En concert / Unions musicales: The Tame And The Wild et System Exclusive
Le synonyme de „duo“ peut être „couple“. Que deux musiciens soient ensemble, dans la vie, importe peu au fond: ce qui compte, c’est ce qu’ils „dégagent“ – fougue, charme, aura, sex-appeal. The Tame And The Wild et System Exclusive sont deux duos-couples. Le premier joue aujourd’hui au Trifolion; le second, lundi au Rocas. Zoom.
La pop est parsemée de duos „couples“. Ils sont deux, ils sont beaux; ils se complètent, dans le champ musical, ils s’accordent. Alors il s’agit de jouer, pour reprendre Elli & Jacno, „main dans la main“. Les couples mythiques, il y en a un paquet donc, de Yoko Ono et John Lennon à Serge Gainsbourg et Jane Birkin, en passant par Thurston Moore et Kim Gordon, ou Beyoncé et Jay-Z. L’indie possède, aussi, ses couples étincelants: en vrac, Blonde Redhead, le charmant binôme Jo Wedin et Jean Felzine ou Replicant, comme du post-Sarah Records dont les roucoulades sont assurées par deux Français en italien. Il y aussi, chez les transalpins, Canarie. Paola Mirabella et Andrea Pulcini ne se donnent pas la réplique dans un champ-contrechamp musical, type Alain Delon et Dalida sur „Parole, Parole“: leurs voix se font échos, lorsqu’elles ne fondent pas l’une dans l’autre. Les deux amoureux ne forment alors plus qu’un, façon Annemari Davies et Bobby Wratten (The Field Mice) sur le refrain de „Missing The Moon“.
Dans ce contexte, le public voit deux complices, avec des étoiles dans les yeux. Le philtre d’amour glisse jusqu’aux oreilles. Il y a ce cliché de l’œuvre-enfant, qui fait sens avec la musique, là où l’écriture est un acte trop solitaire, et le cinéma, un art trop collectif. À deux sur l’estrade, plus guitare, basse, chant, piano ou synthé; il y a une certaine harmonie qui découle des notes, mais aussi, à les voir en action, une exhibition, celle de la flamme qui irradie sur les lignes mélodiques. C’est comme s’il s’agissait de crier l’amour sur les toits, en l’occurrence sur une scène, avec, en miroir, des applaudissements, des cris de joie, des doigts qui forment des cœurs. Il est souvent question de concert en tant que „communion“, pour citer le titre d’un live de Scratch Massive (autre couple scénique); dans ce cadre-là, c’est comme un mariage.
The Tame And The Wild: de l’indie-folk pour s’entrelacer
The Tame And The Wild est un duo-couple, composé de Seja et Flëpp. Leur musique est pure, elle est dans l’épure. Les deux évoluent dans l’indie-folk, il n’y a pas besoin de plus qu’un brin de voix, des mélodies fluettes, mais profondes, le souffle du vent, les épaules de la nostalgie sur lesquelles appuyer sa tête. Et la fugacité dont il faut saisir la grâce, presque en vain, comme une photo qui ne pourrait pas, quoi qu’il en soit, coincer un soleil en train de se noyer dans la mer.
Même si les morceaux se révèlent sophistiqués (en live, le minimalisme flirte avec le spectacle), les bouts de ficelle suffisent à ce que leur union tienne le coup. Seja et Flëpp n’ont pas à se parler pour se comprendre, mais à jouer et à chanter pour s’entendre. Leurs chansons ressemblent à des caresses plus que réconfortantes, autant qu’à des mots d’espoirs, fragiles, qui soufflent un soupir chaud et un sifflement froid. Et ce, pendant que le cœur s’ouvre en grand, pour mieux se fissurer, afin que la vie y entre. En guise de boussole musicale, Seja & Flëpp citent quatre points cardinaux: The Cure, Daughter, Feist, et Angus & Julia Stone. Ces derniers – attention – ne forment pas un duo-couple, puisqu’ils sont frère et sœur.
The Tame And The Wild, en concert ce samedi, 21 septembre à 20h au Trifolion (2, Porte Saint Willibrord
L-6486 Echternach)
Le synth-punk passionné de System Exclusive
Autre duo constitué d’une femme et d’un homme: System Exlusive. Question bouts de ficelle, nous sommes dans un registre autre, le synth-punk. C’est dans la boîte à secrets de la fin des seventies et du début des eighties, que l’on croirait avoir déniché Ari Blaisdell et Matt Jones, dont le nom System Exclusive sonne à la fois très geek et fort monogame.
Matt est un passionné de synthés depuis le plus jeune âge, partant d’un Roland Juno 106 pour arriver au MIDI, jusqu’à programmer des claviers; il connaît la musique sur le bout des doigts. Ari Blaisdell est, quant à elle, une fan de Billie Holiday, de Brenda Lee ou de Wanda Jackson; elle s’est repassée en boucle les chansons de 4 Non Blondes et No Doubt. System Exclusiv renvoie à un autre (ex) duo-couple, Ethan et Alice de Crystal Castles, l’un aux machines, l’autre au micro. Moins braillards que les Canadiens, plus proches de Sweeping Promises, System Exclusive fait de la pop espiègle lo-fi, tout en l’illustrant avec des images certes „vintage“, mais non dépourvues d’une solide identité. Il faut voir le clip de „2 Little 2 Late“ avec la lame d’un couteau léchée ou bien celui d’„Inline Online“ avec ses tonalités pétillantes pop, entre l’éclatant (la robe disco d’Ari), le fluo et le noir et blanc, blanc comme la poudre de clown sur le visage des deux amants – là, on pense à un autre couple encore, Dresden Dolls. Matt et Ari font rêver.
Avec ses nappes qui grêlent, sa batterie qui parle, moins dans l’interférence que dans la superposition, à la boîte à rythme, et avec le charme volcanique d’Ari Blaisdell, System Exclusiv joue une dream pop qui tournoie entre les déluges bruitistes, comme si l’apaisement et la volupté se voyaient sans cesse phagocytés par le vacarme du monde. Aussi, le duo possède le glamour déviant de Blondie, le magnétisme trouble et animal de Siouxsie And The Banshees, la panoplie new wave dingo de Devo, mais aussi une petite dose de punk-funk à la Gang Of Four. Décidément, le rayon indie est inondé des rayons de soleil de la Californie: ce n’est même plus une scène, c’est presque un label (de qualité). Bref, chanter, danser, s’aimer: System Exclusiv fait battre, bien fort, autant les mains que le cœur.
System Exclusive, en concert lundi, le 23 septembre à partir de 20h au Rocas (33, rue des Capucins, L-1313 Luxembourg-ville)
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