L’accord UE/Mercosur / Le gouvernement français face à une nouvelle vague de colère agricole
Les syndicats agricoles français, après avoir déjà réalisé hier plus de 80 opérations de blocages routiers et de manifestations devant les préfectures, appellent à la mobilisation générale dès ce lundi matin. La cause immédiate, mais non unique, de cette nouvelle explosion du mécontentement paysan: la perspective d’un accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur sud-américain.
Ce que les représentants des agriculteurs reprochent à cet accord, c’est essentiellement de favoriser l’entrée dans l’UE, et donc en France, de certains produits alimentaires ne correspondant aucunement aux normes sanitaires auxquelles eux-mêmes sont soumis, à commencer par la viande brésilienne. L’élevage, de bovins et des poulets principalement, repose largement au Brésil, selon eux, sur un usage abondant des hormones de croissance, et, quant à l’alimentation des bêtes, sur le recours à des herbages gorgés de pesticides, pratiques bannies par Bruxelles.
En outre, les exploitations agricoles sud-américaines ne sont pas soumises, fait en particulier valoir Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), aux normes sociales qui ont cours en Europe. De là à parler de „concurrence déloyale“, il n’y a qu’un pas pour les syndicats d’agriculteurs, qui le franchissent allègrement. „N’importons pas l’agriculture dont nous ne voulons pas! On marche décidément toujours sur la tête!“, s’indigne par exemple leur fédération régionale d’Île-de-France.
L’affaire embarrasse fort le gouvernement de Michel Barnier, et cela pour plusieurs raisons. La première étant qu’il doit déjà faire face, dans les semaines qui viennent, à un autre mouvement social, susceptible de perturber bien davantage encore la vie quotidienne des Français: des grèves annoncées à la SNCF, dont une qui pourrait commencer à la mi-décembre et durer jusqu’à la période des fêtes comprise, voire au-delà. En cause, au moins officiellement: une réforme de la gestion du fret ferroviaire par la compagnie nationale, imposée par la Commission européenne, et dont le pouvoir exécutif français n’est donc pas maître.
Mais pour le pouvoir politique, le problème d’un accord européen avec le Mercosur, dont la perspective irrite si fort le monde agricole français, est aussi que pour différentes raisons, Paris n’a aucune envie, en ce moment, de jouer les francs-tireurs au sein de l’UE. Les dirigeants, président Macron et premier ministre Barnier en tête, sont donc contraints à la fois de partager le refus paysan d’un tel accord de libre-échange, en tout cas de l’afficher, sans jouer la rupture avec leurs partenaires européens.
Macron en Argentine et au Brésil
Lesquels ne manquent pas d’arguments: une circulation plus libre, sur le plan douanier, de produits alimentaires d’Amérique du Sud, permettrait aussi, dans l’autre sens, de vendre à ce continent, que lorgnent les Chinois, plus de voitures (ce qui, certes, intéresse avant tout les Allemands) mais aussi d’Airbus et d’autres matériels qui profiteraient au commerce extérieur français, tout comme les produits de l’industrie du luxe. En outre, font valoir les défenseurs de ce futur partenariat, ce bœuf brésilien dont vous, agriculteurs de l’Hexagone, semblez tant redouter l’arrivée, ne représenterait que 90.000 tonnes annuelles, soit tout juste l’équivalent d’un steak par Européen et par an.
La troisième raison pour laquelle le gouvernement est embarrassé par cette nouvelle crise est, elle, purement interne: l’affaire du Mercosur se double d’un rappel, par la FNSEA, des promesses que le gouvernement Attal avait faites au début de l’année pour tenter de calmer, avec succès d’ailleurs dans un premier temps, une première explosion de colère paysanne due à la baisse sensible des revenus agricoles.
Sans doute quelques-unes des promesses alors faites au monde rural ont-elles commencé à être tenues; mais globalement, le sentiment domine, dans les exploitations, que le compte n’y est vraiment pas. Ce qui est, sans doute, un effet pervers de plus de la dissolution de l’Assemblée décidée en juin dernier par Emmanuel Macron, mais les syndicats paysans ne voient pas pourquoi ils devraient payer pour les erreurs stratégiques du chef de l’Etat. Lequel s’est envolé pour Buenos Aires avec l’espoir – vague – de faire évoluer les points de vue, avant de gagner Rio pour assister au sommet du G20, avec celui, pas beaucoup plus solide, d’y faire mieux entendre les arguments de la France.
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