France / Le débat budgétaire s’annonce tendu
Semaine parlementaire chargée pour Michel Barnier et son gouvernement. Demain mardi, ils affronteront leur première motion de censure à l’Assemblée nationale, qui a peu de chances d’être adoptée, il est vrai, dans la mesure où le Rassemblement national ne la votera pas … encore; et jeudi, ils devront présenter aux députés, qui en entameront l’examen, un projet de budget dont la préparation n’aura pas été de tout repos.
D’ordinaire, quand une majorité change et qu’une nouvelle équipe ministérielle s’installe aux commandes, celle-ci accable la gestion du gouvernement sortant et commence par faire voter une „loi de finances rectificative“ pour corriger en partie les erreurs réelles ou supposées de ses prédécesseurs. Cette fois-ci pourtant, il n’en sera rien: „Techniquement délicat, et politiquement trop risqué“, a tranché le premier ministre.
Pourquoi? Parce que tout en constatant le très mauvais état des comptes publics français – une dette de 3.230 milliards d’euros, générant des intérêts de plus de 42 milliards d’euros en 2024, et un déficit budgétaire qui pourrait atteindre à la fin de cette année les 6% du produit intérieur brut, soit une grave et double entorse aux règles qui avaient été fixées à Maastricht – Michel Barnier sait bien qu’il ne peut se permettre d’accabler trop explicitement les gouvernements qui, sous la présidence d’Emmanuel Macron en particulier, ont précédé le sien. Car sa „majorité“ relative, composite et fragile, repose principalement sur les élus qui naguère encore soutenaient ces gouvernements, et leur inamovible ministre des Finances Bruno Le Maire.
Ce n’est vraiment pas le moment, pour lui qui vient du petit groupe des Républicains – lequel, de son côté, aurait d’ailleurs tendance à le trouver trop conciliant avec les centristes et autres modérés – d’entrer en conflit ouvert avec les macronistes, dont il a un besoin vital selon l’arithmétique parlementaire. Le premier ministre n’a cependant pas pu se retenir de lancer une pique à son prédécesseur à Matignon Gabriel Attal, l’autre jour à l’Assemblée, lorsque celui-ci l’a mis en garde contre toute augmentation des impôts: „Soyez sûr que je serai toujours très attentif à vos suggestions budgétaires …“, lui a-t-il d’abord répondu, avant d’enchaîner perfidement: „… pour tenter de surmonter la situation que nous avons trouvée en arrivant.“ Rires sur la plupart des bancs … et rictus de l’ancien premier ministre.
Le retour du 49-3?
Cela dit, M. Attal est loin d’être le seul à s’opposer à des hausses d’impôts pour tenter de réduire le trou budgétaire (le gouvernement cherche au total quelque 60 milliards). Anciens ou actuels élus de LR ne sont pas les derniers à demander, sur ce terrain comme sur bien d’autres, la plus grande vigilance. C’est en particulier le cas de l’ex-ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui va répétant qu’il ne saurait voter un budget qui accroîtrait encore la pression fiscale en France – la plus forte du monde industrialisé, il est vrai.
Mais tous comptes faits et refaits, Michel Barnier en est arrivé à la conclusion que les deux tiers au moins des fonds supplémentaires dont il a besoin pour commencer à redresser la barre ne peuvent guère venir que de la fiscalité. Dont la hausse, certes, ne devrait concerner que les plus hauts salaires, supérieurs à 500.000 euros par ans, et les entreprises faisant plus d’un milliard de chiffre d’affaires annuel dans l’Hexagone (lesquels seraient au total entre 100 et 300 selon les critères). Deux mesures acceptables par la gauche, mais qui peuvent aussi avoir certaines conséquences négatives, dont la très classique fuite des capitaux.
Le reste des nouveaux crédits espérés, soit quelque 20 milliards d’euros, devrait provenir de possibles économies sur le train de vie de l’Etat, formulation diplomatique concernant en fait la réduction du nombre des fonctionnaires. Emmanuel Macron avait promis 150.000 suppressions de postes lors de sa première campagne présidentielle: il y en a eu, au contraire, à peu près le même nombre de créés. Il est vrai que dans ce domaine comme dans tant d’autres, le diable se cache dans les détails: dans quels secteurs effectuer de telles coupes? Evidemment pas l’Education, pas la Santé, pas la Justice, pas la Défense, pas la Sécurité publique …
Le débat budgétaire s’annonce donc long et tendu, même s’il doit se terminer, pour en finir avant la fin de la session, par un nouveau recours au fameux article 49-3.
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