/ Rêver encore de la lune
Les premiers pas sur la lune remontent au mois de juillet 1969. Cette exposition, outre la commémoration d’un tel événement, s’attache à redonner à la lune sa place dans les arts, la science, la poésie.
De notre correspondante Clotilde Escalle, Paris
La Lune – du voyage réel aux voyages imaginaires
Jusqu’au 22 juillet
au Grand Palais
Entrée Square Jean Perrin
www.grandpalais.fr
Car désormais connue, elle n’en continue pas moins de faire rêver. Et c’est à travers nombre de cultures, par différentes approches, que nous remarquons combien elle continue de nous influencer. Elle reste un étalon pour l’être humain, dans le mystère du cosmos.
La visite débute par la conquête de la lune. Différents documents filmiques et photographiques nous replongent dans cette vaste aventure que l’on peut qualifier de premier événement mondial retransmis. L’époque était à la fascination, une fascination portée depuis des siècles, de pouvoir enfin l’atteindre. Nombre de cartes ont préexisté, donnant dans une précision imaginaire des mers, des continents, là où les cratères et le désert ne pouvaient être supposés.
L’événement est donc extraordinaire et les documents foisonnent, notamment la photo d’une empreinte de pas sur le sol lunaire, une photo qui a peuplé tous les rêves et qui semblait donner la mesure concrète de ce qui se tramait là-haut.
Pour la rendre plus physique encore, Mircea Cantor a reproduit avec The Second step (2005-2019) l’image en la coulant dans du béton, ainsi peut-on voir cette trace, la toucher, y poser le pied.
L’intitulé de l’œuvre nous précise que l’empreinte photographiée n’était pas celle du premier homme, Neil Amstrong, mais celle du second, Buzz Aldrin. Les repères étant posés, s’ensuit une déclinaison du propos, du point de vue de la représentation féminine ou plutôt de son absence, aucune femme sur les douze astronautes n’a foulé le sol lunaire, ou du point de vue de l’absence de l’Afrique, avec une installation, Vacation (2000), montrant une famille aux combinaisons de tissu aux motifs africains sur la lune. Des films abondent, riches d’imaginaire, comme Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès.
Une figure éternelle
Mais avant le voyage, la lune a été observée, décrite. Elle est également mise à notre portée avec les merveilleux globes blancs lumineux d’Ange Leccia, Lunes (2019), une installation qui rallume le corps céleste et en fait une multitude de globes pour les chambres des enfants.
Cette démultiplication n’est pas sans rappeler une image ironique de Man Ray qui, avec Le Monde (1931), transformait la lune en lampe de chevet. Cette réduction du corps céleste à une taille minuscule évoque également la tentative d’appropriation de ses ressources naturelles. Des chercheurs y travaillent, ajoutant à la prédation terrestre celle des lointains.
Le premier essai de dessiner la lune revient à Thomas Harriot, en 1609. La lune est observée grâce à Galilée qui a construit des instruments sophistiqués. Un Atlas photographique de la Lune, vers 1890, permet de donner une idée des impacts météoriques subis par la lune, de ses coulées de lave. Jusqu’à l’apparition de la photographie, les dessins, si méticuleux soient-ils, seront empreints de rêve et de contemplation esthétique.
La lune a toujours été présente, qu’elle soit évoquée pour sa magie, son côté changeant, l’inquiétude qu’elle peut inspirer. La section art de l’exposition ouvre sur la magnifique toile d’Anne Louis Girodet Endymion. Effet de lune, dit aussi Le Sommeil d’Endymion (1791, huile sur toile). On y voit, dans un halo de lumière laiteuse qui le met en valeur, Endymion, jeune berger endormi. Diane ou Séléné, déesse de la lune, éprise de sa beauté, vient le visiter sous la forme d’un rayon de lune, tandis que Zéphyr l’aide à le contempler en écartant la végétation.
Monde nocturne envoûtant, la lune est aussi le témoin des amours, du romantisme, de la solitude. Mais elle symbolise également l’humeur féminine et sa versatilité.
Tout comme elle inspire toutes sortes de rituels, qu’ils soient religieux, magiques ou bénéfiques pour la santé. Le calendrier musulman, lunaire, à la différence du nôtre, organise l’année en douze mois de 29 à 30 jours et le mois du ramadan commence avec l’apparition du premier croissant, au crépuscule.
De manière plus libre et ludique, l’installation de Morellet nous propose, par un jeu de néons lumineux, un pêle-mêle de quartiers de lune, Lunatique neonly n°3 (1997), tandis que Leonid Tishkov, avec Private Moon (2003-2017), images d’une grande poésie, se l’approprie jusqu’à en ramener un quartier dans une barque, reflet d’une lune à portée d’un homme ordinaire.
Ce rêve redouble de poésie lorsque nous abordons la lune au travers des millénaires et des différentes cultures. Elle y brille alors depuis son éternité. Ainsi découvrons-nous les croissants en argent péruvien ou bolivien du XIIIe siècle, une stèle punique à l’effigie de la déesse Tanit, qui tient au-dessus de sa tête un croissant, objet venu d’Orient et qui date de 225-50 avant J.-C. D’autres formes antiques et essentielles d’une rare beauté viennent du Japon, d’Inde, entre autres.
Cette lune est nôtre, où que l’on vive, et cette exposition, dont on pouvait craindre le titre fourre-tout, réussit à nous la redonner pour ce qu’elle est, mystérieuse, inspirante, à portée de rêve.
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