The Kiffness débarque au Luxembourg / Trump, chats et chansons d’humour
Dans sa musique bricolo, à mi-chemin entre le folk et l’électro, le politique et le rigolo, The Kiffness intègre un élément peu commun: des miaulements. David Scott, de son vrai nom, est devenu une star du net. Il est en concert à l’Atelier lundi prochain. Miaou.
Historiquement, la musique et l’humour s’entendent bien, du „maboulisme“ de Frank Zappa jusqu’au surréalisme de Devo, en passant par les parodies, sur le web ou à la télévision. Il y a certains humoristes qui chantent, pendant que des chanteurs font de l’humour. Dans ce deuxième cas, il n’y a qu’à voir, entre les chansons, certains lives qui prennent la tournure du stand-up, à coups d’anecdotes cocasses ou de clowneries en tout genre, pour amuser la galerie – le public. Il y a même une station de radio française qui se nomme „Rire et Chansons“. Dans le cas de The Kiffness, David Scott sur le civil, il s’agit de rire et de danser. Rire s’avère très bon pour détendre le visage; danser se révèle parfait pour détendre le corps; selon cette équation, et par analogie, le rire est la danse du visage.
Cat Jams
The Kiffness est une figure de la „lol pop“. En 2021, cet artiste Sud-Africain sort „Cat Jams“, un disque drôle, autant qu’un drôle de disque; il s’agit d’un concept-album avec… des chats. Le chanteur potache décline ensuite le concept, avec d’autres titres félins et l’artwork qui complète – voir les pochettes de „Sometimes I’m Alone“, de „Please Go Away“ ou de „Ha Hee“. Si The Kiffness est une formation constituée de David Scott, celui-ci n’est pas solo: les chats font partie de son groupe. Et, ce qu’il y a de bien avec le langage des chats, c’est qu’il est universel. Avec ses petits amis à quatre pattes et moustachus, The Kiffness atteint alors une renommée mondiale.
Il faut rappeler que les chats ont une longue histoire avec la pop music, des Stray Cats à Cat’s Eyes, en passant par une Siouxsie à griffes, dans le clip de „Face To Face“, morceau qui figure sur la bande originale de „Batman 2: Le Défi“ (Tim Burton 1992), autrement dit le Batman avec Catwoman. On se souvient aussi des comptines pour enfants avec des cris d’animaux, ou encore de la collaboration entre Frankie Smith et un coq ainsi qu’un cheval dans „The Auction“, une chanson à la fois belle et drôle. Pour aller plus loin, mais aussi pour se rapprocher de l’absurde, il y a une chaîne YouTube nommée „Insane Cherry“ qui propose des reprises de tubes pop par des animaux – et là, c’est plus drôle que beau. Pour The Kiffness, il est désormais question de „collaborateurs humains et animaux“ comme pour faire la distinction; de fait, son projet aurait pu s’appeler, si le nom n’était pas déjà pris, Animal Collective.
Musique drôle et choses sérieuses
Scott vient du folk, un genre que l’on peut imaginer, parfois, comme étant relié à la ferme, donc aux animaux. The Kiffness fait plutôt du post-folk, avec machines, boîtes à rythmes, synthétiseurs et batterie électronique (il y a aussi de la trompette), et puis, forcément, le fait d’intégrer des chats dans ses compositions rend le résultat, par définition, expérimental. Tout cela n’est pas si étonnant de la part de quelqu’un qui a étudié la musique et la philosophie ou qui a été DJ, tout en faisant partie d’un groupe de jazz. Le grand écart de The Kiffness, ici entre songwriting et potacherie, rire et chansons, se fait avec souplesse. Une souplesse digne d’un chat.
Je suis flatté que ma chanson soit jouée dans le monde, mais s’il vous plaît, ne me prêtez pas d’intentionsmusicien
Aussi, The Kiffness est un artiste „d’aujourd’hui“. Né en 1988, Scott fait un autre grand écart, cette fois entre l’avant-Internet et l’ère du virtuel, ayant connu la musique sans les plateformes de streaming, tout en étant à l’aise avec ses mutations; il a, pour ainsi dire, digéré ses codes. Alors, en plus d’être un champion de l’échantillonnage, Scott est un monteur inventif, et pas que pour faire le clown dans le registre „lolcat“. Car surtout, chez The Kiffness, le rire est du détournement, pour mieux regarder le monde. Le monde ne tourne pas rond, il faut le tourner en dérision. L’humour peut-il être employé, dans la musique, pour aboutir à de la politique? C’est le cas avec The Kiffness. Entre une satire sur le confinement et des miaulements qui font vibrer le dancefloor, ses chansons parlent, entre autres, des problèmes sud-africains, en parodiant à travers des mixes les hommes politiques de son pays.
Scott vient de publier un duo avec Donald Trump, „Eating The Cats“. Un faux featuring, bien sûr, comme l’affirmation du candidat républicain. Le morceau reprend, en effet, un bout d’intervention de ce dernier, lors du débat télévisé avec Kamala Harris le 10 septembre, au sujet des migrants haïtiens à Springfield: „Ils mangent des chiens, ils mangent des chats; ils mangent les animaux de compagnie des gens qui y vivent“. Hop: The Kiffness incorpore la phrase dans sa marmite électronique, tout en lui donnant un relief mélodique. En quelques heures, la vidéo, donc le morceau, devient virale. Sur X, Scott précise toutefois: „Je suis flatté que ma chanson soit jouée dans le monde, mais s’il vous plaît, ne me prêtez pas d’intentions“. En revanche, tous les droits d’auteur du streaming sont reversés à la SPA Clark County de Springfield, de la même manière que les royalties de son remix de la chanson folklorique „Oi u luzi chervona kalyna“ ont été reversées aux forces armées ukrainiennes.
Là où Scott est un artiste d’aujourd’hui, c’est également parce qu’il sait manier les instruments, et il ne s’agit pas là que d’instruments de musique, mais d’instruments au service de la musique, à savoir les concepts, les vidéos donc ou les trouvailles visuelles. Son travail reste tout de même de l’artisanat, du DIY; le chanteur-bidouilleur fait des captations depuis chez lui, „at home“, et là encore, à cheval entre deux époques, celle d’avant le Covid et l’après; sa musique, il peut la faire et nous pouvons „la voir“, y compris en période de confinement. Mais, puisqu’il s’inscrit dans une filiation situationniste, Scott est aussi un performer. Là où il serait mieux de le voir, donc de l’écouter, c’est en live. Rendez-vous alors lundi à l’Atelier.
The Kiffness en concert
Lundi, le 24 septembre à partir de 19h à l’Atelier (54, rue de Hollerich, 1740 Luxembourg)
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