/ Nostalgie de la lumière: Avec „Ad Astra“, James Gray passe à la science-fiction
De notre correspondante Amélie Vrla
Trois ans après „The Lost City Of Z“, James Gray renoue avec l’un de ses thèmes de prédilection – la relation père-fils, qu’il traite pour Ad Astra au sein d’un univers encore inexploré par lui, celui de la conquête spatiale.
Dans un futur proche où l’homme se tourne vers les étoiles pour tenter d’y trouver de l’espoir, Roy McBride a dédié sa vie à l’espace et est devenu astronaute, comme son père, un héros disparu lors d’une mission spatiale. McBride est appelé à se rendre dans l’espace pour découvrir la cause de dangereuses ondes électromagnétiques. C’est alors qu’il apprend que son père serait vivant, près de Neptune, et qu’il pourrait être à l’origine des ondes.
Il est loin, le temps où Gray s’attachait à filmer l’intimité d’un conflit amoureux dans la familiarité cinématographique de son quartier de Brooklyn. A la suite de Cuarón ou Christoper Nolan et sur les traces de Kubrick, le voilà qui part à la conquête des étoiles, pour donner une nouvelle arène au conflit père-fils. Une manière de tomber dans l’obsession qu’il dénonce, celle qui veut que l’homme n’ait de cesse de toujours conquérir davantage? Certes, l’immensité de l’espace offre un écrin intéressant pour dénuder le conflit et toucher à l’essentiel: la solitude d’un homme face à la séparation du père, sa solitude et son destin.
Mais avait-on besoin d’enrober cette quête d’une intrigue mâtinée de high concept? Hollywood est passé par là, et l’on regrette la façon dont Gray sublimait les passions retenues dans „Two Lovers“ ou „We Own The Night“. Certes, Gray a le courage de s’attacher à suivre un personnage seul dans l’espace, pour le confronter à la question du voyage en soi. Mais, Hollywood oblige, cette quête métaphysique se voit explicitée par une voix-off trop présente et trop dénuée de poésie pour en devenir légitime ou savoureuse.
Malgré tout, il y a dans le parcours de cet astronaute une tristesse pudique et un questionnement qui ne laissent pas indifférents. Le jeu de Pitt est sobre, juste, pour camper cet homme perdu, aux dehors maîtrisés et froids, en réalité presque trop à fleur de peau pour une telle vocation. Sous son scaphandre, il ne s’est pas encore construit une carapace d’être mécanique ou indifférent, et les émotions ne cessent d’affluer, de s’emparer de lui, confirmant sa profonde humanité. Tommy Lee Jones complète cette belle distribution dans le rôle du père qui a tout laissé derrière lui – femme, enfant, planète – pour trouver l’Autre, incapable de se satisfaire de ce qu’il a.
Minimalisme
On découvre avec plaisir l’esthétique particulière à la planète Mars, avec ses grands espaces baignés d’une poussière rouge, une confusion entre intérieur et extérieur, des comfort rooms où les astronautes retrouvent leur calme en contemplant d’immenses images projetées sur les murs, réconfort de dahlias, de grues volant dans le ciel bleu, ou de vagues déferlant dans l’immensité de l’océan.
Mais on est loin d’un univers spectaculaire et foisonnant à la „Blade Runner 2049“, dont les mille et un détails visuels faisaient naître en nous quantité d’interprétations et d’idées. Dans la recherche de minimalisme que fait Gray à travers ce voyage dans l’espace, on sent un désir de plonger au cœur de ce qui lui importe le plus, en se débarrassant d’un certain artifice. Mais ce faisant, il s’embarrasse parfois d’une imagerie naïve: le cordon ombilical qui relie père et fils dans la nuit cosmique, le bouclier de fortune qui protège des débris rocheux des anneaux de Neptune …
Dans un monde où les casques reflètent l’immensité d’un univers dans lequel on se cherche soi-même, où l’obscurité la plus totale est çà et là contrée par des éclairages froids ou des scintillements d’astres clairs, on est sensible à la nostalgie qui émane de McBride.
Après deux heures oppressantes passées dans des vaisseaux spatiaux et l’immensité de l’infini galactique, on est impatients de rompre l’écrasante solitude qui est la sienne, pour retrouver les rayons du soleil, les couleurs de notre planète, la possibilité de respirer à l’air libre. Et, alors que les enfants de par le monde manifestent contre le dérèglement climatique, on se dit que la réponse au conflit de McBride pourrait se trouver, non pas dans le rapport au père, mais bien dans la relation à la mère … et à la Pachamama.
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