/ „Monsieur Nobody“ - Giuseppe Conte passé de l’ombre à la lumière
Giuseppe Conte – un avocat inconnu propulsé l’an dernier à la tête d’un gouvernement populiste italien par ses deux hommes forts – a annoncé hier avec force sa démission tout en s’en prenant au chef de La Ligue Matteo Salvini.
Juste avant ce discours, Luigi Di Maio, son autre vice-premier ministre et chef du Mouvement cinq étoiles (anti-système), lui avait lancé un hommage marqué dans une lettre ouverte: „tu es une perle rare, un serviteur de la Nation que l’Italie ne peut pas perdre“. Le dirigeant de 55 ans avait habitué les Italiens à un langage terne et ampoulé, mais il s’est montré plus incisif depuis le début de la crise. Il avait surpris en attaquant Salvini la semaine dernière dans une lettre ouverte sur sa „focalisation obsessionnelle“ sur le thème de l’immigration.
Avant le coup de théâtre au Sénat, des manifestants ont déployé une banderole „Conte, l’Italie t’aime“ en hommage à un premier ministre passé en douze jours du statut de „Monsieur Nobody à Mister Conte“, selon la formule de l’ancien journaliste politique Aldo Garzia. Proche du Mouvement 5 étoiles, après avoir voté toute sa vie à gauche, il avait été présenté avant les élections législatives comme leur possible ministre de la Fonction publique. C’est finalement à la tête du gouvernement qu’il avait été propulsé, quasiment du jour au lendemain.
Parti un matin pour donner ses cours à l’université de Florence, il avait prêté serment le lendemain et représentait l’Italie à la table du G7 au Canada une semaine plus tard. Un tout nouvel univers pour cet homme né en 1964 à Volturara Appula, un village de 500 habitants dans les Pouilles (sud de l’Italie), qui a grandi auprès d’un père secrétaire communal et d’une mère maîtresse d’école à San Giovanni Rotondo, la ville de Padre Pio, le saint le plus révéré d’Italie. A sa nomination, il s’était présenté comme „l’avocat du peuple“, mais il a rarement eu l’occasion de plaider.
Avec la campagne pour les européennes de mai, et le renversement du rapport de force qui en a découlé entre la Ligue et le M5S, le fossé s’est creusé entre les deux alliés. Giuseppe Conte a bien tenté parfois de s’imposer, prenant à son compte les discussions avec Bruxelles, exigeant la démission d’un sous-secrétaire d’Etat de la Ligue soupçonné de corruption, ou mettant fin tout récemment à la polémique sur le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin que les M5S refusent. L’homme à la mise toujours impeccable a toujours affirmé que ce poste serait son unique incursion dans la vie politique.
Reste que son nom se murmure pour le poste de commissaire européen italien, qui constituerait une prestigieuse porte de sortie pour cet avocat. Lui qui a fait de brillantes études de droit à la Villa Nazareth, une université catholique pour étudiants défavorisés à Rome, a enseigné le droit privé. Il a aussi été membre du conseil d’administration de l’Agence spatiale italienne, consultant juridique de la Chambre de commerce de Rome. Séparé de son épouse, il a un fils de 11 ans avec lequel il partage une passion pour le football.
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