On a l’impression que les deux partis de gouvernement se sont lancés dans une sorte de compétition „à qui mieux mieux“, oui, semblent rivaliser pour avoir la palme d’or de la plus belle casserole, voire de la phrase la plus bête.

La pâleur du nouveau gouvernement et le bilan plus que modeste de ses premiers 100 jours devraient inciter certains à la jouer mollo, d’être un peu plus modestes. Or, on assiste exactement au contraire.

Au début fut „petit Léon“ et sa muse

Après l’épisode plus que pénible de „petit Léon“ et la criminalisation des mendiants et sa (fausse) lecture du Code pénal, dossier en stand by pour l’instant, voilà que le CSV se met à vouloir imiter le DP, sur d’autres fronts, on dirait. Est-ce pour amuser la galerie, feinter le citoyen lambda ou détourner son regard, est-ce également la preuve d’une certaine arrogance mal maîtrisée, d’une absence grave de projets ou de réalisations politiques, d’ennui, ou carrément pour montrer l’absence d’implication et d’assiduité au travail, toujours est-il que plusieurs péripéties récentes ont mis à nu le vrai visage de certains, et au cas où telle sera la règle prochainement, il faudra y voir un changement majeur dans la philosophie générale de ce parti, qui, poussé par le DP probablement, et applaudi par l’ADR, se positionne de plus en plus à droite de l’échiquier politique. Les soi-disant valeurs fondamentales démocratiques sont préservées encore pour meubler la future campagne électorale européenne, mais cela n’ira pas plus loin. Sont-ils conscients d’ailleurs, au CSV, qu’ils sont au gouvernement seulement à cause d’un pis-aller, mais sûrement pas grâce à un engouement des électeurs. Alors, s’il vous plaît un peu de modestie!

„Order without law“ est un de leurs nouveaux mantras, ou créneaux si vous préférez, qui caractérise leurs agissements depuis peu. L’attaque frontale de „petit Léon“ et Co face aux plus hauts dignitaires de la Justice, soutenus par le Premier ministre et la bourgmestre de la Ville de Luxembourg, est un indicateur majeur qui montre que les temps du sage, ou de l’ermite, de Capellen, et sa capacité à aborder notre société capitaliste avec une bonne dose d’humanisme, notamment, appartiennent définitivement au passé. Le simple fait de bousculer, en tant que parti(s) de gouvernement, les fondamentaux de notre Etat de droit, la séparation des pouvoirs et le respect des décisions de justice, laisse rêveur. Pas besoin, de citer, une fois de plus, sur l’affaire dite du Bommeleeër, les agissements, d’il y a plus de dix ans, du Premier ministre actuel, consistant à faire pression sur le Procureur général de l’Etat („et war net keen …“), afin qu’il ne poursuive plus ses enquêtes. Pour protéger ses amis. On se croirait en Corse. Même si les électeurs, hélas, ont manifestement tout oublié, cela restera gravé dans le marbre de l’histoire récente.

Qu’est-ce qui s’est passé dans ce parti qui a si longtemps gouverné le pays, cahin-caha, certes.

Ne parlons même pas du dérapage d’une ancienne députée du même parti, qui a parlé sur une chaîne télévisée des mendiants comme d’autres parlent du bétail. Même registre. Une honte. Le prédécesseur du prédécesseur de l’actuel Premier ministre aurait certainement déjà tiré la sonnette d’alarme.

Deux autres épisodes récents vont dans un sens identique.

Intervention peu sportive du ministre des Sports

Il y a d’abord, récemment, l’attaque en règle du ministre des Sports contre la presse sportive. Du jamais vu depuis Mathusalem. Il se prend pour qui, celui-là? Ce n’est certainement pas sa qualité d’ancien „Turnproff“ ou d’ancien petit joueur d’un petit club de petit quartier de handball, qui lui confèrent une quelconque autorité ou science infuse pour s’immiscer, c’est-à-dire intervenir dans les affaires d’autrui d’une manière inopportune, s’ingérer, dans le travail de la presse, dont apparemment et manifestement, il ne connaît rien. Ne ferait-il pas mieux de s’occuper de ses dossiers et nous raconter des choses sur ses activités gouvernementales à lui, ou sur son bilan, ses projets, mais concrets s’il vous plaît. Pour l’instant rien en vue. Est-ce que, éventuellement, quelqu’un pourrait lui dire qu’il est là pour faire, non pour commenter? Et qu’il n’est plus prof, donc plus habilité à distribuer des notes, à gauche et à droite. Et en plus, après, pour rattraper le coup, il ment comme un gamin, voire un arracheur de dents. Pour s’en sortir, croit-il …

Quel style minable! Fichtre!

Il ne faut pas sous-estimer cette attaque en règle contre la presse, après l’attaque contre la Justice, dont il fut question plus haut. Souvent, c’est le graal des partis politiques en (dé)route vers des extrémités, autoritaires, de ne pas hésiter à s’attaquer aux fondamentaux de notre démocratie. Pour l’instant, ces signes sont peut-être des signes avant-coureurs. Il faudra donc agir rapidement contre la prolifération de ce type de comportement.

Pour finir en beauté: ce Monsieur, en sa qualité de ministre du Travail, voulait réaliser un grand coup: celui d’indexer le salaire social minimum. Pas de chance: c’est fait depuis des décennies …

Mais ne tirons pas trop sur une ambulance …

Autres dérapages pénibles à Hesperange

Quelle mouche a donc piqué le bourgmestre de Hesperange?

Pardon, d’abord les faits. Un habitant de cette localité a porté plainte contre X, car on lui a volé, et puis décapité, cinq poules de son enclos. Il s’en est expliqué sur Facebook. Ces faits sont minables et doivent être condamnés, voire punis.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter sur la perspicacité du bourgmestre, exemple pris chez quelques aficionados du réseau social cité. Il a utilisé cette affaire pour jouer au shérif, au matador, comme son compère et idole, „petit Léon“ de Grevenmacher. C’était prévisible, cela va encore faire beaucoup d’autres adeptes, d’émules, car ce ne sont que des signes avant-coureurs de faits qui vont proliférer prochainement dans notre pays „royal et clérical“, comme ne cesse de le répéter mon ami A, habitant également Hesperange.

En fait, le bourgmestre a trouvé rapidement le coupable. Il a accusé l’ancien ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration d’être responsable de ce vol, car ce dernier aurait ouvert trop largement les frontières du pays, ce qui aurait permis à la „racaille“ internationale d’envahir notre pays et de voler à tout-va. Ahurissant!

C’est surtout tout simplement bête, méchant, con et couillon à la fois.

Qu’est-ce que cela veut dire: que ce monsieur fait semblant de connaître, alors qu’il n’en sait strictement rien, l’auteur du vol qui est 1) ou bien un étranger, ou, 2) un réfugié. Tant qu’à faire, il aurait pu accuser un mendiant, pourquoi pas? Précédant les enquêteurs policiers, ce bonhomme a donc déjà terminé son enquête personnelle qui lui permet de désigner le coupable.

Comment qualifier cette manière de faire, cet amalgame qui ne se base sur aucun élément objectif. D’après le dictionnaire, cela veut dire „qu’il s’agit d’une confusion, certes volontaire, résultant d’associations d’idées chez des personnes maîtrisant incomplètement leur sujet“.

Intellectuellement, au cas où ce terme ne serait pas une inconnue pour lui, cela est tellement bête et méchant. Mais politiquement très tendance …

Cela ne vous rappelle pas quelqu’un, qui, récemment, a accusé un chanteur luxembourgeois d’être le père spirituel des auteurs des graffitis sur le mur de sa maison au bord de la Moselle. Eh bien oui, „petit Léon“ fait des émules. Ici le dictionnaire nous apprend qu’il s’agit „d’une personne qui cherche à égaler, à surpasser une autre personne“.

Pourquoi ne pas confier les affaires et enquêtes au sujet des nombreux vols commis un peu partout, directement à ce monsieur. Il a des dons surnaturels pour trouver, rapidement, sans trop réfléchir, les coupables.

Dommage qu’il n’ait pas eu la même perspicacité quand des voleurs, qui étaient ses voisins de palier à la commune, ont subtilisé pendant presque une décennie des millions d’euros dans la caisse publique, sans que ce monsieur s’en aperçoive. Alors que, ancien rond-de-cuir d’une banque de la place, il se fait passer pour un génie de la finance. Le fait qu’il s’agissait de voleurs au col blanc ne devrait pas changer quoi que ce soit, non? Le fait qu’ils sont détenteurs d’un passeport luxembourgeois, non plus, j’espère? Et ce n’est certainement pas le ministre de l’Immigration qui est en faute? Ils sont bien, si j’ai compris, de „vrais“(?) Luxembourgeois, non? Cela a pu arriver parce que le bourgmestre a fait preuve d’un laxisme impardonnable. Donc il est, pour le moins, politiquement, responsable de ces faits. D’après mes informations, dans le cas mentionné ci-dessus, les malfaiteurs n’étaient pas des réfugiés admis et recueillis dans notre pays suite à une législation précise ou grâce à une forme de favoritisme (sic) d’un ministre, mais il s’agissait bien de fonctionnaires communaux qui ont agi d’une façon criminelle, alors que le bourgmestre s’est contenté de l’observer, en tant que spectateur, passivement, de loin. Ou de près? D’après mes informations, ces malfaiteurs n’étaient pas des petits voleurs de poules, mais des malfrats de grande envergure.

Alors, s’il vous plaît un peu d’humilité! (Dictionnaire: „sentiment de sa propre insuffisance qui pousse à réprimer tout mouvement d’orgueil“.

Entretemps, le CSV s’est cru obligé de s’excuser à la place de ce „Monsieur“, de plus en plus encombrant. Pénible …

Morale de l’histoire …

La morale de l’histoire est qu’il n’y en a pas, loin de là. Mais on peut se demander où s’arrêtera cette dérive du CSV, qui, jadis, avait comme boussole la doctrine sociale de l’Eglise catholique, se faisait encadrer par un quotidien proche qui, souvent, cultivait certaines valeurs, et un syndicat chrétien, le garant que le parti ne prenne pas la seule perspective de l’establishment de la Chambre de commerce et de la Place financière, comme le CEO à la tête du nouveau gouvernement, aujourd’hui.

Le problème, c’est que le partenaire de coalition, les libéraux, sont également en train de jeter par-dessus bord certains fondamentaux, le peu qui leur restait, humanistes …

Si j’ai bien compris: le nouveau gouvernement fait de la chasse aux mendiants sa priorité, améliore le pouvoir d’achat des nantis, propose, dans le cadre du logement, des mesures exclusivement favorables aux grands propriétaires, juge et commente les articles de presse qui ne lui conviennent pas, se lance dans une chasse aux mendiants, aux étrangers, aux réfugiés, aux immigrés, en les stigmatisant, en les clouant au pilori, c’est-à-dire en les désignant à la réprobation publique, comme à Hesperange, notamment. Il est également à craindre que cette façon de faire fasse école.

Oui, il va faire plus froid, humainement, dans notre joli soi-disant pays de cocagne, prochainement. Il est à craindre que nous ne soyons qu’au début d’une évolution qu’on connaît d’ores et déjà dans d’autres pays européens.

Qui l’aurait cru, il y a peu? Honte à nous! Arrêtons ce train devenu fou!

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