Concert / La folie des grandeurs: les tubes next-door de Mother Mother
Groupe pop emblématique de la scène canadienne autant que phénomène incontournable de la plateforme TikTok, Mother Mother jouera ses hits en live ce vendredi à l’Atelier. C’est l’occasion de faire un zoom sur le flamboyant quintette emmené par Ryan Guldemond, sa voix androgyne, son excentricité, son sens du spectacle.
En quelques années, TikTok est devenu une importante base de diffusion musicale. C’est comme pour les parfums: il suffit d’un échantillon pour que le client aille vers le flacon. En langage musical: il suffit d’un court extrait de chanson pour que l’auditeur se dirige vers le streaming. Terrain de découvertes, réhabilitations d’artistes tombés aux oubliettes, effets de mode qui s’évaporent dès le lendemain, la plateforme se fait le canal de la bande-son du quotidien des utilisateurs. Universal vient tout juste de ne pas renouveler son contrat avec TikTok, pour cause, selon la plus grande entreprise mondiale de musique, d’insuffisantes rémunérations versées à ses façonneurs de hits. Plus de Taylor Swift ni de The Weeknd sur TikTok. Une première dans l’histoire de l’application. Celle de Mother Mother, d’histoire, est une preuve de la redoutable efficacité de ce tremplin – par extension, un symbole parmi d’autres d’une nouvelle façon de „consommer de la musique“.
Le groupe canadien doit en effet son succès non pas à un clip qui aurait tapé dans l’œil ou à un tube matraqué par les radios, mais à ladite plateforme qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. Fut un temps, sur certaines pochettes d’albums, il y avait le sticker „vu à la télé“ comme un gage de popularité certaine (quant à la qualité, c’était moins sûr); on pourrait désormais le troquer contre „entendu sur TikTok“. Adopté par les communautés non binaires et LGBT de la génération Z, „Burning Pile“ ou „Arms Tonite“ de Mother Mother sont apparus dans les vidéos d’inconnus (en tout cas pas des visages „vus à la télé“) dissertant entre autres à propos de la confusion des genres. Aussi courtes soient-elles, ces vidéos pourraient être vues presque comme des clips alternatifs et faits maison – des échantillons.
Mi-femme, mi-homme
Mais avant TikTok, d’où vient cette formation? Quintette de Vancouver formé en 2005, Mother Mother, dont le nom sonne comme un extrait de chanson réverbérée, s’appelle d’abord juste Mother. Le nom a dû être changé pour des raisons légales, d’autres groupes en ayant la parenté – sans compter The Mothers Of Invention, le combo expérimental de Frank Zappa, et autres japonais psychédéliques comme Acid Mothers Temple. Si, avant de parcourir le monde, Mother Mother a performé aussi bien au Festival International de Jazz de Montréal qu’au Pop Montréal, c’est bien à l’image du chanteur Ryan Guldemond, qui a étudié la guitare dans une école de jazz, tout en rêvassant de flamboyance pop. Les influences naviguent entre Pixies, Talking Heads, Violent Femmes et, un soupçon de compatriotisme, Arcade Fire.
Pour rester sur l’image, s’il s’agissait de comparer la musique de Mother Mother à une tenue, on pourrait dire, fringante, qu’elle en „met plein la vue“ – pour des enregistrements studio, le climat est très show. Il s’agit d’une pop bien frappée mais flippée, bourrée mais bourrée d’angoisse, exaltée quoiqu’au fond désespérée. Ou du rock baroque – ba-rock. Aussi, on pourrait qualifier Mother Mother de groupe androgyne. Ryan Guldemond, du style à la voix (les lignes binaires sont brisées) est mi-homme mi-femme, sinon ni homme ni femme: alien. En ouverture de „Verbatim“, titre qui remet en question les normes de la masculinité, le chanteur affirme porter des sous-vêtements féminins. Les textes, plus généralement, s’intéressent à celles et ceux qui s’interrogent quant à leur place dans la société, ces marginaux qui parfois font entendre leur voix sur TikTok.
Si les huis clos existent sous la forme de pièces de théâtre ou de films, voire même de livres (de „La Vie Mode d’Emploi“ de Georges Pérec à „Univers, Univers“ de Régis Jauffret), il pourrait y avoir des disques de ce genre, pourquoi pas: Mother Mother l’a en tout cas réalisé avec le bien-nommé „Inside“ (2021). Il s’agit d’un concept-album sur l’isolement intérieur et ses conséquences émotionnelles – un cas de figure mondial avec la pandémie de coronavirus. Alors que le groupe s’inspire de ses voyages, il se tourne là vers la solitude entre quatre murs. Comment se retrouver seul face à soi-même? Ou, au contraire, comment se sortir de ces murs, quand s’agite le besoin vital d’extérioriser? Qualifié de „disque pandémique“, certaines de ses chansons ont encore été très partagées sur TikTok, alors que le confinement était terminé et les concerts de retour, plus vitaux que jamais. Celui de demain à l’Atelier promet un climat très show.
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