France / Européennes: Une campagne à surprises …
La campagne pour les élections européennes s’est achevée hier soir en France avec une interview télévisée du chef de l’Etat.
Essentiellement consacrée, en principe, aux spectaculaires et émouvantes célébrations du 80e anniversaire du Débarquement allié de 1944 en Normandie, lesquelles ont parfois des allusions transparentes à l’agression russe contre l’Ukraine, cette intervention présidentielle pouvait difficilement ignorer les sujets de politique intérieure. De sorte que l’opposition y voit une nouvelle immixtion préélectorale du chef de l’Etat.
Ce dernier, il est vrai, ne manque jamais une occasion de dénoncer la montée de l’extrême droite, en Europe en général et en France en particulier, dans le cadre de cette campagne. Une campagne qui aura en effet été dominée, et cela depuis des mois, par la prééminence écrasante du Rassemblement national qui aborde le scrutin d’après-demain avec des sondages lui accordant 32 à 33% des intentions de vote.
Lancée dès l’automne avec l’investiture comme tête de liste du jeune Jordan Bardella, nouveau président du mouvement lepéniste, cette campagne a été menée tambour battant. Quitte pour le RN à rester très flou sur certains points de son programme. Et à gommer certaines options pourtant majeures de naguère, comme la sortie de l’euro, voire de l’UE. L’accent est plutôt mis, désormais, sur la défense du pouvoir d’achat des Français et de leur sécurité, toujours menacée, selon l’extrême droite, par l’immigration incontrôlée – un point sur lequel, au moins, le RN ne varie pas.
Mais ce qui frappe aussi les observateurs au terme de cette campagne européenne, c’est l’extrême médiocrité du score annoncé par les sondages à la liste de la majorité présidentielle: au mieux 15% selon les dernières études d’opinion publiées. On savait bien la Macronie impopulaire, mais on n’imaginait tout de même pas à quel point, surtout sur le terrain européen où l’homme de Elysée se montre très actif, et dispose d’une image plutôt bonne. En fait, deux facteurs au moins pourraient bien se conjuguer pour expliquer cette situation.
Les handicaps du macronisme
Le premier est que la liste macroniste est conduite par une eurodéputée sortante, Valérie Hayer, qui ne manque certes pas de qualités personnelles, mais qui était à l’origine inconnue de l’immense majorité des électeurs. Désignée très tardivement, et complètement novice en matière de meetings et de débats télévisés, elle n’a pas eu le temps ni les moyens d’imprimer son image dans l’opinion. D’autant moins, même, que sa campagne a très largement été gérée sans elle, et avec une insigne maladresse: Gabriel Attal débarquant inopinément en pleine émission publique de Radio-France pour voler à son secours, par exemple, aura achevé de lui donner l’image d’une candidate sous tutelle de l’exécutif.
Or – second handicap – les deux partis populistes, La France Insoumise à l’extrême gauche et le Rassemblement national à l’extrême droite, se sont employés à faire du scrutin de dimanche une sorte de référendum pour ou contre Macron, stratégie qui leur permet de rassembler des électeurs aux opinions en fait très différentes. Cela dit, à gauche, LFI, dont la liste est conduite par Manon Aubry, ne semble avoir bénéficié ni de cette stratégie „attrape-tout“, ni de son engagement quasi-obsessionnel contre Israël et en faveur du Hamas dans le drame actuel de Gaza.
Les sondages ne lui accordent qu’environ 6 à 7% des intentions de vote, ce qui fait que Jean-Luc Mélenchon, dans un registre trumpien, commence à expliquer que le scrutin pourrait bien être truqué! Alors qu’au contraire, la gauche socialiste, ralliée à Raphaël Glucksmann, qui a plutôt fait un sans-faute depuis qu’il a lancé sa candidature, peut espérer un résultat qui constituerait pour elle une sorte de résurrection. Cela avec un score qui, selon les sondeurs, pourrait atteindre les 13 à 14%, voire – c’est en tout cas ce qu’on espère dans ses rangs – dépasser celui du clan macroniste, alors que ni LFI, donc, ni le PC – qui stagne à quelque 2,5% des intentions de vote – ni les Verts, encalminés autour de 5 à 6%, n’ont voulu se joindre au PS dans cette aventure.
Les Verts et les Républicains très bas
Le très bas niveau des écologistes conduits par Marine Tondelier, que ses „amis“ pressent déjà d’organiser un congrès extraordinaire au lendemain des élections pour en tirer les conséquences, est d’ailleurs une des autres surprises de la campagne qui vient de s’achever. Manifestement, la vague d’adhésion aux Verts enregistrée lors de précédents scrutins, y compris municipaux, s’est évaporée. Et que dire du score promis aux Républicains, dont l’eurodéputé sortant François-Xavier Bellamy, professeur de philosophie, dirige à nouveau la liste? Ils se retrouvent aux alentours de 7,5%, ce qui augure mal des lendemains électoraux des héritiers de ce qui fut jadis, sous différentes appellations successives, le grand parti fondateur de la Ve République.
Il est vrai que d’une manière générale, à droite comme à gauche, ces élections européennes semblent attendues pour des raisons qui sont beaucoup plus liées à la politique intérieure française qu’à l’Europe, même si l’avenir stratégique du continent s’est tout de même invité parfois dans les débats. Dans le climat actuel de macronisme finissant, même si le titulaire de l’Elysée dispose encore de trois ans avant de passer la main, beaucoup s’apprêtent à tirer des résultats de dimanche, même si c’est avant tout l’abstention qui triomphe, de nouveaux plans de campagne et certainement aussi la matière de quelques règlements de comptes internes.
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