/ Unholy Eastern: L’Inferno Festival d’Oslo
Au cours de ces dernières semaines de canicule, pas un jour ne s’est passé sans que les news feed de nos amis, sur les réseaux sociaux, regorgent de photos ensoleillées les montrant souriant à la caméra et levant leurs gobelets de bière, avec comme arrière-fond une vaste scène et un groupe de rock ou un DJ électro qui fait bouger et sauter les foules.
De Ian De Toffoli
Il s’agit, bien évidemment, d’une photo de festival, d’un des innombrables Rock Werchter, Tomorrowland, Main Square Festival, Southside, Hellfest, Sziget ou autre qui attirent chaque été de milliers de fans comme le faisaient autrefois les pèlerinages à Lourdes où l’on n’entendait chanter que la susurrante voix de la douce Marie. Véritable upgrade donc, dira-t-on.
Et pourtant, il existe d’autres festivals, répartis sur l’année, un peu plus secrets, ayant lieu dans des cadres peut-être un peu plus intimistes. C’est de l’un d’eux que j’aimerais parler ici, non seulement parce que c’est un festival de musique de métal, et le métal, putain ce que ça fait du bien parfois, dans ce monde standardisé où les radios ne passent que le même méli-mélo de chansons insipides: l’Inferno Festival, ayant lieu, tous les ans, à Pâques, à Oslo, en Norvège.
L’Inferno est un festival fondé par des artistes. En 2001 par Jens Ryland, guitariste de Borknagar, un groupe de métal progressif norvégien, mêlant différents styles, originaire de Bergen, fondé en 1995, a l’idée d’organiser des concerts autour de la période trop calme de Pâques à Oslo.
Princes et princesses
Jusqu’à il y a trois ans, le festival durait donc du mercredi – journée kick-off qui voyait se dérouler plusieurs concerts sur des petites scènes rock du centre-ville – jusqu’au samedi de Pâques. Cela a changé, dorénavant les concerts vont de jeudi à dimanche, et tout se passe dans un seul endroit, le Rockefeller Music Hall (indoors, donc, on est en avril) en plein centre d’Oslo, avec ses deux salles, une grande salle à plusieurs niveaux, avec balcons, et une petite, dans la cave, pour les groupes moins connus, qu’on appelle John Dee.
En tout, près de 40 groupes se produisent durant ces quatre jours, ce qui fait d’Inferno le plus grand festival de métal en Norvège. Le premier, très grand avantage de l’Inferno Festival à Oslo est l’absence de tentes et de camping, évidemment. Fini les toilettes Dixi, les nuits passées dans un sac de couchage trempé parce que ton voisin de tente a encore oublié de tirer la fermeture éclair et qu’il a plu toute la nuit, la puanteur de trois jours sans douche, l’inconfort, fini tout ça. Les métalleux, ce sont des princes et des princesses qui veulent secouer leurs longue chevelure le soir, mais qui veulent dormir dans un hôtel quatre étoiles la nuit, après leur rageuse consommation de bières et d’alcools forts.
En effet, le festival est lié à un charmant grand hôtel – tout confort, lit profonds, douches italiennes, petit-déjeuner buffet (rien qu’en pensant au saumon cuit, aux pots de mayonnaise et aux omelettes qu’on t’y prépare, j’ai déjà envie d’y retourner), piscine au sous-sol – où tous les festivaliers et tous les groupes qui s’y produisent dorment. Dans le bar de l’hôtel ont lieu les after-parties et le matin, les cheveux de travers et la tête défaite, on s’assoit à côté du chanteur d’Emperor pour le café.
Le plus grand festival de métal en Norvège
Autre grand avantage: tous les jours, le festival ne commence qu’en fin d’après-midi. Ce qui te laisse le temps, une fois la gueule de bois un peu rafistolée au buffet du petit-déj, de te promener dans Oslo, de faire le tour du port, avec jolis bistrots, surtout s’il y a un peu de soleil, ou une virée en bateau, autour des fjords de la capitale, ou bien de visiter un musée, comme la galerie nationale, le musée Munch et le musée Ibsen, qui valent toujours le détour, le musée des drakkars vikings, le parc Vigeland, les marchés couverts, ou au pire des cas le jardin botanique avec ses serres tout à fait ennuyeuses. Les organisateurs du festival proposent également quelques tours accompagnés, ainsi que des workshops et conférences avec les musiciens au programme.
Mais parlons du festival même, enfin. Le Rockefeller Music Hall est une belle salle, très haute, avec un son pointu, pouvant accueillir à peu près 1.300 personnes. En bas, le John Dee, dont la capacité ne dépasse guère les 300, est un peu plus rude. On voit que les organisateurs se soucient avant tout de la musique, vu l’absence de multiples stands de malbouffe. Il y a une terrasse sur le toit de l’immeuble, où a lieu un barbecue, et c’est tout. Dans deux petites salles adjacent à la salle de concert, des artistes, illustrateurs, tatoueurs et vendeurs proposent leurs petites affaires. Pour le reste, c’est la musique qui compte.
Mais les groupes au programme sont loin d’être des groupes de métal mainstream.
Black metal et jazz sauvage
On n’y trouvera pas Rammstein ou Within Temptation, mais plutôt des sons plus extrêmes, de l’abasourdissant death metal d’un groupe comme Bloodbath, jusqu’aux cris stridents du black metal à la Emperor. Mais c’est également un festival où l’on découvre des groupes plus avant-gardistes, comme Ihsahn, un groupe qui s’est construit autour du frontman d’Emperor, Vegard Sverre Tveitan, qui mêle black metal et jazz sauvage à l’aide d’un saxophoniste, Vulture Industries, qui jouent un métal progressif un peu intello, ou bien Hamferð, un groupe de doom metal féringien, originaire de Tórshavn, qui ajoute à ses growls langoureux et ténébreux du chant lyrique ou d’opéra, ou bien encore les formidables Solstafir, les cowboys islandais qui jouent un genre de métal aux éléments de rock atmosphérique et dont les chansons durent toutes plus ou moins un quart d’heure, de sorte qu’ils ne jouent jamais que quatre ou cinq chansons par concert.
Cette année-ci, le dernier headliner fut Opeth, un groupe de métal progressif suédois, originaire de Stockholm, fondé en 1990 par le chanteur et guitariste très charismatique Mikael Åkerfeldt, qui, avec des titres comme „Ghosts of perdition“ (en live: une véritable merveille), joue un métal complexe et varié. Certes, l’Inferno est un festival pour connaisseurs et insiders du genre. On n’y va pas juste parce qu’on a envie de se défouler un peu la nuque et de dépenser presque 9 euros sur ses pintes de bière. Mais les découvertes de groupes de métal qui réinventent le genre de façon intelligente, ça fait partie de mes plaisirs (pas si) secrets.
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