Forum / Islam et islamophobie
L’islamophobie, si les mots ont un sens, désigne la peur de l’islam, c’est-à-dire de cette religion qui, d’après des chiffres officiels, est la religion de près d’un quart de la population mondiale. Ce qui caractérise l’islam, c’est qu’il s’agit d’une religion totale, donc d’une religion qui, à côté de sa dimension strictement spirituelle, comporte aussi une dimension politico-sociale, le droit religieux étant en même temps conçu comme droit civil, pénal, etc.
Cela étant dit, de quoi a peur celui auquel on adresse le reproche d’être islamophobe, un reproche que des militants de gauche lancent à la tête de quiconque ose émettre la moindre critique envers l’islam ou les musulmans?
Ce ne saurait être la peur d’un ou de plusieurs textes religieux – le Coran, les haddiths du Prophète, les fatwas des juristes, etc., ces textes étant, en soi, des choses inertes qui, en elles-mêmes, ne font de mal à personne. Si peur il doit y avoir, alors elle porte d’abord sur l’application stricte de certains de ces textes par des musulmans qui les prennent au pied de la lettre. Il est parfaitement légitime d’avoir peur de vivre dans une société où on peut être condamné à mort pour adultère ou pour athéisme.
Mais doit-on aussi avoir peur de l’imminence de l’avènement d’une telle société dans nos pays ? S’il est vrai que le nombre de musulmans présents sur le sol de pays européens va en augmentant, rien ne permet pour l’instant de dire que nos systèmes juridiques sont en train d’être „islamisés“, ni que la majorité des musulmans qui vivent sous nos cieux désirent que la charia devienne notre droit commun.
Mais n’y a-t-il pas le risque qu’avec le temps, une telle „islamisation“ du droit devienne inévitable? Lorsque se sera fait ce „grand remplacement“ dont certains nous parlent et qu’ils pensent être inévitable, si nous ne fermons pas au plus vite nos frontières et n’expulsons pas au plus vite des centaines de milliers, voire des millions de musulmans dans des pays extra-européens.
Quel „grand remplacement“ devons-nous craindre? Celui d’un groupe ethnique par un autre ou celui d’un système de culture par un autre? En ce qui me concerne, je préfère vivre en société avec des Afghans de souche qui ont une conception purement spirituelle de l’islam et acceptent l’idée du libre examen de tout texte qu’avec des Luxembourgeois de pure souche qui se seraient convertis et auraient une conception totale de l’islam et défendraient donc un islam politique. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le sang qui coule dans les veines, mais les idées qui circulent dans l’esprit et leur expression dans les actes. Et ce que je crains, c’est le grand remplacement d’une culture de la libre expression par une culture de la suppression de toute thèse jugée offensante.
L’enjeu majeur pour nos sociétés n’est pas un enjeu d’ethnicité. Peu m’importe de savoir que dans 100 ans la plupart des personnes vivant au Luxembourg seront d’origine balkanique, magrébine, makrechienne, etc. Ce que je veux savoir, c’est si ces gens partageront les valeurs de tolérance des idées et de respect inconditionnel des personnes, ainsi que de curiosité intellectuelle, qui font l’ADN de la civilisation occidentale – mais qu’on peut bien entendu aussi trouver dans d’autres cultures, quitte à ce qu’elles n’aient pas réussi à s’imposer comme chez nous – où elles ne sont d’ailleurs même pas encore réalisées à 100%.
Un enjeu de culturalité
L’enjeu majeur pour nos sociétés est, si je puis utiliser un néologisme, un enjeu de culturalité. Et un élément-clé dans ce contexte est la réduction de l’islam à sa dimension spirituelle. Il faut par exemple que la notion de jihad cesse d’être conçue comme opposant le dar-al-harb au dar-al-islam, le monde des non-musulmans au monde des musulmans, pour être ramenée à un combat qui se déroule à l’intérieur de chaque individu entre les forces du Bien et les forces du Mal. Dans la mesure où les textes les plus sacrés de l’islam contiennent explicitement des injonctions de nature juridique et pénale, une telle réduction s’avèrera plus compliquée qu’elle ne l’a été pour le christianisme, le Nouveau Testament ne contenant pratiquement aucune norme politique ou juridique – hormis peut-être l’un ou l’autre passage de Saint-Paul. C’est contre la pratique de l’Eglise à une certaine époque et non contre les textes néotestamentaires que se sont dressés les adversaires d’une „politique tirée de la Sainte Ecriture“, pour prendre le titre d’un livre de Bossuet.
Par bonheur, le monde musulman n’a pas besoin de commencer à zéro. La théologie mutazilite qui a été dominante au cours du 9e siècle de l’ère chrétienne avant d’être remplacée, au début du 10e siècle, par l’asharisme, une théologie volontariste qui se ferme à l’effort de recherche rationnel et qui connaîtra sa victoire définitive avec la fermeture des voies de l’ijtihad – en bref: de l’interprétation adaptative des normes juridiques – au 13e siècle.
Que conclure donc de l’islamophobie? Que le reproche d’islamophobie est brandi à tort contre ceux qui critiquent les aspects de l’islam qui sont incompatibles avec notre vision d’une société juste, de même qu’il est brandi à tort contre ceux qui condamnent des musulmans pour des comportements contraires non seulement, de manière générale, à nos valeurs, mais aussi aux normes de notre code pénal. L’interdiction de l’établissement de certificats de virginité n’est pas islamophobe, de même que ne l’est pas la mise en question du port de la bourkha.
Mieux vaudrait laisser tomber ce terme d’islamophobie, car il risque de constituer un grand danger pour la liberté d’expression. Par ailleurs, s’il profite à quelqu’un, c’est à ceux qui veulent détruire nos valeurs „sataniques“ et auxquels une certaine gauche – qui ferait mieux de relire ses classiques – prête son soutien, suivant l’adage „Les ennemis de mes ennemis sont mes amis“. Mais on ne gagne rien à vouloir gagner des amis en devenant l’ennemi des valeurs pour lesquelles on est censé se battre.
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J’ai une phobie contre toute religion qui impose ses lois,aussi stupides soient-elles,aux gens sous réserve d´être puni,enfermé,torturé,etc. si on ose la moindre critique. Les dégâts causés par les chrétiens,musulmans,hindous,juifs…sont innombrables.
Quel est donc se dieu qui tolère une telle cruauté.