté par les kids, et son avenir reste incertain, fragile, alors c’est bon de le voir avec un minimum d’autodérision, de second degré. Le seul risque, c’est qu’on soit pris pour un groupe d’humour, alors que ce n’est pas le cas.
Est-ce que vous pensez qu’un jour Péniche se baignera dans la Seine?
Oh, je pense que oui!
En concert
Le mercredi 31 juillet dès 20.30 h aux Rotondes à Luxembourg-ville
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